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A 22 ans, le centre Jonathan Danty a explosé cette saison et symbolise la génération issue du centre de formation du Stade Français qui lui a permis de redevenir champion de France, samedi face à Clermont (12-6), huit ans après son dernier titre.
Sur le podium du Stade de France, le manager parisien Gonzalo Quesada doit peut-être se dire qu'il avait décidément bien fait, à l'été 2013, de décrocher son téléphone pour convaincre Danty de rester.
Quesada "a peut-être changé ma carrière", osait même en début de saison dans un entretien avec l'AFP le centre qui, à l'arrivée du technicien argentin, sortait d'une saison 2012-2013 blanche, la faute à deux grosses blessures à l'épaule gauche, après avoir été lancé à l'automne 2011 chez les professionnels.
"Je ne savais pas trop si on comptait sur moi, il ne me restait qu'un an de contrat et je me suis posé la question de savoir s'il ne valait pas mieux aller en Pro D2", poursuivait Danty.
Le Stade Français compte désormais évidemment résolument sur lui, avec ce premier contrat pro signé il y a quelques semaines comme une évidence. En témoigne son activité samedi dans une finale fermée où il a constamment avancé, par exemple en offrant à son équipe une pénalité, finalement ratée, après avoir percé (44).
Et la Pro D2 semble bien loin de Saint-Denis où il vient d'être sacré avec sa bande de potes du cru (Camara, Slimani, Flanquart, Bonfils, plus Plisson blessé, Bonneval ayant été indisponible toute la saison), dont il est le benjamin et qui est l'une des clés de la renaissance parisienne.
- Aux portes du XV de France -
Sa progression a donc été fulgurante et l'a même amené aux portes du XV de France, qu'il a rejoint fin septembre le temps d'un entraînement pour faire le nombre: l'encadrement l'a jugé encore un peu jeune pour être sélectionné pour la Coupe du monde.
"Je le dois un peu à la saison que fait l'équipe et à la confiance que les entraîneurs m'ont donnée", expliquait-il assez modestement à la veille de la finale.
Danty, gamin du XVIIIe arrondissement de Paris, s'était montré plus bavard en début de saison pour expliquer son évolution.
D'abord en se pliant aux exigences du rugby professionnel, lui qui n'avait "pas forcément conscience de tous les efforts à faire, en termes de sommeil, d'alimentation et d'entraînement".
Surnommé "Fatou" depuis ses années au PUC après un retour de vacances en Guadeloupe où il avait un peu abusé de la cuisine familiale, il perd alors du poids et renforce son épaule blessée et le haut du corps pour pouvoir enfin enchaîner les matches.
- Métamorphose technique -
La métamorphose est également technique, pour faire évoluer un jeu reposant quasiment uniquement sur ses capacités physiques hors normes.
"J'avais un peu tendance à aller tout droit et créer un ruck. Il fallait absolument que je mette plus de variété dans mon jeu, que je crée des intervalles", reconnaissait-il.
"Je me souviens encore de ses premiers entraînements l'année dernière... Techniquement il avait quelques limites, mais il a beaucoup progressé", racontait Quesada, toujours en début de saison.
Danty, N.8 jusqu'en cadets, a ainsi "beaucoup travaillé le jeu avant contact, les courses de leurre, le jeu avec et sans ballon".
Cela a donc payé, grâce aussi aux avis de ses aînés au sein du groupe. Dont Julien Arias, décrivant il y a dix jours un Danty qui "a la tête sur les épaules" et engrange les conseils "même si parfois on dirait qu'il fait semblant de ne pas écouter".
Un Danty, aussi, que l'ailier doit "freiner de temps en temps car on n'est pas tout le temps dans le même délire", même s'il "fait le timide comme ça". Nul doute qu'il devrait encore davantage s'être lâché cette nuit.