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Le Français Charles Hedrich pose à côté de son bateau à rame à Saint-Pierre, le 25 juin 2013
Le Français Charles Hedrich a perdu son contre-la-montre face aux glaces et le gel prématuré de l'océan Arctique l'a contraint mi-septembre à interrompre sa tentative de première mondiale, la traversée du mythique passage Nord-Ouest à la rame.
Parti du petit village tchouktche de Wales, à l'entrée du Détroit de Béring, le 1er juillet, l'ex-homme d'affaires reconverti en aventurier multicartes a dû rebrousser chemin au niveau du cap Bathurst, à l'entrée du Golfe d'Amundsen, le long des côtes canadiennes, après quelque 1.700 km à la rame en solo.
"+Seuls les glaces et le temps sont maîtres+, a regretté, fataliste, Charles Hedrich, en citant cet adage inuit, dans un entretien à l'AFP, samedi, à Paris, de retour du Grand Nord canadien. Mais pas question pour ce Lyonnais de 55 ans de parler d'échec. Son "rameur des glaces" hiverne à Tuktoyaktuk, hébergé par une famille inuit. Et l'aventure devrait reprendre en juin 2014, dès la refonte des glaces.
"Jamais les météorologues et les Inuits n'avaient vu tant de glace si tard et si tôt", explique Charles Hedrich, bloqué dans sa tentative par ce soubresaut d'un réchauffement climatique qu'il est loin de nier.
Le dégel tardif l'avait déjà retardé près de 10 jours au départ. Puis les glaces l'avaient bloqué cinq jours à Barrow, l'extrême nord de l'Alaska. Là, elles viennent définitivement de le contraindre à hiverner. L'an dernier, elles ne s'étaient pourtant réinstallées qu'à la mi-octobre...
La 2e manche de l'aventure, jusqu'au Détroit de Davis et à la mer de Baffin, sera donc pour l'été prochain.
Au cours de ces deux mois et demi à bord de son rameur des glaces, Charles Hedrich reconnaît avoir souvent songé à l'abandon. "Quatre ou cinq fois". La dernière fois, c'était vers le 10 septembre, après avoir jeté l'ancre dans une lagune, à la hauteur du Cap Dalhousie.
"En l'espace de quelques heures, la mer s'est totalement retirée de la bande de terre sur laquelle j'étais venu m'échouer. Et je me suis retrouvé à 50 mètres de l'eau, posé sur un sable instable sur lequel je ne pouvais prendre aucun appui. Il m'a fallu plus de 24 heures pour tracter le bateau jusqu'à la rive. J'ai cru que j'allais devoir faire appel aux garde-côtes pour sortir de ce piège".
Accueilli à bras ouvert par les populations locales lors de ses différentes étapes pour faire le plein de nourriture, à Kivalina, Prudhoe Bay ou Kavtovik, que ce soit chez les Inupiak, les Tchouktches ou les Inuits, Charles Hedrich a cependant surtout croisé des animaux. "Un aquarium géant", explique-t-il, avec des baleines, quelques orques, des belugas, mais aussi des phoques et des morses. Et, à terre, des ours polaires bien sûr. D'où ce fusil Luger toujours à portée de main, dans le bateau, en cas de rencontre avec un spécimen un peu hargneux.
Quant à son partenaire de galère quotidienne, son "rameur des glaces", une embarcation de 6,80 m en kevlar et carbone, il a tenu le coup. Au prix de quelques menues réparations, comme ces roulements à bille du banc de nage usés et remplacés par les minuscules boules d'acier d'une chaînette de bouchon de lavabo...
Rameur aguerri, Charles Hedrich avait bouclé fin 2012 le premier aller-retour sur l'Atlantique en solo. Après le passage Nord-Ouest, son aventure en cours, c'est toujours le froid qui pourrait accueillir son prochain défi, mais l'Antarctique cette fois, avec la tentative du record de latitude sud à la voile.