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© AFP/FABRICE COFFRINI
Le président du CIO Thomas Bach en conférence de presse en clôture du comité exécutif au siège de l'instance, le 8 décembre 2016 à Lausanne
"Tout athlète ou responsable qui a pris part à un tel système de dopage devrait être exclu à vie des jeux Olympiques": l'accablant rapport McLaren a poussé le CIO, et son président Thomas Bach, à la plus grande fermeté contre le sport russe, qu'il avait plutôt épargné avant les JO-2016.
"Une conspiration institutionnelle" mise en place avec la participation du ministère des Sports, de l'agence russe antidopage (Rusada) et du laboratoire antidopage de Moscou, aux côtés du FSB (services secrets), le tout au bénéfice de plus de 1.000 athlètes dans 30 sports: la version finale du rapport McLaren, publiée vendredi, ne laisse plus aucun doute sur l'ampleur sans précédent d'une machination qui n'en finit plus de jeter le discrédit sur les résultats des JO d'hiver comme d'été.
Au point que le Comité international olympique (CIO) a immédiatement annoncé la réanalyse des 254 échantillons urinaires collectés auprès des sportifs russes lors des JO d'hiver de Sotchi-2014.
La Russie, quant à elle, continue à démentir l'existence de "tout programme de soutien du gouvernement pour le dopage".
Pour Thomas Bach, le rapport McLaren démontre "une attaque fondamentale contre l'intégrité du sport" et à ce titre, la réponse devra être proportionnelle.
- Les temps changent, le ton aussi -
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Le juriste canadien Richard McLaren en conférence de presse, le 9 décembre 2016 à Londres
En juillet dernier, devant les premiers éléments pourtant déjà accablants, fournis dans la première partie du rapport du scientifique canadien, le patron allemand du mouvement olympique, avocat de métier, avait mis en avant le principe de "responsabilité collective mais de justice individuelle", pour laisser le soin à chaque fédération d'exclure les sportifs mis en cause. Et ce contre l'avis de l'Agence mondiale antidopage (AMA) qui, dès le 19 juillet, appelait le mouvement sportif à "empêcher la participation des sportifs russes aux compétitions internationales, y compris les JO de Rio, tant que (la Russie) n'aura pas réalisé un +changement de culture+".
Taxé par certains de manque de courage politique, Bach avait été critiqué dans plusieurs pays occidentaux, Etats-Unis et Canada en tête, alors même que le président du Comité international paralympique (IPC), Sir Philip Craven, lui aussi membre du CIO, décidait ensuite d'exclure dans son ensemble la Russie des jeux Paralympiques, sur la base du même rapport McLaren.
Depuis la semaine dernière, la position du CIO semble se durcir.
Avant même la publication vendredi du rapport final, le CIO a prorogé les mesures provisoires prises à l'encontre de la Russie en juillet et qui appellent notamment à ne pas organiser de compétitions sportives internationales en Russie, sans cependant d'effet rétroactif sur celles planifiées de longue date. Voilà pourquoi des membres des équipes américaines de bobsleigh et de skeleton menacent de boycotter les Championnats du monde 2017 prévus en février à Sotchi.
Face aux accusations, la Russie "doit déclarer la guerre au dopage", a clamé jeudi le ministre des Sports, Pavel Kolobkov, en prônant une "tolérance zéro" envers ce mal.
- Les jeux de Pyeonchang, prochain enjeu -
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Le vice-Premler ministre russe chargé des sports et président du Comité d'organisation du Mondial-2018, Vitaly Moutko, en conférence de presse, le 26 novembre 2016 à Kazan
Fin juillet, le Comité olympique russe (ROC) avait annoncé la création d'une commission indépendante chargée de débarrasser la Russie du dopage. Peu après, alors que plusieurs responsables sportifs mis en cause dans la première partie du rapport McLaren ont été limogés ou ont démissionné, le ministre des Sports Vitali Moutko, visé par l'AMA pour son rôle présumé dans le scandale de dopage, a été lui promu fin octobre vice-Premier ministre chargé des Sports.
Président du Comité d'organisation du Mondial de football organisé en Russie en 2018, M. Moutko continue également à siéger au Conseil de la Fifa.
Pour Bach, les JO d'hiver 2018 à Pyeongchang représentent la prochaine échéance et le prochain enjeu. A la lumière de la version finale du rapport McLaren, peut-il appeler cette fois à une exclusion totale de la Russie ? Il n'y a rien de moins sûr et il n'est pas impossible qu'il demande, comme avant Rio, à chaque fédération de vérifier l'éligibilité de chaque sportif russe engagé.
Reste au CIO une autre arme: la suspension à vie des athlètes russes positifs à Sotchi. Et Thomas Bach se souviendra que c'est lui qui présidait la commission disciplinaire ayant écarté à vie plusieurs membres de l'équipe autrichienne impliqués dans un scandale de dopage aux JO d'hiver de Turin en 2006.