Happy Birthday : |
© AFP/Thierry Zoccolan
Le président de Clermont Eric de Cromières lors de la présentation à la presse du musée dédié au club de rugby auvergnat au stade Marcel-Michelin, le 19 octobre 2016
Les contrats fédéraux, que le président de la Fédération française de rugby (FFR) Bernard Laporte veut faire signer aux internationaux français, ne sont "pas le bon chemin" notamment en raison des "complexités juridiques", estime Eric de Cromières, le président de Clermont, dans un entretien à l'AFP.
Le président de l'ASM, club qui compte actuellement le plus de joueurs en équipe de France (7 dans le dernier groupe), rappelle son "appartenance" à la Ligue nationale de rugby (LNR) et refuse d'engager des négociations directes avec la FFR sur les contrats de ses joueurs.
Q: Bernard Laporte voudrait faire signer un contrat fédéral à environ 40 internationaux. Est-ce le bon format ?
R: "Comment allez-vous gérer des gens qui seraient sous contrat fédéral et qui ne seraient pas appelés pour une histoire X, Y ou Z en équipe de France pendant 12 ou 15 mois? Comment se passerait la bascule de ce contrat fédéral vers des contrats club ? Comment allons-nous manager dans les clubs des gens qui sont sous contrat fédéral et qui ne jouent pas en équipe de France, et des gens qui sont sous contrat club et qui sont appelés en équipe de France ? Tout cela est extrêmement compliqué. On est dans une alchimie qui me paraît difficilement manageable".
Q: Le principe est pourtant simple: le joueur est employé à moitié par le club, à moitié par la fédération...
R: "Quand M. Laporte parle de six mois, et c'est cela que je n'ai pas très bien compris et je voudrais que cela soit un peu plus précis, c'est six mois de travail. C'est six mois de travail et quand Provale, le syndicat des joueurs, demande qu'il y ait par ailleurs six ou huit semaines de vacances, cela veut dire que l'on revient dans un système où il y a six mois pour l'équipe de France et quatre mois pour les clubs. Donc, ce n'est pas du tout six-six. Qu'est-ce qu'on comprend dans ces six mois ?"
Q: Le projet du président de la FFR n'est donc pas assez précis, selon vous ?
R: "Il faut beaucoup mieux reposer le problème, y compris en intégrant l'intérêt des joueurs, y compris en reposant le calendrier des matches. Parce qu'au total vous pouvez arriver à 37-40 matches mais ça veut dire quoi? Ces semaines là, ces mois là, ça ne veut rien dire. Qu'est-ce que je mets dedans ? Je mets des matches, du repos, je mets de la préparation physique, je mets quoi ? C'est ça qui est important. C'est un sujet très complexe. Il ne suffit pas de balancer des termes ou des mots du type contrat fédéral à Stade 2. C'est très insuffisant".
Q: Avez-vous peur d'éventuels litiges autour de vos internationaux avec ces contrats ?
R: "Quand vous parlez de contrat sous le droit français, vous parlez de contraintes juridiques. Vous ne pouvez pas simplement dire: +je bascule d'un statut de contrat fédéral à statut club+. Donc, on rentre dans des négociations ou dans des complexités juridiques extrêmement importantes avec tout ce que cela implique de procès virtuels ou pas. Je pense que ce n'est pas le bon chemin. On peut négocier sur des mises à disposition qui ne soient pas forcément aussi figées que cela dans des domaines contractuels ou juridiques".
Q: Avez-vous été contacté par M. Laporte ?
R: "Je n'ai pas eu M. Laporte mais moi, je ne refuse aucun contact avec qui que ce soit, bien évidemment. Ce que je dis à M. Laporte, c'est que je suis légitimiste. J'appartiens à la Ligue, à un groupe de présidents. Nous travaillons ensemble. La Ligue est l'émanation des présidents de club. Donc, je veux bien parler avec M. Laporte, lui expliquer les raisons de mes positions, mais je veux lui réaffirmer en tout état de cause que je n'aurai pas de négociations séparées sur les contrats de mes joueurs."