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Lancé à l'assaut du Passage du Nord-Ouest en solitaire et à la rame, une première, l'aventurier français Charles Hedrich n'était plus qu'à 250 km du but lundi, au grand nord du Canada, après un long combat face au vent, et une rencontre imprévue avec un ours.
"Je viens de tourner le point le plus au nord de mon voyage, à 74 degrés nord, dans le détroit de Lancaster", a expliqué le Lyonnais de 57 ans à l'AFP, par téléphone satellitaire: "Je suis à 250 km de l'arrivée environ, et maintenant il me reste au mieux 3 ou 4 jours de rame, au pire une dizaine de jours".
Encore quelques dizaines d'heures à peine donc avant l'arrivée prévue dans l'Atlantique, à Pond Inlet, et le dénouement d'une aventure de quelque 6000 km débutée à l'été 2013 et interrompue par deux fois par le retour des glaces.
Charles Hedrich, ex-homme d'affaires reconverti depuis une dizaine d'années en aventurier multicartes, avait entamé son défi le 2 juillet 2013, depuis le minuscule village tchouktche de Wales, en Alaska (Etats-Unis). Objectif: relier la mer de Béring dans le Pacifique à la Baie de Baffin dans l'Atlantique, via ce mythique Passage du Nord-Ouest bloqué une bonne partie de l'année par le froid et les glaces. Une première pour un homme seul, à la rame.
- Deux hivernages -
Lors de sa première étape, Charles Hedrich avait parcouru près de 3000 km avant de devoir laisser son "rameur des glaces" à l'hivernage, en septembre 2013, à Tuktoyaktuk, dans le grand nord canadien, aux confins du fleuve McKenzie et de la mer de Beaufort. Rebelote l'été 2014: il avait parcouru quelque 2000 km cette fois, avant de devoir une nouvelle fois laisser son bateau à l'abri, à Taloyoak, dans la baie de Rasmussen, toujours au Canada.
Reparti le 13 août pour ses 1000 derniers km, l'aventurier lyonnais a d'abord été ralenti par de forts vents de face: "Après avoir fait 50 km à peine, j'ai été bloqué pendant presque sept jours", a-t-il ainsi rappelé à l'AFP lundi. Puis ce fut le détroit de Bellot, un couloir de 36 km aux courants violents, entre deux falaises.
Mais ce périple a aussi été l'occasion d'une rencontre impromptue avec quelques ours polaires pas forcément pacifiques.
- La rame au lieu de la Winchester -
"J'étais au mouillage, à environ 20 m de la berge, et je prenais en photo une mère et son ourson, sur la berge. C'était la tombée de la nuit, j'étais au flash. Ca semblait amuser l'ourson. Et tout à coup je les vois détaler à toute vitesse... Quelques instants plus tard, surgi de nulle part, je vois un gros mâle se jeter à l'eau !"
Problème: Charles Hedrich n'a pas le temps de se saisir de sa Winchester 300 mm. Seule solution donc: lever l'ancre, et partir à la rame...
Pas de difficulté particulière par contre cette année niveau glaces: "Il n'y en a jamais eu aussi peu, et depuis quelques jours j'avance vraiment bien !".
Encore quelques heures, quelques jours au plus, et ce rameur aguerri, auteur en 2012 du premier aller-retour en solo sur l'Atlantique, en 141 jours, en aura donc terminé avec son défi. En trois ans. Plus d'un siècle après Roald Amundsen, premier marin à avoir relié Pacifique et Atlantique via le Passage du Nord-Ouest.
A bord d'un bateau de pêche, le Gjoa, le Norvégien et son équipage de six hommes avaient eux aussi mis trois ans, de 1903 à 1906, pour boucler leur périple.