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Le manager du XV de France Philippe Saint-André a admis vivre un moment "plus que difficile" après la déroute subie samedi contre les All Blacks en quarts de finale de Coupe du monde à Cardiff (62-13).
Q: Quel est votre sentiment après cette déroute?
R: "Il faut dans notre sport de la dignité quand on gagne et quand on perd. Il faut féliciter les Néo-Zélandais pour leur performance exceptionnelle. On savait que contre eux, pour les mettre en difficulté il fallait les faire douter, prendre le score, coller au score. On s'est pris un contre d'entrée, on a manqué ensuite l'opportunité de revenir à 10-9 et puis... Dès que le score est assez large, c'est compliqué contre eux. C'est les Brésiliens du rugby, ils vont vite et ont gagné 80% des duels."
Q: Vous éprouvez de la honte ce soir?
R: "En tant qu'entraîneur, bien sûr que c'est plus que difficile. Après, je voulais quand même remercier mon staff, les joueurs, qui depuis le 5 juillet ont travaillé comme des fous. J'ai pris énormément de plaisir, pas pendant 3 ans et demi, mais depuis le 5 juillet. Il faut dire qu'avec juste 3 mois de préparation tous les 4 ans, le retard commence à être compliqué à combler. Aujourd'hui, c'était le dernier match de certains joueurs qui ont énormément apporté au rugby français. Il y a une jeune génération qui a énormément appris et sera des victoires prochaines pour le XV de France."
Q: Qu'avez-vous éprouvé quand vous avez été sifflé?
R: "Pour être honnête, je préfère être applaudi que sifflé. Je suis surtout déçu pour les joueurs aujourd'hui. On ne peut pas dire qu'ils n'ont pas tout donné. Le scenario du match fait qu'on recolle en fin de première mi-temps et on prend un essai assassin. Contre ces joueurs là, à chaque fois que tu perds un ballon tu te fais punir. Nous, on les a percés plusieurs fois mais il y avait 6 Néo-Zélandais qui revenaient, quand nous on avait du mal à avoir un soutien."
Q: Quelle part assumez-vous dans cet échec?
R: J'en assume énormément, il n'y a aucun problème là-dessus. J'ai pris beaucoup de coups pendant quatre ans mais il n'y a aucun problème, à partir du moment où j'ai accepté ce poste. J'ai vécu des moments très forts avec ces joueurs, avec le staff. Je crois que les joueurs vont se relever et continuer à se battre pour l'équipe de France."
Q: Le XV de France est-il à sa place ?
R: Franchement, on espérait que ces trois mois de préparation pourraient nous faire basculer dans une autre dimension. Les joueurs ont mis de l'envie et de l'investissement énorme. Mais il ne faut pas faire de faux semblant, on est à notre place en quarts de finale de Coupe du monde. On est entre la 5e et 8e place mondiale depuis les tests de novembre 2012. Je prends énormément de responsabilité sur ce match mais c'est dans la lignée de ces trois dernières années."
Q: N'avez-vous pas trop privilégié l'aspect physique ?
R: "Bien au contraire. Pour moi, c'est un jeu, il faut jouer avec ses points forts. Aujourd'hui, on a mis du rythme, tenté des choses, mais on a perdu 80% des duels. Les Néo-Zélandais étaient beaucoup plus réactifs. On s'est aperçu qu'on avait de bons joueurs de rugby, mais les Néo-Zélandais ont une réactivité, une vitesse, une technique dans la défense d'une grande qualité. Avec la Direction technique nationale, il y a un gros travail fait depuis 5-6 ans pour retrouver la base même de nos joueurs."
Q: Comment combler ce retard?
R: "J'ai pas envie de parler de ça ce soir, j'ai perdu trop d'énergie sur les 2 premières années de mon mandat là-dessus. L'aspect technique, la vitesse, la puissance, l'explosivité, sont quelque chose de primordial dans le rugby moderne. Mais ce n'est pas avec une prépa de trois mois tous les 4 ans que l'on pourra rivaliser au niveau mondial."
Propos recueillis en conférence de presse