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© AFP/Fabrice Coffrini
Le président de la Fifa Joseph Blatter, lors d'une conférence de presse au sujet du Mondial-2022 au Qatar, le 4 octobre 2013 à Zurich
La Fifa n'a pu dissimulé vendredi un certain embarras face au sort des ouvriers engagés sur le grand chantier du Mondial-2022 au Qatar, se déclarant à la fois responsable mais non habilitée à s'immiscer dans les lois de l'émirat.
Au terme de la réunion de son comité exécutif à Zurich, le patron de l'instance dirigeante du football mondial Sepp Blatter a aussi balayé les supputations sur une possible réattribution du grand événement sportif planétaire au vu des polémiques qui collent à cette édition depuis trois ans.
"La Coupe du monde 2022 se jouera au Qatar... Mais on ne sait pas encore si ce sera en été ou en hiver", a-t-il déclaré.
Le Suisse a ensuite balayé toute responsabilité de la Fédération concernant les sombres conditions des travailleurs migrants, principalement venus d'Asie, dans ce minuscule Etat du désert, dénoncées par plusieurs syndicats et ONG.
Le quotidien The Gardian en dressait la semaine passée un sordide tableau parlant "d?esclavagisme des temps modernes" et avançant que 44 Népalais étaient morts entre début juin et début août. Des chiffres exagérés, ont rétorqué les autorités qataries qui ont mandaté un cabinet d'avocats international pour enquêter.
Les entreprises responsables des conditions des travailleurs
"Vraiment de tout c?ur, j'exprime toute la sympathie et tout le regret pour ce qui se passe dans un pays, quand il y a des morts sur des constructions qui sont en relation avec la Coupe du monde", a déclaré le patron de la Fifa.
© AFP/Fabrice Coffrini
Des membres de la Confédération internationale des syndicats manifestent le 3 octobre 2013 devant le siège de la FIFA à Zurich
"Nous ne pouvons pas passer inaperçus dans cette affaire et cela nous touche, mais ce n'est pas une intervention directe de la Fifa qui va changer cela. Cette intervention ne peut être faite que par le Qatar lui-même et le Qatar a confirmé qu'il allait le faire", a-t-il ajouté.
"La Fifa ne peut pas faire d'ingérence dans le droit du travail d'un pays mais ne peut l'ignorer", avait-il auparavant résumé sur Twitter.
Selon lui, la responsabilité est aussi à chercher du côté des entreprises, notamment européennes, qui ont obtenu les contrats de construction.
"Ce sont ces entreprises qui sont responsables de la condition des ouvriers, mais ce n'est pas la responsabilité de la Fifa".
Un positionnement vertement critiqué par l'organisation Human Rights Watch, selon laquelle la Fifa considère que "les droits fondamentaux des ouvriers qui bâtissent la Coupe du monde de 2022 au Qatar est le problème de quelqu'un d'autre".
Blatter est "soit ignorant, soit indifférent aux abus consternants qui se déroulent en ce moment même au Qatar", a insisté , un expert du Golfe pour HRW.
Consultation pour jouer l'hiver
Si la question des conditions des travailleurs n'est, selon Blatter, "ni une tâche, ni une compétence de la Fifa", celle de faire jouer éventuellement en hiver le Mondial-2022 pour éviter les risques liées à la chaleur accablante de l'été (près de 50 degrès) dans le Golfe relève en revanche de sa compétence.
Le comité exécutif a ouvert vendredi la porte à cette idée, en lançant une consultation de toutes les parties prenantes - joueurs, clubs, ligues et fédérations jusqu'aux diffuseurs et sponsors. Mais le choix ne sera pas entériné avant la fin de la prochaine Coupe du monde en 2014 au Brésil.
Le dossier sera confié au secrétaire général de la Fifa Jérôme Valcke, ainsi qu'au président de la Confédération asiatique de football (AFC), le cheikh Salman bin Ebrahim Al Khalifa, qui devront présenter une feuille de route au prochain comité exécutif de la Fifa le 4 décembre 2013 à Sao Paulo.
Les débats s'annoncent longs. Y compris au sein d'un même pays: la position de la fédération anglaise n'est pas celle de la Premier League (championnat d'élite anglais), qui redoute un "chaos" si on chamboule les calendriers.
L'Australie envisage, elle, de demander un dédommagement pour les candidats malheureux à l'organisation du Mondial-2022, dont elle fait partie, qui avaient présenté un dossier de compétition estivale et non hivernale.
Sepp Blatter ne l'a pas exclu.
"Si nous déplaçons en hiver, on verra quelles sont les conséquences en terme de responsabilité de la Fifa envers ses sponsors et autres, envers les ligues et autres organisations professionnelles. Je ne peux pas prévoir ce qu'il en sera, je ne suis pas prophète", a-t-il conclu.