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"Je ne suis pas un vieux croulant, j'ai moi aussi joué à la PlayStation!": grands champions passés à la formation, Fabien Pelous et Olivier Magne se régalent de transmettre leur rugby à l'équipe de France des moins de 20 ans, qui vise la 3e place au Mondial, samedi contre l'Afrique du Sud.
"J'ai adoré!" lâche Pelous à l'AFP de son large sourire. Il va quitter "à regret" son rôle de manager des U20 pour devenir directeur sportif du Stade Toulousain. "Il fallait vraiment que ce soit Toulouse" pour que le détenteur du record des sélections en équipe de France (118) lâche ses petits.
Entraîneur des Bleuets depuis 2013, Magne (42 ans, 90 capes) a trouvé "très intéressant de travailler avec eux, de les voir évoluer, faire d'énormes progrès". Et il a "très envie de continuer" sa mission.
"On essaie de leur transmettre l'expérience qu'on a emmagasinée, des valeurs aussi", explique-t-il. Admiratif du modèle néo-zélandais, où "la Fédération à la mainmise sur la formation", l'ex-Clermontois souligne l'écart entre sa prometteuse équipe et les brillantissimes "Baby Blacks" qui l'ont dévastée (45-7) en demi-finales, lundi à Calvisano.
"Il faut nous employer dix fois plus qu'eux pour essayer de franchir leur défense", regrette Magne, prônant un retour "au jeu". "Il faut qu'on retrouve un rugby de mouvement, qui nous permet d'exister face à ces équipes-là, sinon on va dans le mur", estime l'ancien troisième ligne aile.
-'Au boulot'-
Contre la Nouvelle-Zélande, le pack bleu a tenu, mais "le rugby ne se limite pas à la conquête uniquement". "Malheureusement, sinon on serait champions du monde depuis un moment", dit Magne. "On ne peut pas faire que des mêlées et des ballons portés."
"Il faut se mettre au boulot pour rattraper le niveau", abonde Pelous, qui raconte que "deux ou trois joueurs" lui ont dit après la défaite: "+On est encore loin du compte.+"
"Tant mieux s'ils s'en aperçoivent, ce match aura servi à ça", se réjouit l'ancien deuxième ligne.
Les deux ex-Bleus, vainqueurs de cinq Tournois ensemble dont quatre Grand Chelems (1997, 1998, 2002 et 2004) ont tenté de diffuser auprès de leurs jeunes pousses leur science des grands rendez-vous.
Par exemple, lors de la cérémonie de remise des maillots avant la demi-finale perdue. Dans un hôtel de Coccaglio, dans la banlieue de Brescia, Magne avait pris la parole.
"J'ai trouvé le mot qui vous définit", avait-il commencé avant de se pencher sur son ordinateur et faire apparaître à l'écran le mot "confiance".
"Vous avez une grosse relation de confiance, alors laissez-vous aller, entreprenez, trompez-vous même, jusqu'à ce que se soit juste", avait-il ajouté avant le trajet en bus.
Puis, les visages s'étaient crispés dans les vestiaires exigus de Calvisano, appréhension normale avant un match de ce niveau.
Les Bleuets résistaient ensuite une demi-heure, le pack brillait mais les Français rompaient sous le jeu "impressionnant" des All Blacks selon Pelous.
- Penaud, Bonneval: les héritiers -
Après le match, Pelous et Magne ont un petit mot ou un petit geste pour leurs joueurs déconfits. Leur ancien demi d'ouverture en Bleu, Alain Penaud, est juste à côté. Venu en spectateur, il console son fils Damian, centre de Clermont.
Un autre "héritier" a brillé par quelques coups d'éclats... et quelques maladresses, l'ailier toulousain Arthur Bonneval, dépositaire du "french flair" et fils d?Erik, un autre international.
Entraîner le fils d'un ancien coéquipier comme Penaud "ne change rien" pour Magne. Il ne trouve d'ailleurs "pas trop difficile" de diriger la jeune génération, celle grandie dans le rugby professionnel, eux qui l'ont connu amateur.
Pas de grincements dans la passation avec la "génération Playstation" pour Pelous non plus. "Quand je dis quelque chose ils m'entendent, je ne sais pas s'ils m'écoutent!", plaisante-t-il. "Mais je crois que quand des anciens internationaux font part de leur vécu, les joueurs sont quand même plus attentifs."