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La Serbie et l'Albanie se rejettent la responsabilité pour l'arrêt définitif du match de qualification pour l'Euro-2016 de football un incident qui a dégénéré en une crise politique sans précédent, et espèrent chacun obtenir gain auprès de l'UEFA dont l'instance disciplinaire examine le dossier jeudi.
La Serbie est visée pour plusieurs chefs d'accusations liés à l'organisation du match, notamment pour le fait que des supporteurs serbes ont envahi la pelouse pour s'en prendre à des footballeurs albanais.
L'Albanie, de son côté, doit répondre du refus de continuer à jouer le match, en dépit, comme l'affirme la Fédération serbe de football (FSS), d'une recommandation en ce sens venue de l'UEFA et du déploiement d'un drapeau illicite.
Pour la FSS, l'incident intervenu dans la soirée du 14 octobre à l'origine des bousculades s'est produit lorsque le stade a été survolé par un drone auquel était accroché un drapeau d'une carte de la "Grande Albanie", projet nationaliste visant à regrouper dans un même État les communautés albanaises des Balkans.
"Déployer la carte de la Grande Albanie à Belgrade équivaut à exhiber le portait de Hitler devant des juifs", avait commenté à chaud Zeljko Petrovic, un des adjoints du sélectionneur néerlandais de la Serbie Dick Advocaat, justifiant ainsi la fureur du public serbe.
Pour Belgrade, il s'agit d'une "provocation politique préméditée" dans le but d'interrompre ce match, disputé en l'absence de supporteurs albanais.
En conséquence, la FSS réclame que la victoire lui soit accordée avec le score de 3 à 0.
La Fédération albanaise de football (FAF) a, de son côté, demandé une enquête "complète et indépendante sur les incidents qui se sont produits avant, pendant et après le match", interrompu à la 41e minute, sur le score de 0 à 0.
La FAF affirme que le bus de l'équipe a été la cible de jets de pierres alors qu'il était en route vers le stade. Un morceau de béton, des briquets et autres objets ont été lancés en direction de la délégation et des joueurs sur la pelouse.
Lorsque l'incident a dégénéré, des joueurs albanais ont été frappés à coups de poing mais aussi avec des chaînes, affirme la FAF. Des supporteurs scandaient "Mort aux Albanais", "tuez les Albanais", insiste-t-elle.
"L?équipe d?Albanie n?a pas refusé de poursuivre le match, c'est la violence extrême (...) des supporteurs serbes qui a rendu impossible de jouer la rencontre", a déclaré à l'AFP l'avocat de la FAF, Artan Hajdari.
Aucun représentant des deux fédérations n'est attendu jeudi au siège de l'UEFA et aucune décision ne sera annoncée avant vendredi, a-t-on appris auprès de l'instance dirigeante du football européen.
- Le mystère du drone reste entier -
Une semaine après cet incident, l'apparition du drone au dessus du stade restait sans explication officielle.
Le Premier ministre serbe Aleksandar Vucic s'est borné à déclarer que l'enquête avançait "très bien" et que "des faits irréfutables sur la manière dont a été exécuté cet acte" seraient très vite présentés à l'opinion publique.
Le soir du match, Belgrade avait accusé Olsi Rama, le frère du Premier ministre albanais Edi Rama, d'être responsable de l'incident qui a été suivi d'une flambée de tensions nationalistes.
En Serbie, des hooligans se sont attaqués à plusieurs commerces tenus par des Albanais, notamment à Novi Sad (nord).
A Tirana, un appel à manifester a été lancé sur les réseaux sociaux pour demander à l'UEFA de "ne pas tolérer le racisme, l'albanophobie et la xénophobie" de la partie serbe.
Une visite historique de M. Rama à Belgrade, la première d'un chef de gouvernement albanais en Serbie depuis 68 ans, initialement prévue mercredi, a finalement été reportée au 10 novembre.
"Nous ne devons pas et nous n'allons pas rater l'occasion pour se rencontrer et pour travailler sur le maintien de la stabilité régionale", a indiquait dimanche le gouvernement serbe.
Serbes et Albanais entretiennent dans la région des relations toujours hostiles en raison de différends historiques et récents comme sur le Kosovo, ex-province serbe peuplée en majorité d'Albanais, a proclamé unilatéralement son indépendance en février 2008.