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Le Conseil de Paris a rendu espoir aux opposants au projet d'extension du stade de Roland-Garros en décidant, mercredi, d'une nouvelle étude de faisabilité de leur contre-projet. Le point sur ce dossier complexe, qui mêle enjeux financiers, sportifs et environnementaux.
Q: Pourquoi des travaux et, surtout, lesquels?
R: Les travaux d'agrandissement du stade de Roland-Garros sont souhaités par la Fédération française de tennis (FFT) afin de maintenir l'attractivité et le statut du tournoi, l'un des quatre Grands Chelems.
Soutenue par la Ville de Paris, concessionnaire du site, la FFT a opté pour une extension vers le Jardin des serres d'Auteuil. Un nouveau court semi-enterré serait construit dans une partie du jardin abritant aujourd'hui des serres techniques, de construction récente, sans toucher à la partie classée.
Montant des travaux pour l'ensemble du projet: entre 350 et 400 millions d'euros, financés par la FFT, propriétaire du tournoi, et par une subvention de 20 millions de la Ville.
Les opposants au projet -associations de défense de l'environnement et du patrimoine- s'insurgent contre l'utilisation mercantile d'un site classé. Ils militent pour une option alternative: la couverture de l'Autoroute A13 et l'extension du stade vers cette dalle de béton, au nord. Une option dont la FFT ne veut pas entendre parler car moins bonne selon elle sur le plan opérationnel et plus coûteuse de 40 à 60 millions d'euros.
Plusieurs rapports ont souligné les carences techniques de ce contre-projet. Selon les opposants, ces rapports ont été diligentés et payés par la Ville ou la FFT, "entités partisanes". La FFT rétorque que l'enquête publique menée sous l'égide du Tribunal administratif avait débouché sur les mêmes conclusions critiques, en novembre.
Q: Pourquoi cela (re)bloque-t-il aujourd'hui?
R: Après des années de lutte judiciaire, une décision de la cour administrative d'appel, favorable au projet de la FFT, avait semblé trancher le sujet fin 2013. Mais, il y a un mois, le Conseil général de l'environnement et du développement durable (ministère de l'Ecologie) a rendu un avis, certes non contraignant, mais qui a rebattu les cartes.
Commandé par les services de Ségolène Royal, ministre de l'écologie et du développement durable, ce rapport conclut à la faisabilité du projet alternatif. Il note en outre que la FFT n'a pas levé certaines réserves émises en 2012 par la ministre de l?Écologie de l'époque, Nathalie Kosciusko-Morizet, concernant l'utilisation de certaines parties du Jardin.
Après avoir encaissé plusieurs décisions défavorables, les opposants au projet ont donc repris espoir et réclamé une nouvelle enquête, indépendante, de faisabilité de la couverture de l'A13. Les mêmes questions se posent: qui financerait cette étude? Et quel serait le surcoût du projet?
Les Verts parisiens ont obtenu mercredi du Conseil de Paris le lancement d'une énième étude dont on devrait connaître les conclusions avant l'été. Ils n'ont pas, en revanche, réussi à faire voter les avenants souhaités au contrat de concession.
Q: Quelle peut-être l'issue?
R: L'intervention de l'exécutif, par la voix de Manuel Valls qui a apporté son plein soutien à la FFT le 4 mars, pourrait être déterminante. D'ailleurs, Ségolène Royal fait depuis savoir que le dossier est géré par Matignon. Contrainte et forcée, la ministre pourrait y apposer son tampon --obligatoire à la délivrance du permis de construire par la Ville-- par le biais de l'un de ses services. La FFT pourrait alors débuter les travaux en septembre.
Mais l'obtention du permis n'immuniserait pas les maîtres d'ouvrage contre des recours. Adversaire historique du projet de la FFT, Alexandre Gady, de la Société de protection des Paysages et de l'Esthétique de la France (SPPEF), a ainsi déclaré à l'AFP que les "associations déposer(aient) des recours contre tous les permis".
Q: Quelles peuvent être les conséquences d'un trop grand retard?
R: La FFT se dit relativement sereine. Du point de vue de son directeur général, Gilbert Ysern, les travaux devraient "finir par se faire". Mais le moindre retard -- sans parler du report sine die de son projet, qui mènerait le tournoi à sa perte selon la fédération -- pourrait embarrasser la candidature parisienne aux JO-2024. Prévue pour mai 2017, l'inauguration, même partielle, du nouveau Roland-Garros serait en effet "une formidable publicité, à quelques semaines du vote du CIO pour l'élection de la ville hôte", juge M. Ysern.
L'accumulation d'embûches administratives donnerait au contraire aux électeurs du Comité olympique l'impression que, décidément, rien n'est simple en France. "Si le projet de la FFT n'obtient pas d'ici avril les autorisations nécessaires, une réelle menace pèsera sur le dossier de candidature de Paris", a ainsi dramatisé la maire de Paris Anne Hidalgo la semaine dernière, dans une lettre au président de la République.