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© AFP/YASUYOSHI CHIBA
Duel entre la Hongkongaise Chui Yee Yu et la Hongroise Amarilla Veres aux Paralympiques de Rio, le 16 septembre 2016
Les escrimeurs paralympiques rentrent dans l'arène sur les notes de la célèbre musique de James Bond. Mais plus qu'à l'agent 007, c'est à des chevalier médiévaux que font penser ces guerriers obligés de rester assis dans un fauteuil pendant les duels.
Les escrimeurs ont cette particularité, "on fait l'un des seuls sports de combat que l'on pratique en fauteuil", explique le sabreur Pierre Mainville.
Ce Canadien de 43 ans a débuté l'escrime en fauteuil il y 15 ans après avoir été blessé par un policier. Le gardien de la paix, qui venait de se séparer de sa petite amie, a tiré plus d'une quinzaine de fois en direction de la voiture où elle se trouvait en compagnie de trois amis, dont Pierre Mainville.
Le Québecois a été touché six fois et est devenu paraplégique.
Mais si une arme lui a presque ôté la vie, c'est une autre arme, un sabre ancien, qui l'a aidé à s'en sortir.
"Quand vous mettez le masque, vous devenez un guerrier", poursuit-il.
En escrime, les combattants sont assis dans leurs fauteuils, fixés au sol, et leurs membres inférieurs doivent rester immobilisés qu'ils soient paralysés ou non.
Libres à partir de la taille, ces sportifs s'engagent alors dans des duels tactiques, s'approchant, s'esquivant, se penchant en avant, se dégageant en arrière avec leurs épées. La rencontre et le tintement des lames d'acier l'une contre l'autre remplissent l'espace et ne sont interrompus que par cris occasionnels de victoire ou de déception.
"C'est comme les échecs, mais en plus rapide", pointe Pierre Mainville.
- Premier sang versé -
Pendant les duels, les escrimeurs ressemblent à quelque chose entre l'alien, le ninja et le chevalier médiéval. Ils ont des masques sombres et des tenues blanches reliées à un fil pour enregistrer les succès de l'adversaire.
Aux Jeux paralympiques, une couverture ressemblant à une large jupe fluide les couvrent également de la taille aux pieds.
Les vêtements blancs datent de l'époque des duels entre aristocrates, explique le Canadien. "La règle initiale c'était que le premier qui saignait avait perdu. Ensuite, des compétiteurs ont essayé de tricher en portant des tenues sombres donc il a été décidé que tout le monde serait en blanc".
Comme Pierre Mainville, le Brésilien Fabio Luiz Damasceno, s'est retrouvé paralysé après une fusillade qui s'est produite "lors d'un bagarre dans la rue", explique-t-il.
Et à Rio, il n'est pas le seul autre escrimeur à avoir été blessé par une arme à feu.
L'un de ses coéquipiers, Jovane Guissone, a été pris dans des tirs par arme à feu lors d'un cambriolage en 2004 et il a perdu l'usage de ses jambes. Quatre années plus tard, le Brésilien commençait l'escrime en fauteuil et aux Jeux paralympiques de Londres en 2012, il remportait une médaille d'or.
- 'Avoir le bras long' -
Fabio Luiz Damasceno, 33 ans, a lui découvert la discipline, entrée aux Jeux paralympiques en 1960 mais assez récente au Brésil, par "pur hasard".
Et il ne lui a pas été simple d'acquérir les principales aptitudes pour manier ses armes de choix: l'épée et le fleuret. "On travaille à très courte distance et il faut donc attaquer rapidement et sortir de la zone d'attaque immédiatement", décrit-il. "Il faut s'entraîner énormément, répéter les mouvements 10.000 fois pour les faire parfaitement".
Pour lui, il y a de grandes différences entre les compétiteurs, que les spectateurs peuvent à peine voir. Bien qu'ils soient tous attachés dans leurs fauteuils et divisés en trois catégories de handicap pour que la compétition soit plus juste, il peut malgré tout demeurer de grandes écarts entre les conditions physiques et la mobilité.
L'escrimeur brésilien a ses deux jambes mais elles ne répondent pas, alors qu'un adversaire double amputé peut conserver l'usage de ses cuisses et donc avoir plus d'agilité et de force, selon lui.
"En escrime, le but est de toucher votre adversaire. Et de le toucher en premier", conclut-il.
"Il faut avoir le bras long et être malin", résume le Grec Panagiotis Triantafyllou, 30 ans, vainqueur d'une médaille de bronze au sabre jeudi.