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Sport extrêmement spectaculaire cousin du hockey sur glace, mais en patins à roulettes, le Rink Hockey peine à sortir de la confidentialité en France, qui vient pourtant d'accueillir les Championnats du monde.
Dimanche, à Mouilleron-le-Captif (Vendée), un petit séisme sportif a secoué une salle du Vendéespace bondée avec ses 3.700 spectateurs: au terme d'un match de très haut niveau, l'Argentine a surclassé l'Espagne (6-1) en finale du Mondial de Rink Hockey, alors que la Roja restait sur 5 titres consécutifs.
Un événement passé pourtant largement inaperçu. "Quand les Bleues ont été championnes du monde en 2012, Stade 2 ne l'a même pas mentionné", se désole Fabien Savreux, sélectionneur des équipes de France masculine et féminine.
Battus en quart-de-finale par les futurs champions, les Français ont terminé 6e, un résultat très honnête, pour eux qui sont loin du trio Espagne-Argentine-Portugal, où le Rink soulève les passions.
"En Argentine, lors de la finale des Mondiaux-2011, qui se déroulaient à San Juan, il y avait 12.000 spectateurs", souligne M. Savreux.
- Professionnels au sud -
Dans les pays du sud de l'Europe, les équipes de Rink Hockey -- sport créé en Angleterre, qui se joue à quatre joueurs de champ et un gardien de but, sur un terrain de handball, avec des cages plus basses que celles du hockey sur glace -- sont professionnelles, filiales de clubs omnisports comme le Barça, Benfica ou Porto.
"A La Corogne, la salle de Rink est sous les tribunes du Riazor, le stade du Deportivo (foot). A Barcelone, ils jouent dans le Palau Blaugrana (comme le hand et le basket). On y est allé en match de préparation avec l'équipe de France, on a vu Karabatic, Sorhaindo... On existe à ce niveau là, là-bas", raconte le sélectionneur français.
Le quotidien des clubs français, quasiment tous situés dans des petites villes et évoluant dans des gymnases de quartier, est bien moins rose.
"Les structures sportives en France sont obsolètes et il y en a très peu", regrette Lucas Gaucher, président du club La Vendéenne de La Roche-sur-Yon et du comité d'organisation du Mondial-2015.
Un frein majeur pour développer ce sport en France, selon Fabien Savreux: "c'est un sport qui coûte beaucoup au niveau infrastructure. Il faut une piste, des barrières, des filets... C'est très compliqué pour les collectivités. On n'est pas dans une période propice à tout ça".
Patins, crosse spécifique, balle en caoutchouc dur qui peut partir à 140 ou 150 km/h sur certains tirs, la pratique aussi coûte cher.
Il s'agit également d'un sport qui exige d'être pratiqué très tôt pour maîtriser le patinage sur "quads", ces patins avec deux roues devant et deux derrière, contrairement aux patins en ligne utilisés pour le roller hockey.
"Sur les quads on est plus rapide pour les changements de direction avec la butée à l'avant qu'avec des patins en ligne", explique M. Savreux.
"Il y a eu des tests avec trois roues, des roues un peu décalées", mais les patins à roulettes emblématique des années 1970/80 n'ont jamais été surpassés.
- Les JO, un rêve -
Par ailleurs, le Rink dépend de la Fédération française de roller sports, une "fédération pluridisciplinaire qui a des difficultés à mettre en place une stratégie de recrutement, de promotion et de communication cohérente", déplore Lucas Gaucher.
Pour augmenter sa visibilité, la Fédération internationale de roller sports (FIRS) organisera à partir de 2017 des "Roller Games" regroupant les Championnats du monde de toutes les disciplines.
La première édition se tiendra à Barcelone, puis à Nanjing (Chine) en 2019 et Lima en 2021, signe de l'internationalisation croissante de ce sport où le Chili, l'Angola et le Mozambique sont déjà des nations qui comptent.
La FIRS espère ainsi voir quelques disciplines intégrer le programme des JO d'été. "Le développement de ce sport passe par l?olympisme. C'est un rêve, forcément", reconnaît le sélectionneur français.
Un rêve touché du doigt en 1992 à Barcelone où le Rink a été sport de démonstration sous l'impulsion du président du Comité international olympique Juan-Antonio Samaranch, ancien gardien de but international de l'équipe espagnole. Mais un rêve hélas sans lendemain.