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© AFP/GABRIEL BOUYS
La nageuse française Charlotte Bonnet lors des JO de Rio, le 8 août 2016
Sans stars et sans espoirs, la natation française peine à se relever des JO de Rio où elle s'est écroulée après des années fastes et s'apprête à vivre une ère particulièrement complexe.
Les Bleus ont vécu la plus belle olympiade de leur histoire de 2012 à 2016, portés par des champions d'exception tels que Florent Manaudou, Yannick Agnel et Camille Muffat.
Mais ce fut un clap de fin brutal aux JO-2016 avec juste deux médailles d'argent, dont une seule en individuel, celle de Manaudou sur 50 m libre. Pire, l'équipe de France s'est entredéchirée devant les caméras du monde entier, au Brésil...
"Cet été tout le monde s'est tiré dans les pattes, ce n'est pas sain. Le public n'a retenu que la mauvaise ambiance. Il va falloir y aller pour changer ça", lance Charlotte Bonnet, qui, à 21 ans, se voit remettre entre les mains les rênes de l'équipe féminine. Et la Niçoise ne se voile pas la face.
"Il faut dire les choses comme elles sont, dans quatre ans ça va faire encore plus mal. Il y aura des épreuves sur lesquelles il n'y aura plus personne", poursuit Bonnet, qui a intégré les Bleus en 2011, à 15 ans.
De fait, la natation française n'a pas préparé la relève des Manaudou et autres et elle doit déjà faire face à de sérieuses lacunes. Des juniors performants manquent cruellement à l'appel.
- 'Pas le désert' -
C'est en septembre 2015 seulement qu'a été initié le projet "Gavroche 2024", destiné à détecter puis accompagner les espoirs de demain. Trop tard pour 2020 donc.
"En 2011, on parlait de médailles. Là on parle de qui peut se qualifier", regrette la nageuse, qui se sent "seule". "Il faut créer un collectif et c'est ce qu'il n'y a pas aujourd'hui".
Inquiète, elle n'entend pas pour autant baisser les bras. D'autant qu'elle est l'une des rares athlètes sur qui la France peut compter pour briller. Avec Jordan Pothain, qui appelle à "laisser du temps au temps".
Dans le camp des coaches, Philippe Lucas veut tempérer l'état de catastrophisme déclaré par certains.
"C'est pas le désert comme je l'entends. On verra dans 4 ans si l'athlé fait 6 médailles. Ca a été leurs Jeux, ce qu'ils ont fait est super. La natation, ça a été ça aussi pendant des années", souligne l'ex-mentor de Laure Manaudou, pour qui le raté des JO de Rio était inéluctable.
"Ca devait arriver à un moment, on n'est pas une grande nation de la natation", assène-t-il.
Pour Lucas, qui reconnait le raté dans le suivi des juniors, 4 à 5 nageurs sont actuellement en mesure de porter haut les couleurs de la France. Il retient d'abord Pothain (22 ans), qui vise le titre sur 400 m libre aux JO-2020.
- Opération ralliement -
"Il est sérieux, il sait ce qu'il veut, il est structuré, il a un bon entraîneur (Guy La Roca, ndlr). C'est l'avenir, ça doit être le chef de file de la natation française".
"Dans la natation, il faut un leader dans les nageurs et après un leader dans les entraîneurs", conclut Lucas.
Le Directeur technique national Jacques Favre, pas épargné par les critiques, en appelle à la cohésion pour repartir.
"Il y a des leçons qui doivent être tirées. Maintenant il faut avancer et se mettre d'accord sur des valeurs communes. Il y a quelque chose à construire ensemble maintenant", se défend-il.
Le DTN et le président de la Fédération française (FFN) Francis Luyce profitent des championnats de France petit bassin, à Angers, pour présenter un projet aux entraîneurs, à moins de cinq mois des élections fédérales. Luyce, qui brigue un 7e mandat consécutif, est mis à mal.
Contesté par l'ancien champion Alain Bernard, il a été désavoué en octobre par les membres du comité directeur qui ont rejeté à près de 64% sa proposition de modification du mode de scrutin.
Et il pourrait bien se retrouver face à un adversaire lors de l'élection, ce qui ne lui est arrivé qu'une fois en 23 ans de pouvoir. Gilles Sezionale, président du Comité régional Côte d'Azur, a fait part de ses velléités. La fin d'une époque?