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Oscar Pistorius devra subir une contre-expertise psychiatrique, ordonnée mercredi par la justice, pour vérifier s'il souffre vraiment d'un trouble anxieux généralisé susceptible d'atténuer sa culpabilité dans le meurtre de sa petite amie le 14 février 2013.
La juge Thokozile Masipa, devant qui le champion handisport sud-africain comparaît depuis le 3 mars et plaide non coupable, a décidé de le soumettre à un diagnostic psychiatrique indépendant, comme le demandait le procureur.
Rallongeant encore les délais hors norme de ce procès fleuve suivi par les médias du monde entier, cette évaluation psychiatrique pourrait nécessiter jusqu'à un mois d'examens, mais sans forcément nécessiter un internement du sportif, âgé de 27 ans.
"D'après la loi, s'il est allégué ou s'il apparaît que l'accusé pourrait ne pas être pénalement responsable en raison d'une infirmité mentale, une expertise s'impose", a expliqué la juge, qui dira le mardi 20 mai où et quand Pistorius devra se présenter pour subir ces tests.
Elle a souligné que l'examen n'avait pas pour but de le punir: il s'agit d'"assurer à l'accusé un procès équitable" et de "révéler si au moment du crime (il) souffrait d'un trouble mental qui aurait pu le rendre pénalement non responsable de son acte".
Il est vrai, a-t-elle admis, que "l'accusé lui-même n'a pas soulevé la question de son éventuelle irresponsabilité pénale".
"Mais un élément soumis pour sa défense pose clairement la question et ne peut être ignoré", a-t-elle ajouté, se référant à l'exposé du Dr Meryll Vorster, une psychiatre sud-africaine qui affirme que Pistorius souffre d'un trouble anxieux généralisé pouvant expliquer son geste fatal. Ce trouble aurait débuté dès l'enfance quand ses parents l'ont encouragé à faire fi de son infirmité de naissance.
Pas convaincu, le procureur Gerrie Nel a réclamé une contre-expertise médicale et accusé par avance la défense de jouer la carte de la santé mentale pour obtenir une peine plus douce, faire appel ou faire requalifier l'affaire.
Né sans péronés, Pistorius a été amputé et équipé de prothèses, puis poussé malgré son handicap vers la pratique assidue de tous les sports à l'image des jeunes Sud-Africains blancs de son âge, avant de se lancer dans l'athlétisme à l'adolescence après une blessure au rugby.
- Deux séances avec la psychiatre -
Il a alors très vite révélé un talent hors norme qui devait le conduire à écrire une page historique du sport mondial en 2012 en devenant le premier athlète handicapé masculin à prendre le départ avec des valides aux jeux Olympiques de Londres, courant sur des lames de carbone en forme de pattes de félin qui lui ont valu le surnom de "Blade Runner".
Or, selon le Dr Vorster --qui n'a examiné l'athlète que deux fois ces derniers jours--, toute cette pression a favorisé une anxiété anormale chez Pistorius, accentuée par les peurs de sa mère qui dormait avec un pistolet sous l'oreiller, puis qui s'est aggravée quand il a accédé au statut de célébrité mondiale.
Même si on ne peut pas parler d'une maladie mentale, ce trouble anxieux a eu pour effet, selon elle, de perturber ses relations personnelles et sa vie amoureuse, et exacerbé sa peur de la criminalité, très élevée en Afrique du Sud.
Pistorius de son côté affirme n'avoir jamais eu la moindre intention de tuer Reeva Steenkamp, jeune mannequin qu'il avait rencontrée trois mois auparavant lors d'un show automobile.
Unique témoin et survivant du drame, il soutient avoir saisi son arme sous l'effet de la panique après avoir entendu un bruit et avoir tiré en croyant avoir affaire à un cambrioleur caché dans les toilettes.
"La réaction de M. Pistorius (...) doit être analysée à la lumière de son handicap physique et de son trouble anxieux généralisé", a souligné Mme Vorster. "Face à une menace, M. Pistorius tend à réagir en se battant plutôt qu'en fuyant en raison de sa capacité physique de fuite limitée", a-t-elle ajouté.
Oscar Pistorius est passible de la prison à perpétuité, soit vingt-cinq ans de prison incompressible.
A l'inverse, pour le procureur, Pistorius n'est pas anxieux mais égocentrique et dominateur et fuit constamment ses responsabilités.
D'après lui, le couple s'est violemment disputé. Des voisins, réveillés en pleine nuit, ont entendu la jeune femme terrifiée crier à l'aide avant d'être tuée de quatre balles.