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© AFP/YASUYOSHI CHIBA
La cavalière singapourienne Gemma Rose Foo lors des Jeux paralympiques, le 12 septembre 2016 à Rio
Dans leurs fauteuils roulants, attendant d'être poussés, ils paraissent faibles, impuissants. Mais quand ils enfourchent leur fière monture, les cavaliers paralympiques de Rio de Janeiro sont métamorphosés.
"Cela me donne ma liberté, cela me rend ma liberté", raconte la Britannique Anne Dunham, qui participe aux jeux de Rio à quelques semaines seulement de son 68e anniversaire. Atteinte de sclérose en plaques, elle est en fauteuil depuis l'âge de 30 ans.
Cette sensation de liberté était dans la bouche de tous les cavaliers participant lundi à l'épreuve de dressage, dans la catégorie 1a, des athlètes les plus handicapés.
L'un après l'autre, ils témoignaient de cette double réalité : quand ils sont au sol, ils sont emprisonnés dans leur corps malade. Sur la selle, ils ont soudain avec eux toute la force d'un animal grand et majestueux.
"Je suis l'égal de beaucoup de personnes et en fait, je suis même meilleur qu'elles une fois que je suis sur mon cheval, car je sais monter", assure Anne Dunham, engagée dans ses cinquièmes jeux paralympiques.
Sa monture, baptisée Lucas Normark ? "C'est l'un de mes meilleurs amis et il m'emmène autour ce monde merveilleux et grand ouvert".
Gemma Rose Foo, cavalière singapourienne de 20 ans, affiche le même enthousiasme : "Le cheval, c'est comme des jambes", sourit celle qui ne peut marcher sans aide en raison d'une paralysie cérébrale.
Les cavaliers paralympiques ne participent pas dans les disciplines les plus risquées, comme le saut. Au dressage, ils doivent démontrer un contrôle parfait de l'animal, sur une séquence pré-établie de mouvements.
Pendant la compétition, un "cheval ami" se tient par sécurité sur le bord du terrain pour rassurer le cheval qui défile. Les cavaliers ayant des problèmes de vue ou de concentration sont aidés par un assistant leur criant des instructions.
Mais le danger reste toujours présent pour ces sportifs qui ne peuvent pas toujours se protéger en cas de chute.
Gemma Rose Foo se souvient ainsi que, lors d'un entraînement en Allemagne en mars, un bruit fort avait effrayé son cheval et l'avait fait tombé. Résultat : une rupture de la rate et des mois de thérapie intensive pour pouvoir venir à Rio.
- 'Ma vie avant la maladie' -
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La cavalière britannique Anne Dunham lors des Jeux paralympiques, le 12 septembre 2016 à Rio
Rien que d'apprendre à monter à cheval, pour une personne handicapée, est un véritable challenge.
Robyn Andrews, 33 ans, était un enfant doué au skate, au Canada, quand on lui a décelé une tumeur au cerveau. Lors de l'opération, les chirurgiens qui voulaient alléger la pression sur son cerveau ont touché l'artère principale, lui causant un accident vasculaire cérébral massif.
Elle en est restée entièrement paralysée. "Elle ne pouvait pas cligner des yeux", se rappelle sa mère Diana.
A 17 ans, Robyn a commencé un cours d'équitation thérapeutique. L'idée alors n'était pas tant d'apprendre à monter à cheval que de faire marcher son corps à nouveau.
Il lui a fallu huit ans pour arriver à rester sur l'animal sans l'aide de quelqu'un.
Mais désormais, elle est en compétition aux jeux paralympiques et retrouve dans les épreuves de dressage les mêmes frissons que quand elle faisait du skate.
"Il y a une similarité", estime-t-elle : "Il y a les figures (à respecter) et il faut les mémoriser".
La Finlandaise Katja Karjalainen se remémore aussi, à cheval, des temps plus heureux : à 54 ans, elle souffre d'une grave maladie neurologique depuis l'âge de 26 ans, qui lui a fait perdre toute coordination des jambes. Elle ne voit plus que faiblement d'un ?il.
Avant ça, elle était en forme, se rappelle-t-elle.
"Quand j'étais en bonne santé, je faisais du saut de haies, donc la course, ça a toujours été quelque chose d'important pour moi", dit-elle avant de fermer les yeux dans un sourire : "Quand je suis sur le cheval, j'ai le souvenir de ma vie avant la maladie".