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© AFP/Rémy Gabalda
Le Castres Olympiques à l'entraînement le 3 juillet 2013 à Saix
Le Castres Olympique, sacré champion de France en juin, déplorait samedi la perte "d'un membre de la famille" à l'annonce de la mort du fondateur de l'empire pharmaceutique éponyme Pierre Fabre, figure tutélaire autant que discrète du club.
"On a tous l'impression de perdre un membre de notre famille", a reconnu Laurent Labit, l'ex-entraîneur de Castres, en rendant hommage à Pierre Fabre, mécène du club décédé samedi à 87 ans des suites d'une longue maladie.
Depuis près de 25 ans, le "self-made man" avait établi un lien très étroit avec le CO, qui le lui avait bien rendu en remportant le 1er juin un nouveau titre de champion de France grâce à sa victoire en finale sur Toulon.
Mais le montant de la participation du groupe Fabre dans le club demeure un secret bien gardé. Le CO disposait la saison dernière du 8e budget du Top 14 avec 15,61 millions d'euros. Un budget conséquent pour une ville de 45.000 habitants.
"Nous l'avions rencontré récemment à titre privé avec Laurent (Travers, ex-co-entraîneur) et Pierre-Yves Revol (l'ex-président du CO et de la Ligue nationale de rugby, ndlr), et nous avions apporté chez lui le Bouclier de Brennus", a confié à l'AFP Laurent Labit, la voix étreinte par l'émotion, regrettant que l'octogénaire n'ait pas pu être présent à Nantes (en demi-finale) et au Stade de France.
Pour les deux entraîneurs, qui ont hissé le CO parmi les quatre meilleures équipes du Top 14 depuis trois ans, Pierre Fabre était "quelqu'un d'important pour le pays, bien plus que pour la Région, le Tarn ou la ville de Castres", selon Travers.
Fort du succès de son groupe pharmaceutique et cosmétique, Pierre Fabre avait repris le Castres Olympique en 1989, un club qui, quatre ans après, remportait le troisième Bouclier de Brennus de son histoire.
"C'était le patron", résume Travers, très ému, ajoutant aussitôt que Pierre Fabre "était très ouvert", "quelqu'un avec lequel il était possible d'échanger".
Travail, rigueur, écoute
"Il était toujours dans le travail, toujours dans la rigueur, mais il savait être à l'écoute", s'est rappelé Laurent Labit, également champion de France, en tant que joueur, avec le club tarnais en 1993.
En dépit des réussites tant professionnelles que sportives avec le CO, pour lequel il s'est beaucoup investi, "il n'a jamais voulu profiter des succès et est toujours resté dans la modestie", a poursuivi Labit.
"La fibre régionale est pour moi plus forte que tout", avait récemment confié au quotidien régional La Dépêche du Midi M. Fabre, dont la société a implanté en 2010 un laboratoire de recherches dédié à la lutte contre le cancer sur le site de l'ancienne usine AZF à Toulouse.
Cet ancrage régional n'a pas empêché le groupe de se développer à l'international: avec des filiales dans 42 pays et une diffusion de ses produits dans plus de 130 pays, les Laboratoires Pierre Fabre emploient près de 10.000 salariés dans le monde (dont 6.700 en France).
"La taille ne fait pas toujours la réussite", tempérait Pierre Fabre, estimant qu'il fallait "être différent, plus réactif, parfois plus créatif et très persévérant", des qualités qu'il reconnaissait au Castres Olympique du duo Travers-Labit, deux entraîneurs qui ont rejoint le Métro-Racing durant l'intersaison.
Dans le stade Jean-Pierre-Antoine, des banderoles rendant hommage au mécène trônaient très régulièrement en bonne place lors des matches.
"Je suis terriblement affecté, cela d'autant qu'il y a peu, la ville de Castres partageait un bonheur intense avec ce titre (de champion de France) et qu'elle s'apprête à vivre un long moment de tristesse. Sa disparition risque de provoquer un marasme dans la région à tel point il était aimé, apprécié ou respecté", a résumé Romain Teulet, arrière du CO depuis 2001.