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Si des sportifs, généralement retraités, égaient bien des listes aux élections municipales, leur rôle se limite souvent à celui de "faire valoir", tant le sport, pourtant phénomène de société majeur, n'est ni un enjeu de campagne, ni un objet de débat.
Certains postulants ne s?embarrassent pas de faux semblants. L'ex-footballeur David Ginola a ainsi été recruté par un candidat sans étiquette de Sainte-Maxime "afin d'apporter sa notoriété au rayonnement" de la commune, avoue sans détours la tête de liste, Thierry Gobino, sur son site internet. L'ex-international n'est pas près de siéger au conseil municipal de la cité varoise...
"On est des faire-valoir, oui, mais comme toute personne qui a réussi dans son domaine, note Marie-Claire Restoux, une pionnière en la matière, engagée depuis 2001 dans plusieurs villes des Hauts-de-Seine. Ce n'est pas propre aux sportifs".
Successivement élue sur des listes de droite à Levallois et Clichy, désormais à Ville d'Avray, la championne olympique de judo des -52 kg (1996) a, après s'être attachée à un nom, en l'occurrence Patrick Balkany, gagné sa légitimité et effectué sa formation politique dans la durée.
C'est d'ailleurs souvent une rencontre qui est à l'origine de l'engagement. "Je ne m'attache pas à un parti politique mais à un homme", indique le nageur Frédérick Bousquet, co-listier de Jean-Claude Gaudin à Marseille.
- "Potiches" -
A Bordeaux, l'ancien rugbyman Guy Accoceberry est fidèle à Alain Juppé depuis 2008 sans pour autant être carté, conscient d'avoir été au départ le "sportif à mettre sur sa liste pour avoir un peu de crédibilité".
"En 2008, j'ai su très vite que je n'étais pas sollicité pour mes compétences politiques. Mais cela ne m'a jamais dérangé", avoue pour sa part Frédéric Fauthoux, ex-basketteur, adjoint de la maire PS de Pau.
Une fois le sportif élu avec son candidat, son champ de compétence est souvent circonscrit aux tâches quotidiennes: rapports avec les associations, gestion des petits événements et équipements. Lorsque se profile le projet d'une Aréna ou la candidature à un grand événement, les politiques reprennent la main.
"Le sportif est un bon vecteur de communication tant qu'il n'est pas pris au contrôle antidopage. Mais ils sont là comme des potiches", déplore Michel Caillat. Selon ce sociologue spécialisé dans les rapports entre politique et sport, ce dernier, pourtant phénomène de société majeur, est "+omniabsent+ des campagnes électorales".
Quand il existe, le projet sportif des grands partis fait l'objet d'un étonnant consensus. A Paris, les deux principales rivales ont déclaré leur flamme aux piscines de quartiers. A Evry, aucun candidat ne remet en question la construction du grand Stade de rugby. Les divergences ne se voient qu'à la marge, chez les Verts ou le Front de gauche notamment, qui tentent de freiner la construction de grands équipements.
- Plus politicien qu'idéologique -
Même le cliché selon lequel la droite favoriserait le sport professionnel et la gauche le sport de masse ne tient plus. Dans la capitale, la prétendante de droite, Nathalie Kosciusko-Morizet, reproche à Anne Hidalgo, de l'équipe PS sortante, les quelque 200 millions investis par les contribuables dans le stade Jean Bouin, destiné aux professionnels du Stade Français.
Et lorsqu'affrontement il y a, il a des motivations plus politiciennes qu'idéologiques. A Bordeaux, les adversaires (PS/Verts) d'Alain Juppé se sont prononcés contre le Grand Stade, alors qu'à Lyon c'est l'UMP qui a bataillé contre le même projet financé par l'OL et soutenu par le maire PS Gérard Collomb.
"Le sport fait partie intégrante de la société: santé, urbanisme, intégration, diplomatie, c'est un vecteur d'autres problématiques, ce n'est plus accessoire", estime Jean-François Lamour, ex-champion olympique de sabre, ex-ministre des Sports et grand ordonnateur du programme sportif de "NKM".
"Mais le mouvement sportif a du mal à peser sur les décisions des politiques" qui, eux, n'osent pas se mettre à dos un pan politiquement mal identifié de la société, celui des amateurs/supporteurs, en sacrifiant par exemple les subventions au moment des arbitrages budgétaires.
C'est là le grand paradoxe: Le sport représente 5% environ du budget des communes, 70% de son financement est assuré par les collectivités territoriales, et ce ratio ne cesse d'augmenter avec le désengagement de l'Etat. Pour autant, les grands enjeux sportifs n'ont jamais été si peu clairement identifiés.