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Fabrice Pellerin, entraîneur des filles depuis quatre mois en équipe de France et ex-mentor des champions olympiques Yannick Agnel et Camille Muffat, a souhaité "beaucoup plus d'exigence" après les mauvais résultats des Bleues aux Mondiaux-2015 de natation à Kazan.
Q: Comment expliquer ces mauvais résultats chez les filles?
R: "C'est compliqué à expliquer à chaud, mais il y a des éléments qui reviennent à chaque fois. On a des filles qui savent se sélectionner sur des critères qui leur permettent de venir ici (aux Mondiaux), de nager le matin, de donner le paquet pour entrer en demi-finales, mais il y a un décalage entre le niveau que les filles atteignent lors des sélections et le niveau d'un événement comme celui-ci. C'est ce qui manque à Charlotte (Bonnet) et à d'autres pour éviter de basculer du mauvais côté".
Q: Ne faudrait-il davantage d'exigence en équipe de France?
R: "Un peu plus d'exigence ferait du bien, beaucoup plus même. Il faudrait qu'il y ait un chrono qui traduise véritablement le niveau qu'il faut ici pour ambitionner une médaille. Il faut élever l'exigence. Ça ferait du bien à tout le monde, ça ferait peut-être un peu drôle au début, on partirait peut-être à moins nombreux (aux mondiaux) mais on ne vivrait pas des déceptions, des désillusions. Si demain, on part avec huit ou dix nageurs, moitié filles moitié garçons, qui ont rempli des critères sévères, ce serait dix nageurs qui potentiellement pourraient choper une médaille. C'est une philosophie, mais ça n'est pas à moi de la mettre en place".
Q: Quelle photographie avez-vous pris de cette équipe de France à Kazan?
R: "On n'a une population touristique, contente d'être là, qui regarde le décorum, heureuse du voyage. Elle est saine et motivée. Mais soyons honnêtes, on est quand même dans une natation qui se construit au travers d'individualités et quand on les retire, il ne reste pas grand chose. Il suffit qu'il manque un Yannick (Agnel), une Camille (Muffat)? On a Florent (Manaudou) qui tire vers le haut, mais les filles notamment ne sont pas inspirées par une leader. Notre réalité, c'est des filles qui ont des qualités, qui s'entraînent bien, qui ont vraiment des ambitions, mais qui n'ont pas le niveau. J'ai bien peur que les filles découvrent ça au dernier moment. Notre système fait qu'on sélectionne un groupe de filles, on les applaudit en leur disant qu'elles ont fait un super Championnat de France, on se prépare. Et ici, on s'aperçoit qu'on n'a pas les moyens de combattre. Il n'y a pas cent mille solutions. Soit on continue comme ça, soit on prépare le jour-J de façon plus sérieuse et ça passe par les critères. C'est ce que je souhaite, mais ça n'est pas mon travail".