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© AFP/FRANCK FIFE
Des maillots du Munster accrochés aux grilles du stade du Racing à Colombes, après la mort à Paris de l'entraîneur du Munster Anthony Foley, le 16 octobre 2016
Quand les joueurs du Munster pleuraient leur entraîneur Anthony Foley après sa mort soudaine dans une chambre d'hôtel près de Paris en octobre, personne n'aurait parié que cette équipe serait six mois plus tard grande favorite en quarts de finale de la Coupe d'Europe, samedi contre Toulouse.
La mort de Foley, 42 ans, figure emblématique du rugby irlandais, devait devenir le drame de trop dans une nouvelle saison décevante pour le Munster, dont le prestige semblait s'être éteint. Drapeaux en berne et stade transformé en mausolée, l'Irlande entière rendait hommage à l'un de ses plus grands joueurs - 62 sélections entre 1995 et 2005 et capitaine du Munster lors de son premier titre européen en 2006 - décédé de causes naturelles.
Mais contre toute attente, quelques jours à peine après les funérailles, en jouant à 14 contre 15 pendant plus d'une heure, le Munster balayait Glasgow 38-14. Cette victoire allait en entraîner d'autres et propulser les Munstermen vers les quarts de finale de la Coupe d'Europe.
Pour Tony Ward, qui faisait partie de l'équipe mythique du Munster vainqueur de la Nouvelle-Zélande 12-0 en 1978, la mort du coach a eu un "effet galvanisant" sur l'équipe.
"J'étais assis à côté des joueurs du Munster dans l'église le jour de l'enterrement et je me suis demandé + Mais comment ces mecs vont-ils pouvoir jouer demain ? + Non seulement il l'ont fait, mais en plus, ça a été leur moteur", a expliqué Ward à l'AFP.
D'anciens joueurs, dont Ward, ont également noté que Thomond Park, l'antre du Munster à Limerick dans le sud-ouest de l'Irlande, faisait à nouveau peur aux joueurs adverses.
- 'Fierté' -
© AFP/MARTYN HAYHOW
Anthony Foley, le 19 mai 2006 à Cardiff
L'affluence était en baisse constante depuis plusieurs années mais le stade était plein à craquer pour la rencontre contre Glasgow. Tous les matches depuis ont été joués à guichets fermés et cela devrait à nouveau être le cas pour le quart de finale contre Toulouse samedi.
Interrogé sur Newstalk Radio, l'entraîneur chargé de la mêlée et ancien talonneur de l'Irlande Jerry Flannery a dit à quel point il avait "honte" des piètres performances du Munster avant la mort d'Anthony Foley.
"Je ne peux pas dire assez ma fierté après le match contre Glasgow, quand j'ai vu à quel point les anciens joueurs - des mecs que je n'arrivais même plus à regarder dans les yeux la saison précédente - étaient fiers des joueurs actuels", a-t-il raconté.
Mais selon Mark Meehan, porte-parole du club des supporteurs du Munster, il faut relativiser le rôle de la mort de Foley dans le retour en forme du club. "L'émotion ne peut pas tout faire", estime-t-il.
"Si on regarde les statistiques de l'année dernière, on voit qu'on n'était vraiment pas loin mais on n'arrivait jamais à terminer le travail dans les 22 mètres adverses. Ca nous a coûté des matches qu'on aurait dû gagner, déclare-t-il à l'AFP. Cela dit, je pense que les joueurs ont réalisé qu'il y avait des choses plus graves dans la vie que de perdre un match de rugby et ça les a libérés dans le jeu."
Tony Ward est persuadé que le Munster va l'emporter à domicile ce week-end. En demi-finales, ils pourraient affronter les champions d'Europe en titre Saracens ou retrouver Glasgow.
"Toulouse aura un gros désavantage psychologique ce week-end, estime Ward. Le stade va faire du bruit, il y aura une mer rouge (la couleur du Munster, ndlr) et ce lien entre l'équipe et les joueurs est plus fort que jamais depuis la mort d'Anthony Foley - cela a eu un effet galvanisant qui a tout changé."