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Lorsque Kelly Gallagher a été chercher sa médaille d'or de ski aux Jeux paralympiques de Sotchi, la malvoyante a dû faire de la place sur le podium pour sa guide, avec laquelle elle atteint des vitesses dépassant les 100 kilomètres-heure.
Cette Nord-Irlandaise est victime d'une forme d'albinisme congénital qui brouille considérablement la vue. Lorsqu'elle est sur ses skis, elle ne voit rien au niveau de la neige et seul le vent qui lui fouette le visage lui donne des indications sur la vitesse acquise.
Mais sa guide lui fournit en temps réel des indications à travers son casque.
"Elle peut être vraiment dure avec moi en course, mais ça veut dire que je peux faire mieux, explique la skieuse, vainqueur en super-G. Je ne l'aurais jamais fait sans la détermination et le talent constant de Charlotte."
Les skieurs malvoyants ne tarissent pas d'éloges sur le rôle de leur guide qui, eux, s'embarquent dans une carrière compliquée, dépendante de leur athlète, plus encore qu'un entraîneur. Sans parler de la pression liée à sa responsabilité lorsque le skieur descend une pente à la vitesse d'une voiture sur une voie rapide.
"Les personnalités doivent s'entendre, résume Kim Seevers, qui skie comme guide de l'athlète américain Staci Manella. Si vous ne vous entendez pas, cela s'en ressentira pendant la course. Il faut implicitement se faire confiance mutuellement."
Avant l'arrivée de la communication bluetooth, les guides hurlaient leurs consignes aux skieurs, y compris la description des portes, les consignes gauche-droite et autres détails cruciaux. "Maintenant, c'est beaucoup plus simple", reconnaît Seevers.
Mais les deux partenaires doivent aussi être de morphologie semblable, pour éviter les sensations trop différentes face à la pente. Car la distance entre les deux est constante et si le skieur chute, le guide ne peut rien faire.
- 'Suivre le son' -
Les Jeux paralympiques propose des compétitions pour trois sortes de mal-voyance, avec un système de compensations. La plupart sont classés "B2" ou "B3", qui ont conservé respectivement entre 5 et 10% de vision. Ceux qui sont classé "B1" sont légalement "aveugles".
C'est le cas de Lindsay Ball, une Américaine de 22 ans. Lorsqu'elle prendra la départ cette semaine, elle portera des lunettes opaques tandis que sa guide Diane Barras portera sur son dos un kit audio permettant de communiquer.
"Je n'aurais qu'à suivre le son en skiant", explique-t-elle.
"Si nous allons vite, j'en reste à des commandes simples. Vas-y, vas-y, gauche, vas-y, vas-y, droite, explique pour sa part Barras. Je parle tout le temps et elle doit être très concentrée."
Lindsay Ball skie depuis qu'elle a six ans et n'a, selon elle, qu'une seule concurrente à Sotchi dans sa catégorie. "Je me cogne à plus de portes, je tombe plus" que les valides, affirme-t-elle. "Les autres skieurs voient la porte juste avant de la passer et Diane ne peut rien me dire parce qu'elle est devant moi".
Une source de stress importante. Y compris pour les parents, qui seront dans les tribunes. "Ce sont des parents nerveux, c'est clair, dès lors que je ne vois rien et que je vais assez vite, explique-t-elle. Mais ils me soutiennent vraiment."