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Ça, c'est Johanne Defay, pépite réunionnaise du surf français et pourtant toujours à la recherche d'un sponsor: le 2 août, sur le mythique spot californien de Huntington Beach, elle remportait l'une des dix étapes du circuit professionnel mondial (CT), un titre inédit depuis 23 ans pour une Française.
En 1992, Anne-Gaëlle Hoarau l'avait emporté, mais c'était une autre époque, celle où le short-board féminin ultra-compétitif n'en était qu'à ses balbutiements.
C'est donc quasiment une "première" qu'a réalisée la jeune prodige, âgée de 21 ans, mettant ce jour-là au garde-à-vous l'élite mondiale.
Originaire de la petite commune réunionnaise de Saint-Leu, installée à Capbreton (Landes) pour la durée des compétitions estivales, Johanne Defay était déjà devenue la première bleue à intégrer le Top 10 (8e), fin 2014.
Hissée à la sixième place après son succès au Vans US Open, elle souhaite désormais confirmer l?exploit au Roxy Pro, 8e des neuf étapes du Women's World Tour, du 6 au 17 octobre dans les tubes des côtes landaises à Capbreton, Hossegor et Seignosse: "Si je peux atteindre une autre finale, ça pourrait être vraiment bien. J'espère finir dans le Top 5 à la fin de l'année", confie-t-elle à l'AFP.
- Championne du monde un jour? -
Où l'emmènera sa fulgurante progression? Le graal de championne du monde est dans le viseur, avec retenue: "On va y aller par étapes, tranquillement. Peut-être dans quelques années". "C?est un gros travail, mais je suis prête à jouer le jeu pour essayer d'y arriver", ajoute-t-elle, battante.
C'est que le conte Defay n'est pas aussi merveilleux qu'il paraît. La nouvelle pépite du surf français, autre originalité, est en effet la première surfeuse du gotha mondial à avoir empoché une épreuve sans sponsor principal. Malgré ses titres de championne d'Europe juniors 2009-2011-2013, elle a en effet perdu l'appui financier de sa marque en 2012. "J'ai eu une année assez difficile, les résultats ne suivaient pas. Je me suis un peu éparpillée. Fin 2012, je n'avais plus de sponsors".
Un moment charnière: "Je me suis dit, j'ai 19 ans, soit j'arrête, soit je continue et je change quelque chose", livre-t-elle. Elle commence à "professionnaliser" sa préparation en 2013, puis la pousse en 2014 avec l'aide de son compagnon Simon Paillard, qui devient son préparateur physique et mental.
- 65 à 70.000 euros la saison -
Elle s'affûte, tout en se déconnectant du surf. A La Réunion, où elle vit la majeure partie de l'année, la quasi-impossibilité de surfer en raison des attaques de requins l'y contraint de toute façon: "Je fais de la relaxation, de l'imagerie et des sorties en montagne. Je me concentre sur tout l'à-côté. C'est hyper important de voir autre chose que la compétition", souligne-t-elle. Le mental suit: "C'est un travail de long terme, qui commence à payer. On a mis en place une routine, je suis plus organisée et autonome".
Mieux concentrée sur ce qu?elle doit faire, sans ingurgiter du surf à longueur de journée, Johanne Defay affine sa technique. Habituée aux vagues réunionnaises puissantes, elle sait maintenant exploiter les sessions sans grand relief, comme en témoigne sa victoire californienne.
Reste l'épineuse question financière. L'industrie du surf ne veut plus d'elle? Qu'importe... Elle se débrouillera pour collecter les quelque "65.000 à 70.000 euros" nécessaires afin de payer sa saison. Début 2015, elle a ainsi opté pour le "financement participatif sur internet". Objectif: recueillir l'argent nécessaire à sa campagne australienne.
"Enormément de monde a adhéré -- 440 personnes, pour environ 20.000 euros -- ça m'a beaucoup aidée. Et ça m'a apporté d'autres partenaires, pas un partenaire principal, mais au moins j'ai bouclé ma saison cette année donc c'est chouette", se félicite la pétillante réunionnaise de 1,65 m pour 60 kg.
L?expérience ne sera toutefois pas renouvelée: "On ne peut pas demander aux gens chaque année". La surfeuse aimerait trouver une solution pérenne, même si, pour l'heure, aucun gros sponsor ne l'a appelée.