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© AFP/Franck Fife
Des supporters du PSG le 13 mai au Trocadéro à Paris
Une quête d'adrénaline et un contexte d'excitation qui a conduit certains à "déraper": les procès des "casseurs" présumés de la fête du PSG, jeudi à Paris, ont mis au jour la mécanique par laquelle plusieurs centaines de jeunes se sont laissés aller à la violence et aux débordements.
Karim, animateur de 33 ans qui vit chez ses parents. Nicolas, 31 ans, père de deux enfants. Omar, 19 ans, étudiant en BTS... Pas ou peu d'émeutiers chevronnés parmi les douze prévenus jugés pour la seconde journée de comparutions immédiates, mais des personnes disant s'être "laissées entraîner" par un phénomène d'excitation générale.
"J'ai une famille, un travail, je ne sors pas beaucoup. Mon seul plaisir, c'est d'aller voir des matchs", assure dans le box Nicolas, visage anguleux et cheveux coupés courts, technicien dans une entreprise de climatisation.
"Je suis quelqu'un de tranquille", ajoute le jeune homme, accusé d'avoir jeté des projectiles et porté des coups à plusieurs policiers, avant d'invoquer une forte consommation d'alcool.
Interpellé sur le pont de Iena, après avoir été repéré par des policiers en civil au milieu d'un groupe qui s'en prenait aux forces de l'ordre, Yohann, 26 ans, explique lui aussi s'être "laissé entraîner" par la situation. "Je sais que je n'avais pas à agir comme cela", concède le jeune homme, qui reconnaît avoir copieusement insulté les policiers mais nie leur avoir jeté des projectiles, comme cela lui est reproché.
"Il était plus de 22H45, les joueurs étaient partis... Qu'est-ce que vous faisiez là, sur le pont?", l'interroge la présidente.
"C'était le bordel, je voulais voir", assure ce peintre en bâtiment à la recherche d'un emploi, déjà condamné par le passé à quatre reprises, notamment pour des faits de violence.
"C'est le bordel, mais vous restez?", s'étonne la présidente.
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Des jeunes lancent des bouteilles sur les policiers le 13 mai 2013 au Trocadéro à Paris
Le prévenu, qui reconnaît n'avoir "aucune connaissance en football" et même ne pas aimer ce sport, hésite un instant dans son boxe, visiblement mal à l'aise. "J'étais avec mes amis", explique-t-il, avant d'évoquer un "coup" que lui aurait porté à la tête un CRS. "J'ai eu un moment d'énervement", concède-t-il finalement.
Surmédiatisation
A la barre, son avocat, Me Pierre Roquefeuille, tente d'analyser l'engrenage de violence dans lequel le jeune homme, comme ses co-prévenus, ont été pris.
"La remise du trophée était surmédiatisée. C'est à l'occasion de ces événements surmédiatisés qu'on rencontre les phénomènes de débordements. Ca excite les personnes", avance-t-il.
A l'extérieur de la salle, l'ami d'un des "casseurs" présumés, doudoune noire et casquette vissée sur la tête, assure devant les caméras que "tout le monde" s'attendait à des violences ce soir-là.
"Quand on est venu, on savait que ça allait déraper. C'est l'alcool, c'est la joie, c'est comme ça", glisse le jeune homme, assurant néanmoins que son ami, interpellé à 22H00 place du Trocadéro, n'a "rien à voir avec les violences".
Pourquoi être venu voir la remise du trophée, dans ces conditions, l'interrogent les journalistes.
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Des jeunes lancent des bouteilles sur les policiers le 13 mai 2013 au Trocadéro à Paris
jeun"On voulait regarder. Pour nous, c'était comme un spectacle", affirme d'un ton bravache le jeune homme originaire de Chatenay-Malabry (Hauts-de-Seine), qui refuse de donner son âge et son prénom. "C'est la banlieue, vous ne pouvez pas comprendre. C'est comme ça".
Dans la salle, après un long délibéré, les condamnations commencent à tomber pour les prévenus. Quatre mois de prison dont deux ferme, pour deux personnes jugées pour jets de projectiles. Deux mois de sursis pour un jeune homme jugé pour outrage. Yohann écope de la peine la plus lourde: quatre mois ferme et mandat de dépôt. Il dormira en prison.