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L'athlète sud-africain Oscar Pistorius, accusé du meurtre de sa petite amie, le 22 février 2013 au tribunal de Pretoria
Le champion handisport sud-africain Oscar Pistorius, inculpé pour le meurtre de sa petite amie au matin le 14 février, à Pretoria, doit savoir vendredi à 12H30 GMT s'il est remis en liberté sous caution ou s'il ira en prison, en attendant un procès qui n'aura pas lieu avant plusieurs mois.
Oscar Pistorius, 26 ans, actuellement détenu dans un Commissariat de police, affirme qu'il a tué son amie Reeva Steenkamp par erreur, pris de panique alors qu'il l'a prise pour un cambrioleur caché dans les toilettes. La victime, qu'il fréquentait depuis novembre, était un mannequin assez connu en Afrique du Sud. Elle avait 29 ans.
L'avocat de la défense Barry Roux s'était employé depuis mardi à discréditer le sérieux de l'enquête pour affirmer que l'accusation n'était pas fondée. Vendredi, c'est le procureur Gerrie Nel qui est passé à la contre-offensive, au quatrième jour d'audience au tribunal d'instance de Pretoria.
Le procureur a regretté notamment que l'accusé n'ait pas pris la mesure de son crime.
"Je n'ai vu nulle part (...) je n'ai pas entendu: +J'admets que j'ai causé une mort illégalement+", a-t-il lancé, estimant que les pleurs de Pistorius depuis mardi au tribunal relevaient plus de l'apitoiement sur lui-même que du remords.
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Le procureur Gerrie Nel lors de la comparution de l'athlète sud-africain Oscar Pistorius accusé de meurtre, le 19 février 2013 au tribunal de Pretoria
A propos de la demande de libération sous caution, Gerrie Nel a été particulièrement sarcastique. "Ce que nous lisons, c'est: +Donnez-moi mon passeport. Laissez-moi sortir, poursuivre ma carrière.+ C'est +business as usual+."
"Quel genre de vie mènerait une personne qui doit utiliser des prothèses, s'il doit fuir?", a interrogé le juge Desmond Nair, le risque d'une fuite à l'étranger du champion double amputé ayant été soulevé par le ministère public.
"Une vie de liberté. Une vie pas en prison. Quel genre de vie aurai-je partout sauf en prison?", a répondu le procureur.
"S'évader partout avec ces prothèses?" a insisté le juge, ironique, provoquant des rires dans le public.
Gerrie Nel a estimé que Pistorius ne devait pas être traité différemment parce qu'il porte des prothèses.
Dans une récente interview, Oscar Pistorius disait être à l'étranger huit mois par an, dont quatre mois en Italie.
"Il ne l'a pas dit, mais il doit savoir qu'il devrait être condamné. Il doit se rendre compte de ce qu'une longue peine de prison est presque garantie", a encore lancé le procureur Nel dans son réquisitoire.
L'avocat d'Oscar Pistorius, qui plaide depuis trois jours la thèse d'un pur accident, a soudain reconnu vendredi que son client risquait d'être condamné pour homicide volontaire, car il a tiré à quatre reprises à travers la porte des toilettes, alors qu'il n'était pas clairement en position de légitime défense.
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Le policier Hilton Botha lors de l'audience d'Oscar Pistorius, le 19 février 2013 au tribunal de Pretoria
"Parce qu'il a agi au-delà de ce qu'une personne raisonnable aurait fait, il risque d'être condamné pour homicide volontaire", a lâché l'avocat Barry Roux, un chef d'accusation passible de quinze ans de prison en Afrique du Sud.
"Ce que le Parquet ignore peut-être, de temps en temps, c'est qu'il n'avait pas l'intention de tuer Reeva", a insisté l'avocat, alors que le ministère public a évoqué la préméditation.
Mais ce débat est prématuré, a-t-il ajouté, la procédure en cours au tribunal d'instance de Pretoria ayant uniquement pour objet de décider si Pistorius doit attendre en prison le procès sur le fond de l'affaire, qui n'est pas prévu avant plusieurs mois. Autrement dit, de décider si l'athlète constitue un danger pour la société ou s'il risque de fuir la justice de son pays.
La plupart des analyses des pièces à conviction et des expertises balistiques et psychiatriques ne sont d'ailleurs pas encore disponibles.
L'affaire avait connu un rebondissement majeur jeudi, lorsque la police a admis que l'enquêteur principal Hilton Botha était lui-même sous le coup de poursuites pour tentatives de meurtre.
Il a été dessaisi de l'enquête quelques heures plus tard, après que la défense lui eut fait admettre que son travail avait été mal ficelé et que la version des faits d'Oscar Pistorius était crédible.
Les enquêteurs, entre autres étourderies, n'ont pas mis de chaussures de protection sur les lieux du crime, n'ont pas vérifié les appels téléphoniques de l'accusé, ont oublié une douille tombée dans la cuvette des toilettes...
Dans sa plaidoirie jeudi, Me Roux avait mis en cause "la faible qualité des preuves" étayant la thèse du meurtre prémédité évoqué par le ministère public, fustigeant "les lacunes catastrophiques du dossier du parquet".
Il a souligné vendredi qu'Hilton Botha avait admis que les explications d'Oscar Pistorius étaient plausibles "parce qu'il n'avait pas d'alternative".
Quant a l'entraîneur Ampie Louw, il a affirmé que Pistorius pourrait reprendre l'entraînement "lundi", et que cela lui changerait les idées.