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Le XV de France dames, éliminé en demi-finales par le Canada (16-18) mercredi, a réussi son Mondial sur le plan populaire et médiatique, même si beaucoup reste à faire pour développer le rugby féminin, discipline encore marginale.
De ce point de vue, l'essai est transformé. "C'est sûr que pour ça (la médiatisation) c'est gagné", convient le pilier Hélène Ezanno, dans les couloirs d'un stade Jean-Bouin garni de quelque 15.000 spectateurs mercredi soir.
"On espère que malgré cette défaite vous continuerez à nous suivre, poursuit-elle, parce qu'on sait que c'est en faisant des performances que les médias sont là aussi."
"Cela a vraiment été un bond en avant pour le rugby féminin et ça fait plaisir", abonde l'ailier ou arrière Caroline Ladagnous.
Car le rugby féminin en France, qui a attiré jusqu'à 2,3 millions de téléspectateurs sur France 4 samedi dernier contre l'Australie pour le dernier match de poules, partait de loin. Il n'a ainsi été intégré à la Fédération française de rugby (FFR) qu'en 1989, et les joueuses de l'équipe de France ont ensuite dû attendre 12 ans encore pour se voir reconnaître le statut de sportif de haut niveau, via la loi Buffet.
- 3% des licenciés -
Une nouvelle étape est franchie après la Coupe du monde messieurs 2007, organisée par la France, pour laquelle la FFR signe des conventions avec l'Education nationale afin de démocratiser la pratique du rugby féminin. Cela a porté ses fruits: de 4.000 en 2004, le nombre de licenciées est passé aujourd'hui à 13.000, un chiffre qui ne représente que moins de 3% du total des licenciés, mais auquel il faut ajouter les quelque 8.000 licenciées UNSS (Union nationale du sport scolaire).
"Un cercle vertueux s'est installé: il y a plus de licenciées, donc plus de compétitions, les filles attaquent le rugby plus jeune, donc le niveau est plus élevé", explique à l'AFP Nathalie Janvier, chef de délégation du XV de France et membre du comité directeur de la FFR.
"Le réservoir est beaucoup plus important qu'il y a une dizaine d'années. Par exemple, au moins 10 autres filles auraient pu faire partie du groupe pour la Coupe du monde (26 joueuses), alors que pour le précédent Mondial, il y a quatre ans, on avait vraiment 10 filles de très haut niveau, et d'autres qui complétaient", développe Nathalie Amiel, coentraîneur du XV de France dames et ancienne joueuse.
Pour ce Mondial 2014, de plus gros moyens ont aussi été affectés au XV de France féminin, qui a pu "pour la première fois se préparer sur quatre ans avec un staff complet (préparateurs physique et mental, analyste vidéo etc.)", explique Mme Janvier.
- 'Dur de retomber dans l'anonymat' -
Dès lors, que manque-t-il pour que le XV de France décroche enfin un titre planétaire ?
"Qu'est-ce qu'ont les autres et que nous n'avons pas ? La Fédération a fait tout ce qu'il fallait pour nous mettre dans un confort. Il nous faut peut-être une ou deux joueuses exceptionnelles. Mais on est plus fort en groupe que le plus fort du groupe", s'interroge Amiel.
"On en a des joueuses d'exception. On a un pack qui bouscule tout le monde, des filles derrière qui ont des jambes de feu", estime Ezanno, quand Ladagnous pense que ce groupe, plutôt jeune, "a de beaux jours devant lui, même s'il y aura sans doute quelques arrêts".
Mais avant de retrouver l'ivresse d'un Mondial, dans trois ans, les Françaises vont retrouver le quotidien du championnat: "Cela va être dur de repartir dans nos petits clubs amateurs et de retomber dans l'anonymat, entre guillemets, dans des stades pas forcément remplis. Après, il va falloir que ça bouge pour le (Tournoi des) six nations, qu'on soit (plus) diffusées", souligne Ladagnous.
Signe que le rugby à XV féminin, menacé par la pratique à VII devenue olympique, a encore beaucoup de chemin à parcourir, le Tournoi a d'ailleurs failli disparaître en 2013 face aux offensives des Écossais et des Gallois