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Le demi de mêlée Baptiste Serin (d) s'échappe avec le ballon face aux Irlandais lors du Six nations, le 25 février 2017 à Dublin
La charnière du XV de France, composée de Baptiste Serin et Camille Lopez, devra à l'avenir être capable de s'adapter aux circonstances de match pour durer, ce qu'elle n'est pas parvenue à faire samedi lors de la nette défaite en Irlande (9-19).
Des débuts en trombe, et puis plus rien. A l'image du feu d'artifice qui a secoué l'Aviva Stadium juste avant le match, les demis français ont explosé en début de rencontre, avant de s'éteindre assez vite.
Passées la percée de Serin (10e) et, dans la même séquence, la lumineuse passe au pied de Lopez pour Yoann Huget, sur l'essai de Rémi Lamerat finalement refusé, les deux joueurs ont reculé et n'ont refait surface qu'épisodiquement.
Tandis que leurs vis-à-vis Jonathan Sexton, qui revenait pourtant de blessure, et Conor Murray, ont dominé leur sujet, révélant de façon éclatante les progrès à accomplir dans la gestion par Serin et Lopez.
- L'alternance, nouvelle marotte -
Après la rencontre, les arrières français n'avaient qu'un mot à la bouche pour expliquer ce qui leur avait fait défaut: l'alternance.
"On aurait pu s'adapter un peu plus en faisant une alternance avants-trois quarts un peu plus efficace", a par exemple commenté Lopez, insistant sur le jeu au pied.
"On n'a pas été assez pragmatiques", a regretté Huget. "Cela ne servait à rien de continuer à aller sur les extérieurs. On aurait dû changer notre fusil d'épaule à un moment donné. Il aurait fallu leur renverser la pression par le jeu au pied", a poursuivi le Toulousain.
Si les joueurs ont évoqué ce manque de variation, c'est que l'encadrement, dès la mi-temps, en avait fait son credo. En vain.
"Sur les changements de rythme, les vitesses d'intervention des uns et des autres, j'ai senti que les gars là étaient mieux que nous", a constaté l'entraîneur des avants Yannick Bru, à la recherche "d'outils différents" comme le jeu au pied pour faire "souffler l'équipe".
- 'Palette complète' en face -
A Dublin, le XV de France a énormément défendu, une dépense d'énergie qui a forcément pesé sur la prise d'initiative offensive.
"La charnière est tributaire de ce qu'il se passe sur le terrain", analyse pour l'AFP l'ex-demi de mêlée international Guy Accoceberry, consultant pour France Info. "Elle est bien au début parce qu'elle anime, qu'elle a des ballons, et après elle se retrouve à défendre. Ils ont baissé de rythme offensivement, comme toute l'équipe."
© AFP/Paul FAITH
Le demi d'ouverture Camille Lopez frappe une pénalité face aux Irlandais lors du Six nations, le 25 février 2017 à Dublin
Serin et Lopez, qui vivaient leur troisième titularisation commune, un record sous Guy Novès, sont tout de même responsables de n'avoir "pas fait le bon choix au bon moment: sortir plus rapidement de son camp, jouer un peu plus en l'air. C'est vrai qu'il n'y a pas eu une chandelle côté français."
Un contraste saisissant avec le camp adverse.
Sexton et les siens "s'adaptent à ce que propose l'équipe d'en face", oppose Accoceberry avant d'énumérer: "Ils sont capables de faire des ballons portés, du jeu à une passe en sollicitant les avants sur du jeu très simple autour des regroupements, et derrière ils t'envoient la cavalerie avec des redoublées, du jeu au large..."
"Après, ils passent à deux-trois chandelles de suite. Il y a aussi du jeu au pied de Murray, de Sexton, du jeu d'occupation... donc c'est une palette complète, et cette palette on ne l'a pas encore."
Le motif d'espoir, c'est que Lopez (27 ans, 14 sélections) et surtout Serin (22 ans, 8 sél.) accusent un déficit d'expérience spectaculaire face à Sexton (31 ans, 67 sél.) et Murray (27 ans, 58 sél.). Individuel et en commun.
"Je suis sûr que ça pourra être un Murray dans quelques années", positive Accoceberry à propos du jeune Bordelais. "Sexton-Murray, c'est du Serin-Lopez avec cinq ans de plus." Pas certain qu'ils aient autant de temps que ça.