Happy Birthday : |
© AFP/Lionel BONAVENTURE
Les 11 candidats en lice pour l'élection présidentielle sur le plateau de BFM TV, le 4 avril 2017 à La Plaine-Saint-Denis
Traditionnellement absentes des campagnes présidentielles, les questions sportives sont cette année encore l'un des parents pauvres du débat électoral. Pourtant, entre les JO-2024, l'intégration ou la santé par le sport, le sujet est toujours très politique.
"Dans cette campagne inhabituelle, on parle encore moins de sport, de culture, qu'à l'accoutumé", relève le sociologue Patrick Mignon. "Et quand ils le font, les candidats restent très vagues: +le sport c'est éducatif, c'est bon pour la santé+..."
Maître de conférences en management du sport à l'Université de Poitiers, Arnaud Saurois a épluché les programmes "sport" des onze candidats à l'aune d'une vingtaine de critères parmi lesquels les JO, le bénévolat, le financement, le haut niveau, la gouvernance, les équipements... Ce fut assez rapide. A deux semaines du premier tour, cinq n'affichaient carrément aucune vision en matière de sport, trois --Hamon, Mélenchon et Le Pen-- évoquaient le sujet de manière assez superficielle quand trois autres --Fillon, Macron, Dupont-Aignan-- présentaient un projet plus élaboré.
Globalement, le sport n'est pas un sujet clivant. A quelques nuances près, l'unanimisme est de mise. "Hamon et Mélenchon mettent en avant un programme très +sport pour tous+, mais on retrouve aussi ces propositions à droite", note Patrick Mignon.
- Les Jeux décisifs -
Idem pour le sport sur ordonnance, l'une des avancées les plus consensuelles du quinquennat finissant. Emmanuel Macron propose ainsi de rembourser les licences sportives aux patients, François Fillon d'étendre la mesure à l'ensemble de la population et plus aux seuls malades atteints d'une affection de longue durée (ALD) et Benoît Hamon de prendre en charge financièrement la pratique du sport prescrit.
Pour autant, il existe quelques pommes de discorde. La plus spectaculaire étant la candidature olympique de Paris. Deux candidats, Nathalie Arthaud et Jean-Luc Mélenchon, se sont en effet prononcés contre, s'opposant ainsi à Hamon, Fillon, Macron, Le Pen et Dupont-Aignan, les candidats du "oui" aux JO. Les autres n'exprimant aucune opinion.
"Le sujet n'est pas là, pour ou contre", estime Denis Masseglia, président du comité national olympique et sportif français (CNOSF). "Telle que la candidature est partie, il parait compliqué de s'y opposer. En revanche, il est indéniable que le vote du 13 septembre (date d'attribution des JO-2024 à Paris ou Los Angeles) dictera la politique sportive du quinquennat. Faire du sport un enjeu de société sera plus facile à faire comprendre (aux politiques) si on a les Jeux", reprend le patron du mouvement sportif français qui a envoyé, le 28 mars, une série de questions aux onze candidats concernant le bénévolat, l'évolution du modèle sportif français et son financement.
- Secrétariat d'Etat ou ministère des Sports ? -
Au delà des Jeux de Paris-2024, certaines questions préoccupent parfois de concert des candidats par ailleurs très éloignés. C'est ainsi que Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen s'opposent tout deux à la "financiarisation du sport professionnel", le candidat de la France insoumise voulant interdire le naming des stades et enceintes sportives. Dans le même esprit, Jacques Cheminade entend lui limiter les salaires des professionnels à 20 Smic.
François Fillon et Marine Le Pen se rejoignent eux sur l'assouplissement des conditions de mécennat, afin de compenser la réduction fatale des subventions publiques dans le financement du sport, quand le candidat LR entend créer une Haute autorité de l'intégrité dans le sport, afin d'y lutter contre les affaires.
Aucune réponse dans les programmes à la question "Secrétariat d'Etat ou ministère des Sports?", le portefeuille étant souvent une variable d'ajustement des gouvernements. "C'est sans doute dans la tête de certains candidats de supprimer les sports", croit savoir Patrick Mignon. Notamment pour des raisons budgétaires.
"Un ministère de plein exercice, ce n'est pas très important", estime Denis Masseglia. "Ce qui compte, c'est le modèle que l'on construira après la date la plus importante de la décennie pour le sport français, le 13 septembre prochain". Et non le 23 avril ou le 7 mai.