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© AFP/Adrian Dennis
Gautier Simonet, guide d'Assia El Hannouni, lève le bras après le titre de la sprinteuse non voyante aux Paralympiques le 6 septembre 2012 à Londres
Quand Gautier Simounet a franchi la ligne d'arrivée avec Assia El Hannouni, médaille d'or au 200 m, il a levé les bras en signe de triomphe car cette victoire, c'est aussi un peu la sienne, lui qui a couru la main attachée à celle de l'athlète malvoyante pour guider sa foulée.
El Hannouni, qui ne voit presque plus à cause d'une maladie dégénérative, a couru seule le 400 m aux jeux Paralympiques de Londres, décrochant une première médaille.
Mais "au 200m, il me faut un guide car il faut aller plus vite et je ne peux pas voir les couloirs correctement", explique la jeune française d'origine marocaine qui, à 31 ans, totalise huit titres paralympiques.
Elle a rencontré Gautier il y a quelques années à la Fédération handisport. Et trois mois avant les Jeux de 2008, son entraîneur a demandé au jeune homme s'il voulait bien la guider sur le 200m. Le tandem a tout de suite fonctionné.
"On a réussi dès le début de grosses performances", note Gautier. "Forcément, ça motive pour la suite".
Mais guider un athlète malvoyant ne s'improvise pas. "On ne met pas un guide entre les pattes d'un sportif comme ça: c'est d'abord une relation de confiance et d'amitié qui se construit en dehors de la piste", explique le jeune homme de 29 ans.
Viennent ensuite des heures d'entraînement pour travailler la coordination, la synchronisation des mouvements. Car quand elle court avec lui, Assia porte un gant avec une ficelle que Gautier entoure autour de sa main, pour ne faire qu'un au niveau des bras.
Même si un guide ne dépasse pas son athlète pendant la course, il doit être capable de courir plus vite car il ne doit pas se préoccuper de sa propre performance pour se consacrer totalement à celle de son coéquipier. Et ne pas "pourrir sa course" en peinant à tenir la distance ou avec des mouvements de bras mal synchronisés, un croche-pied ou pire une chute, explique Gautier.
Il faut aussi "savoir gérer les moments de doute, les siens, les miens", ajoute le jeune homme. Mais dans les compétitions, être à deux, "ça divise le stress".
"premier guide médaillé"
Etre guide, c'est également accepter une carrière par procuration, de n'être que le "premier bis" en cas de victoire.
"C'est dur d'être un guide: on est totalement transparent, il faut faire preuve de beaucoup d'abnégation", confirme Assia qui entretient avec Gautier une "relation d'amitié fusionnelle".
© AFP/Leon Neal
Assia El Hannouni et son guide Gautier Simounet en finale du 200 m des jeux Paralympiques le 6 septembre 2012 à Londres
"En tant qu'athlète, j'aurais bien sûr aimé faire une carrière à la Usain Bolt, c'est un rêve d'enfant", reconnaît le jeune homme, qui a fait "plusieurs championnats de France, mais ne pouvait espérer de sélection en équipe de France", freiné par des blessures.
Il a donc choisi de se mettre au service d'autres athlètes en parallèle de son travail à la RATP où il bénéficie d'un dispositif spécial pour les sportifs de haut niveau qui lui permet de conjuguer entraînement et obligations professionnelles.
"J'ai vécu des moments exceptionnels que je n'aurais pas pu vivre seul", souligne-t-il. "Des Jeux, des podiums, des Marseillaises, des stades pleins. Y'a pas beaucoup de sportifs valides en France qui ont connu ça".
Sans compter qu'à Londres, le rôle des guides a été valorisé. Leur nom est inscrit au palmarès et ils montent aussi sur le podium pour la remise des médailles. "Je suis le premier guide médaillé", plaisante-t-il.
Son aventure avec Assia touche toutefois à sa fin: la jeune femme a décidé de prendre sa retraite.
"C'est beau de finir sur ce qu'on a fait ici", dit Gautier, ouvert maintenant "à d'autres projets avec d'autres athlètes". "J'ai été heureux de faire ces quatre ans. Assia est une grande, grande sportive".