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© AFP/STRINGER
Marine Le Pen et Emmanuel Macron lors du débat de l'entre-deux tours à La Plaine-Saint-Denis, près de Paris, le 3 mai 2017
Malgré l'appel d'une soixantaine de personnalités du monde du sport à voter Emmanuel Macron au second tour de l'élection présidentielle, la plupart des sportifs en activité hésitent à s'engager dans le débat politique.
Mercredi, à quatre jours du choix entre le leader d'En Marche! et la présidente du Front national, Marine Le Pen, une belle brochette de champions s'est réunie pour signer cet appel et rompre ainsi avec "la neutralité politique que nous chérissons tant", expliquent les signataires.
Du vice-champion olympique du décathlon Kevin Mayer au détenteur du record du monde du 50 km marche, Yohann Diniz, ils appellent "à voter pour le seul candidat qui s'inscrit dans le respect de la tradition républicaine de notre pays: Emmanuel Macron".
Une position sans ambiguïté, partagée par les trois candidats à la présidence du Comité national olympique et sportif français (CNOSF) - le sortant Denis Masseglia, Isabelle Lamour et David Douillet - qui ont également signé cet appel.
"Le sport en lui-même, parce qu'il véhicule un certain nombre de valeurs, ne peut pas être neutre. On fait croire à l'idéal d'apolitisme", estime le sociologue Michel Caillat, spécialisé dans les rapports entre politique et sport.
Cet engagement, "c'est mieux que rien. Ce n'est pas l'institution (qui se prononce), c'est souvent à titre individuel et ce sont souvent des retraités. Finalement, ça fait peu de choses", regrette néanmoins le sociologue, soulignant l'absence des têtes d'affiche du sport français. "Si (cela avait été signé par, ndlr) Riner, Parker, Karabatic et Lloris, ce n'(aurait) pas tout à fait (été) la même chose".
Certes, Zinédine Zidane, entraîneur du Real Madrid, s'est exprimé cinq jours après le premier tour, en demandant "d'éviter au maximum" une présence du FN au second tour de la présidentielle pour la deuxième fois en 15 ans, mais l'actuelle génération des Bleus brille par son absence.
Seul le Parisien Blaise Matuidi a signé l'appel parmi les footballeurs en activité, là où en 2002, Zidane, héros de la génération 98, avait participé à une vidéo contre Jean-Marie Le Pen avec plusieurs artistes. Sans parler de l'engagement pérenne de Lilian Thuram...
- Fourcade "dans la rue en 2002" -
"Aujourd'hui, les joueurs de l'équipe de France sont relativement jeunes, on ne parle plus de cette intégration black-blanc-beur", explique le sociologue Patrick Vassort.
Parmi les sportifs les plus médiatisés de la liste des ralliés à En Marche!, le biathlète Martin Fourcade, qui domine sa discipline depuis plusieurs années, s'engage sans ambages.
"Je n'ai pas de souci pour dire pour qui je vais voter. J'étais dans la rue avec mes copains en 2002 pour protester contre le FN, je ne voterai donc pas pour Mme Le Pen", a-t-il expliqué au Parisien, précisant qu'il s'agissait là d'un avis "purement personnel".
Sollicité par l'AFP, le président du RC Toulon, Mourad Boudjellal, peu connu pour avoir la langue dans sa poche, a regretté le "vote de désespoir" dans une ville où Marine Le Pen a recueilli 27,30% des suffrages exprimés.
"Celui qui est heureux n'a pas de problèmes avec les étrangers, il n'est pas aigri. Je ne peux pas accepter que mon pays soit dirigé par Le Pen SARL. Marine Le Pen n'en a rien à foutre des Français. (Elle) a monté un business sur le désespoir des gens", a conclu le patron du RCT qui, il est vrai, à l'inverse de nombre de sportifs aujourd'hui muets, a construit une partie de son image sur ses sorties tonitruantes.