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© AFP/Alberto PIZZOLI
Le sélectionneur irlandais de l'Italie, lors d'un entraînement le 10 février 2017 à Rome
La victoire de novembre face à l'Afrique du Sud avait fait naître l'espoir d'une nouvelle ère pour l'Italie du rugby, mais deux défaites cuisantes en ouverture du Tournoi ont rappelé que le chantier auquel s'attelle l'entraîneur Conor O'Shea était immense.
"Il faut relever cette putain de tête". L'Italie vient de sombrer face à l'Irlande (63-10) une semaine après avoir déjà pris plus de 30 points contre le pays de Galles (33-7) et le capitaine Sergio Parisse s'adresse à des journalistes italiens presqu'aussi abattus que ses équipiers.
"Dans la même salle, après avoir pris 60 points contre la Nouvelle-Zélande, je vous ai dit qu'on était sur la bonne route. Je sais que vous n'y avez pas tous cru mais la semaine suivante on a battu l'Afrique du Sud", ajoute le N.8 des Azzurri.
Cette victoire face aux Springboks était-elle un trompe-l'oeil ? Est-elle arrivée trop tôt ? Acquise face à une équipe au fond du trou, a-t-elle pu leurrer sur la valeur du XV d'Italie repris en mars 2016 par le très estimé Conor O'Shea, qui a conduit les Harlequins au titre de champions d'Angleterre en 2012 ?
- "Donnez-nous du temps" -
L'Irlandais répète en tous cas comme un mantra sa "confiance" en son groupe et en son "immense potentiel", mais reconnaît que le parcours sera long.
"Donnez-nous du temps. Nous avons tellement de talent à disposition et de gens formidables dans ce groupe. J'y crois plus que jamais", a-t-il encore dit mercredi, à quatre jours d'un déplacement à Twickenham forcément un peu terrifiant.
"Si nous n'insistons pas dans cette voie, nous n'aurons pas de résultats et nous ne changerons pas le rugby italien. Pour l'instant, nous devons mettre notre ego de côté et travailler", a-t-il ajouté.
Pour apporter ce changement, nécessaire après plusieurs années pénibles à la fin de l'ère Jacques Brunel, O'Shea et la fédération italienne ont bâti un staff très solide sur le papier. Pour l'équipe A, l'Irlandais est ainsi épaulé par deux champions du monde, l'Anglais Mike Catt pour l'attaque et le Sud-Africain Brendan Venter pour la défense.
Et la partie moins visible du chantier a été confiée à un autre Irlandais, Stephen Aboud, qui a pour mission de restructurer tout le rugby italien comme il l'a fait en Irlande.
Mais les obstacles sont les mêmes que ceux auxquels s'est heurté Brunel. Le réservoir de joueurs de haut niveau est limité et O'Shea a très vite diagnostiqué un problème athlétique, qui voit les Italiens peiner à tenir le rythme au-delà de 50 ou 60 minutes.
- "Problème mental" -
Surtout, les deux franchises (Zebre et Trévise), censées accueillir les meilleurs éléments italiens, ne font à peu près que perdre, en Pro12 comme en Coupes d'Europe.
"Le principal problème est mental. Quand ton passé récent n'est fait que de défaites, ça n'est pas facile de changer", a reconnu l'Irlandais cette semaine.
Il faudra donc du temps. Heureusement, O'Shea et l'Italie devraient en avoir. Car malgré les appels de certains observateurs à créer un système de promotion/relégation ou un barrage qui mettrait l'Italie en concurrence avec la Géorgie, le directeur général du Comité des six nations John Feehan a affirmé mercredi qu'il n'y avait "pas de place disponible".
Mais le défi proposé à l'Irlandais reste considérable et a été bien résumé par Nick Mallett, l'un de ses prédécesseurs. "La situation du rugby italien est simple. C'est une équipe qui joue dans un tournoi où les autres sont beaucoup plus forts", a déclaré mardi le Sud-Africain à la BBC.
"Entraîner l'Italie est quelque chose de très difficile. J'ai toujours pensé que c'était le plus grand défi pour un coach. Si tu en sors avec une réputation intacte, c'est que tu as fait un travail fantastique. J'espère que Conor y arrivera."