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Les tifosi de Parme comme le maire de la ville (du parti Mouvement 5 étoiles) se sentent trahis par la faillite annoncée de leur club de football, mais sont prêts à repartir, même tout en bas de l'échelle.
Parme est célèbre dans le monde entier pour son fromage, son jambon et... les banqueroutes de ses clubs. Après le volley-ball, ancien champion d'Europe disparu du sport professionnel, le Parma FC coule pour la seconde fois en dix ans.
S'il est "content" de revoir son équipe sur le terrain dimanche contre l'Atalanta Bergame après deux matches sans jouer faute d'argent, Marco Ortalli, un pilier des tifosi du club, est également "dégoûté, car cela justifie aussi l'hypocrisie du foot italien". "Comment peut-on laisser une équipe commencer le championnat avec 100 M EUR de dettes?", s'interroge ce supporter de 37 ans.
"Si un ouvrier comme moi ne touchait pas son salaire depuis sept mois (comme les joueurs où les employés du club, NDLR), vous croyez qu'il irait travailler?", demande ce gaillard de près de 2 mètres et 100 kg, installé dans les locaux des tifosi, tapissés des photos des années de gloire, trophées (trois coupes d'Europe dans les années 1990) et grands champions (Taffarel, Cannavaro, Buffon...).
Surprise: le président de la faillite, Tommaso Ghirardi, et son directeur sportif, Pietro Leonardi, y figurent encore. Les tifosi "Crociati" (Croisés) n'ont pas le c?ur de les décrocher.
- Pinocchio -
"Ces deux-là, c'est le chat et le renard de Pinocchio, qui convainquent les petits garçons d'enterrer leur sous pour qu'il pousse des arbres à sous", peste Marco, qui vit cette "trahison", "pire que si (sa) femme (le) trompait".
Mais les supporteurs en veulent aussi à la Fédération (FIGC) et la Ligue (Lega) italiennes. "Nous avons été trahis par ceux qui géraient le club, mais aussi par les instances qui n'ont rien contrôlé", accuse le président de la coordination des supporteurs, Angelo Manfredini, 60 ans.
Le vétuste stade Tardini, comme le centre d'entraînement de Colecchio, sont barrés de pancartes "Fermé pour cause de vol" posées par les tifosi amers. Une gestion catastrophique a conduit Parme à la faillite, qui doit être déclaré par le tribunal le 19 mars.
La dette totale atteint aujourd'hui les 200 millions d'euros, selon le maire, Federico Pizzarotti, 41 ans.
"Guère passionné de foot", l'astre montant du Mouvement 5 étoiles (M5S), jeune parti visant à rénover tout le système politique italien, estime que le cas du club est un exemple choquant de "gaspillage", caractéristique de la situation du "calcio".
"Trois-quarts des équipes de Serie A sont endettées pour plusieurs millions d'euros", estime l'entraîneur de Parme, Roberto Donadoni.
- 'Reconstruire sur des bases saines' -
Le maire rappelle que l'équipe de base-ball de Parme, treize fois championne d'Europe (record), "coûte 100.000 euros à l'année, pas de quoi payer un joueur de foot un mois!"
"Le Parma Calcio est déjà tombé (lors du scandale de la faillite de la Parmalat), il faut profiter de cette occasion pour reconstruire des bases saines", explique-t-il à l'AFP.
L'édile a déjà reçu plusieurs candidats à la reprise du club, jugeant "peu crédible" le dernier président en date, le troisième en deux mois, Giampiero Manenti, qui n'a toujours pas fait voir la couleur de son argent.
Tous les prétendants "ont un vrai projet de renaissance", assure-t-il, "dans la transparence des comptes et en repartant avec des jeunes, sans viser tout de suite le haut du classement".
Pizzarotti ne juge "pas si important de savoir si ce sera en (Serie) B (2e div.) ou en D (4e div.)", une fois prise la décision du tribunal. "Les tifosi m'ont dit qu'il valait mieux un honnête homme en D qu'un spéculateur même plus riche en B, un message que je partage", assure le maire.
Marco est de cet avis: "Je supportais Parme dans le ventre de ma mère, je le supporterai en Serie D."