Happy Birthday : |
© AFP/CHRISTOPHE SIMON
L'équipe de France de rugby-fauteuil opposée aux Etats-Unis, lors des Jeux paralympiques de Rio, le 14 septembre 2016
"Vas-y, fonce dans le tas": seule discipline ouverte uniquement aux tétraplégiques, le rugby-fauteuil, parfois appelé "murderball", est le sport le plus violent et le plus spectaculaire des Jeux paralympiques.
Sur le parquet, bien harnachés dans leurs fauteuils qui ressemblent à des chars d'assaut blindés, les joueurs de rugby-fauteuil semblent glisser à toute vitesse pour attraper la balle. Mais c'est bien à la force des bras qu'ils se déplacent.
Devenu un sport paralympique lors des Jeux de Sydney en 2000, cette discipline a été inventée en 1977 à Winnipeg, au Canada, par des tétraplégiques qui n'avaient pas les qualités requises pour jouer au basket-fauteuil.
Les joueurs sont classés selon leur niveau de handicap et la mobilité de leurs membres, de 0,5 à 3,5 points, et chaque équipe ne doit pas compter plus de huit points.
Mélange de basket, de volley et de rugby, ce sport oppose deux équipes de quatre joueurs en fauteuil et en muscles qui doivent passer dans la ligne de but adverse avec le ballon.
Dribbles, feintes, slaloms, passes courtes ou longues, mais aussi chocs violents entre fauteuils pour se bloquer, "tous les coups sont permis" dans ce rugby.
- 'Hargne et énergie' -
"Les contacts, l'engagement physique, c'est ça qu'on aime", explique à l'AFP Jonathan Hivernat, le capitaine de l'équipe de France, 7e au classement mondial.
Ce joueur de 25 ans, atteint de la maladie de Charcot, a commencé à le pratiquer il y a dix ans: "c'est très intense, physique. Mais c'est à la hargne et à l'énergie qu'on donne sur le terrain qu'on fait la différence", poursuit-il.
Pendant quatre périodes de huit minutes chacune, qui semblent en durer vingt, la "pression" est constante, selon lui, car les joueurs attaqués de toute part ne peuvent garder la balle plus 10 secondes et doivent dribbler ou faire une passe.
En défense, les joueurs les moins mobiles sont chargés de bloquer leurs adversaires pour les empêcher de progresser sur le terrain. En attaque, les joueurs qui ont le plus de mobilité se faufilent dans les brèches pour se rapprocher de la ligne de but adverse.
Certes violent, le rugby-fauteuil est néanmoinsl'un des rares sports mixtes et compte quelques femmes dans ses équipes.
"Elles sont très fortes, elles n'ont pas peur de foncer dans le tas", indique Riadh Sallem, joueur de l'équipe de France âgé de 46 ans.
Miranda Biletski, Canadienne et première femme à avoir participé à une finale mondiale de rugby-fauteuil en 2014, est l'une d'elle.
© AFP/Bob Martin for OIS
Le Français Christophe Salegui tente une passe par-dessus l'Américain Joshua Brewer, aux Paralympiques de Rio, le 14 septembre 2016
Pour elle, intégrer l'équipe du Canada a été comme "trouver onze nouveaux frères".
"J'aime le côté agressif", dit la joueuse de 27 ans, qui s'est blessée à la moelle épinière en faisant de la plongée quand elle était adolescente. "Avant mon accident, je faisais du waterpolo de compétition. J'aimais déjà donner des coups de pied et des coup de poing dans l'eau".
- Changement de roue -
Le public brésilien, parfois frileux dans les tribunes quand son pays ne joue pas, n'a pas boudé son plaisir jeudi après-midi pendant les matches survitaminés du redoutable Canada face à la Grande-Bretagne, puis du Japon, qui a battu la France.
Entre cris et "olas", il a vibré avec ces "rugbymen" qui semblent installés dans des autos-tamponneuses.
A chaque "boom", le public s'exclame, curieux de ce sport où, dès qu'un fauteuil perd un roue, on vient la remplacer sur le terrain et, dès un joueur bascule à terre, le jeu s'arrête pour qu'on vienne le redresser.
Véritables boucliers, les fauteuils de compétition, plus bas et munis de deux roues arrières anti-bascule, doivent être changés tous les "deux ou trois ans", selon le joueur canadien Byron Green.
"Si je n'étais pas dans l'équipe du Canada, il tiendrait peut-être quatre ans... mais on est des brutes", plaisante-t-il. Une chose est sûre pour le joueur, "après chaque paralympiques, ils sont bons pour la casse".