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La juge sud-africaine qui a condamné Oscar Pistorius à 5 ans de prison pour avoir abattu sa petite amie, a renvoyé à mercredi sa réponse sur la demande d'appel du parquet qui estime le verdict trop clément.
"Je veux y réfléchir", a déclaré mardi la juge Thokozile Masipa, après avoir entendu trois heures de plaidoiries contradictoires. "Etes-vous disponibles demain (mercredi) à 09h30 ?", a-t-elle ajouté à l'adresse du parquet et de la défense qui ont aussitôt acquiescé.
Pour prendre sa décision, Thokozile Masipa, qui a condamné le champion paralympique pour simple homicide involontaire après huit mois d'un procès retentissant, avait eu tout le loisir ces dernières semaines d'examiner les arguments écrits des deux parties.
A l'audience, le procureur Gerrie Nel est reparti à la charge, expliquant poliment à la juge pourquoi elle s'est trompée. C'est le parquet qui se trompe, a rétorqué Barry Roux, l'avocat du sportif.
La procédure sud-africaine interdit de contester l'autorité de la chose jugée sur la base de l'interprétation des faits. Le dossier ne peut pas être rejugé au fond et l'appel doit être uniquement motivé par une erreur d'interprétation de la loi.
"C'est incorrect de dire que la sentence est légère, elle ne l'est pas", a déclaré M. Roux, affirmant que Pistorius ne sera pas nécessairement libérable sous condition après dix mois de prison. "Le problème du parquet c'est qu'il n'aime pas votre appréciation des faits", a-t-il dit à la juge.
Le champion, qui vient de fêter ses 28 ans en prison, n'était pas présent à l'audience. Il est incarcéré dans une aile médicalisée de la prison centrale de Pretoria.
Pistorius, double amputé des pieds après la naissance et qui a fait sensation aux Jeux Olympiques de Londres 2012 en courant avec les valides sur des lames de carbone, a abattu son amie mannequin Reeva Steenkamp le 14 février 2013.
Il a tiré quatre balles de gros calibre à travers la porte des toilettes de sa salle de bains, par erreur, a-t-il dit, la prenant pour un cambrioleur.
- 'clémence exagérée' -
Toute la question est de savoir si, au moment de tirer, il avait conscience qu'il pouvait donner la mort. Si la réponse est "oui", alors la juge aurait dû rendre un verdict de meurtre, estime le parquet.
"Les conséquences de son acte auraient dû être davantage prises en considération", a exposé le procureur. "Il ne s'agit pas de quelqu'un qui a tiré à l'aveugle, ou désorienté", a-t-il ajouté.
"En se fondant sur tout ça, nous affirmons que l'élément de clémence a été peut-être exagéré à outrance", a-t-il dit.
Non seulement, une condamnation à cinq ans de prison est "inappropriée" selon lui, mais cela créé un précédent gênant pour la jurisprudence.
"Le précédent créé par le tribunal met la barre très bas, c'en est choquant", a-t-il dit, soulignant qu'on ne pouvait pas prendre pour argent comptant le fait que Pistorius n'ait jamais eu l'intention de tuer "seulement parce qu'il l'affirme".
"Madame le juge, avec tout le respect que je vous dois, c'est une application erronée de la notion de +dolus eventualis+ (homicide involontaire) et de la légitime défense supposée", a-t-il dit.
Dans ses attendus, la juge avait elle-même estimé que Pistorius "savait que les toilettes étaient un espace réduit et qu'il n'y avait aucun moyen de s'échapper pour la personne derrière la porte", semblant se contredire elle-même.
Elle avait conclu que Pistorius n'était pas coupable de meurtre mais d'imprudence, ce qui lui a valu l'incompréhension d'une partie du monde judiciaire et une volée de critiques.
Si elle donne son feu vert à l'appel du Parquet, les pièces du dossier seront réexaminées par des juges de la Cour suprême d'appel de Bloemfontein (centre). Ses travaux prennent en général plusieurs mois.
Si Mme Masipa s'oppose à un appel, le parquet aura encore une possibilité de recours.
En détention depuis le 21 octobre, Pistorius peut selon son frère voir sa famille 45 minutes par semaine, l'occasion de recevoir un peu d'argent pour améliorer l'ordinaire des repas, avec de la sardine, des fayots en boîte et des barres de goûter.
En tout état de cause, la célébrité et son handicap mettent le sportif à l'abri des mauvais traitements et de la violence de certaines prisons sud-africaines, surpeuplées.