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© AFP/PATRICK KOVARIK
Le président du CNOSF Denis Masseglia et les deux autres candidats à la présidence Isabelle Spennato-Lamour et David Douillet, le 25 avril 2017 à Paris
Denis Masseglia, président du CNOSF depuis 2009, remet son titre en jeu, jeudi, face à deux candidats aux dents longues, Isabelle Lamour et David Douillet, désireux de prendre la tête d'une institution qui accompagnera, ils l'espèrent tous, la préparation des JO-2024 à Paris.
Hasard du calendrier, le patron du mouvement sportif français pour les quatre ans à venir, plus si affinités, sera élu à deux jours de l'arrivée de la commission d'évaluation des JO-2024 dans la capitale, samedi.
Le comité de candidature de Paris aux JO a d'ailleurs pris soin, bien en amont, de tester la compatibilité des trois candidats avec le dossier Paris-2024. Masseglia, Lamour et Douillet ont tous participé à des séances de "training" pour, en cas d'élection jeudi, pouvoir participer sans heurts aux échanges cruciaux de dimanche, lundi et mardi.
- Masseglia contesté -
Une formalité pour les impétrants. Masseglia, bien sûr, artisan de la candidature parisienne dès 2011 avec le CNOSF et donc premier porteur du projet. Lamour ensuite, membre du Groupement d'intérêt public (GIP) Paris-2024 au titre de représentante des fédérations olympiques. Douillet enfin, ministre des Sports jusqu'en 2012, à l'époque de la gestation du dossier de candidature.
Tenant du poste, Masseglia, ancien président de la Fédération française d'aviron, joue sur la stabilité, la continuité, et donc le caractère rassurant de sa présence pour le CIO. "L'expérience acquise comme la vision d'ensemble seront des éléments essentiels pour la réussite de ce mandat", a-t-il plaidé lors du grand oral organisé pour les votants, présidents ou représentants de fédérations, le 25 avril dernier.
A son actif, notamment, le repositionnement de la France sur la scène internationale. Quelque peu dévalué, aux yeux du CIO, après la colère puérile qui avait suivi la défaite de Paris-2012, humilié par la débâcle d'Annecy-2018, le mouvement sportif français a su, sous la houlette du Marseillais, réagir avec humilité et avec méthode pour livrer un dossier pour 2024 aujourd'hui loué par le CIO pour son sérieux.
Mais la gouvernance de Masseglia ne fait pas l'unanimité, au point qu'il est le premier patron en exercice à être défié lors d'une élection. On lui reproche notamment d'avoir supprimé les collèges, ces groupements de fédérations (olympiques, non olympiques, affinitaires, scolaires et universitaires) qui permettaient une représentation de chaque courant au CNOSF.
En interne, le nombre de ses détracteurs a cru ces dernières années, s'organisant en une opposition personnifiée aujourd'hui par Isabelle Lamour.
Avec une logique tout aussi imparable que celle de son rival, Lamour, première femme présidente d'une fédération olympique, l'escrime, plaide pour un +changement maintenant+ qui permettrait au nouveau président d'accompagner Paris jusqu'à la clôture des Jeux de 2024.
- La naissance d'une opposition -
"Avec d'autres présidents de fédérations insatisfaits du fonctionnement de la maison nous nous retrouvions souvent, pour discuter, échanger... Mais personne ne voulait se lancer pour changer les choses. Un jour je me suis dit, +moi, je vais y aller+", raconte l'ancienne fleurettiste, soutenue par de nombreux poids lourds de l'institution: Jean-Jacques Mulot (aviron), ancien trésorier, Guy Drut, membre du CIO, et pendant longtemps par Jean-Luc Rougé, président de la fédération de judo, rallié par fidélité à la candidature de David Douillet, double champion olympique de la discipline.
Ce dernier, certes ancien ministre mais jamais président de fédération -un habitus tenace chez les patrons du CNOSF-, s'est lancé le dernier dans la campagne avec des idées plus "révolutionnaires" que ses adversaires.
Benjamin des candidats (48 ans, pour 52 à Lamour et 69 à Masseglia), il souhaite l'autonomie politique et financière du mouvement sportif, qui serait abondé par une taxe sur les articles de sport, et tend vers un système à l'anglaise, avec une prime aux fédérations les plus performantes en matière de résultats.
Au-delà du projet 2024, le futur président devra s'atteler à un défi majeur: "l'évolution des modes de consommation qui pousse les Français à moins fréquenter les clubs", selon Denis Masseglia. La manne financière apportée au CNOSF par les 17 millions de licenciés est en effet menacée par les offres de pratiques de plus en plus diverses, hors des structures fédérales. Un enjeu bien moins clinquant que 2024, mais tout aussi vital pour l'avenir du CNOSF et du sport français.