Happy Birthday : |
© AFP/YASUYOSHI CHIBA
Vue générale du village olympique, le 26 juillet 2016 à Rio de Janeiro
Qui se souvient encore de Rio-2016 ? Qu'en reste-t-il quatre mois après ? Les JO brésiliens, les premiers en Amérique du Sud, ont manqué leur cible, dans le pays-hôte comme dans le monde, qui s'est désintéressé du rendez-vous.
Bien sûr, il y a eu Bolt. Bien sûr il y a eu Phelps. Mais "les JO, c'est pour qui ?": cette interrogation, taguée juste avant le rendez-vous non loin du Club France installé au bas du Corcovado (le Christ Roi), était bien prémonitoire.
Le Corcovado, le Pain de Sucre, Copacabana... Autant de symboles de la ville-hôte que les Jeux-2016 n'auront jamais réussi à détrôner.
"Je suis absolument convaincu que les Cariocas de demain parleront du Rio d'après les Jeux de bien meilleure manière que de celui d'avant les Jeux", a prophétisé Thomas Bach, président du CIO à la fin de la 31e olympiade, fin août dernier.
A voir. Certes, une ligne de métro a vu le jour, permettant de relier le centre-ville au quartier de Barra de Tijuca. C'est là, à une trentaine de kilomètres, que se situait la zone olympique avec la plupart des sites de compétition et le village des athlètes.
En outre, selon le CIO, "tous les sites ont une utilisation après les Jeux " et la ville a été "transformée, avec notamment un système de transport en commun de masse".
Quatre mois après l'événement, l'Etat de Rio, hôte des Jeux en août, est surtout le plus affecté par la récession historique frappant le Brésil, avec des hôpitaux qui manquent de matériel et des fonctionnaires qui manifestent pour toucher leurs salaires.
Dans un terrible contraste avec Londres en 2012, les difficultés se sont accumulées avant (pollution, transport...) et pendant les JO, durant lesquels les sites ont accueilli un public local débordant d'enthousiasme pour les athlètes brésiliens mais souvent clairsemé pour le reste des compétitions.
- Parfaitement imparfaits -
© AFP/Fabrice COFFRINI
Le sprinter jamaïcain Usain Bolt en finale du relais 4x100 m aux JO de Rio, le 19 août 2016
Comme un symbole, les épreuves d'athlétisme - sport olympique N.1 - ont été d'une tristesse confondante, malgré quelques performances exceptionnelles (triplé de Bolt, record du monde de Van Niekerk sur 400 m...).
Quasiment vide lors des sessions de matinée - où pourtant certaines finales étaientBolt programmées - le stade n'a que rarement rugi, ou alors quelques secondes seulement, lors de la présence de la superstar Usain Bolt.
Le malaise a atteint son paroxysme avec le concours de saut à la perche, où la maladresse de Renaud Lavillenie a répondu à l'impolitesse des spectateurs qui le sifflaient pendant la compétition.
Le Français, qui a comparé l'atmosphère à celle des jeux de Berlin en 1936, se prendra un retour de flamme douloureux, hué et en pleurs le lendemain sur le podium au moment de recevoir sa médaille d'argent.
La flamme olympique elle-même avait déserté l'enceinte d'athlétisme, du jamais vu quasiment, pour se poser au Maracana, le stade de football, durant la quinzaine. Le foot, amour éternel des Brésiliens, bien plus que les sports olympiques dans leur ensemble.
Au-delà des compétitions, les JO ont également manqué leur cible car pour faire la fête, faut-il encore que l'atmosphère s'y prête. Or, visuellement, l'impressionnant dispositif des 85.000 militaires et policiers mobilisés a rappelé les difficultés actuelles du pays, et les craintes de l'époque.
"Quelqu'un a décrit ces Jeux comme les plus parfaits des Jeux imparfaits. C'est une bonne définition", a récemment reconnu Mark Adams, porte-parole du CIO.