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© AFP/Vincenzo PINTO
Le pilote français de l'écurie Yamaha Tech3, Johann Zarco, échange avec ses mécaniciens en marge du GP moto d'Italie au Mugello, le 3 juin 2017
De ces six tours passés en tête lors du Grand Prix inaugural au Qatar à son premier podium au GP de France, pour sa cinquième course seulement parmi l'élite, Johann Zarco, novice en MotoGP, ne cesse d'impressionner.
Ses proches décryptent pour l'AFP les raisons d'une adaptation express, qui a fait naître l'espoir d'une première victoire française dans la catégorie reine de la vitesse moto depuis Régis Laconi en 1999.
. Patience
On s'est étonné que le Français rempile en Moto2 après avoir obtenu le titre en 2015, alors même qu'il avait des pistes pour rejoindre la catégorie supérieure. "On a essayé de ne pas brûler les étapes, rappelle son entraîneur et manager Laurent Fellon. On attendait la bonne équipe et la bonne moto", pour espérer prétendre à la distinction de meilleur +rookie+ puis à une machine officielle. Le pari s'est avéré payant, avec l'année suivante un doublé inédit depuis la création de la catégorie en 2010. Un bonus d'expérience et de confiance qui n'est pas étranger à la rapide acclimatation de l'Avignonnais au MotoGP, à l'âge -assez élevé pour la catégorie- de 26 ans.
. Ambition et exigence
"Johann veut être champion du monde, pose d'emblée son mentor. Il veut gagner, pas faire deuxième, pas être un Poulidor." Pour y arriver, Zarco et l'homme qui l'entraîne depuis ses 13 ans ont mis en place une "méthode assez rigoureuse". Sa pierre angulaire: "l'exigence", estime Guy Coulon, chef mécanicien du Français chez Tech3. Après le podium au Mans, "ma réflexion a été: +tu es presque au-delà de ce que tu pouvais espérer, ne te repose pas là-dessus, raconte le pilote, à la recherche de ce qui lui a manqué pour s'imposer. Au lieu de partir de zéro, tu es déjà à cinq ou six. Le but, c'est d'arriver à dix le plus rapidement possible". Une réaction que ne reniera pas son coach, pour qui "si on veut grandir, il faut réfléchir à ce qu'on a mal fait".
. Bonne attitude
Ceux qui le côtoient vous le diront: Johann Zarco a une tête bien faite. "Il est très calme, à l'écoute et très réfléchi. Il essaye toujours de comprendre les choses, affirme Laurent Fellon. "Ses résultats, je les explique par le pilote! A la fois les bras, les jambes et la tête, ajoute Hervé Poncharal, l'expérimenté patron de Tech3. Contrairement à beaucoup d'autres pilotes que j'ai eus, il ne compare pas sa moto aux Yamaha officielles. Il reste concentré sur ce qu'il a à faire, sur les moyens à sa disposition et comment en tirer le maximum." "Cet état d'esprit supprime bien des problèmes et des fausses excuses", abonde Guy Coulon. Le chef mécanicien ajoute: "très peu de pilotes sont capables de donner les bonnes directions aux ingénieurs de l'usine pour faire avancer la moto. Johann fait partie des cinq qui le font... ou pourront le faire prochainement". Dès qu'il se sera vu confier une moto officielle.
. Entourage
Si Johann Zarco n'est pas le pilote le plus entouré du paddock, il l'est incontestablement bien. "Il y a une osmose avec Laurent (Fellon)", admet le pilote. "Je l'ai vu arriver chez moi petit, à 13 ans, je lui ai appris à piloter, je l'ai vu grandir. Je le connais par coeur, ses points forts, ses points faibles, ses qualités. On est une équipe, il y a une sorte d'osmose, oui", confirme l'intéressé. Et chez Tech3, l'écurie française qui a mené son compatriote Olivier Jacque au titre de champion du monde 250cc en 2000, le novice peut s'appuyer sur l'expérience de figures emblématiques du paddock, Poncharal, lui-même ancien pilote, et Coulon.
. Moto "gagnante"
Zarco et son coéquipier roulent sur les machines utilisées l'an dernier par l'écurie officielle Yahama, ce qui n'est pas réputé pour être un avantage... Et pourtant, il se montre régulièrement capable de suivre le rythme de Maverick Vinales et Valentino Rossi au guidon de la version 2017. "Il n'y a pas beaucoup de différence, assure le pilote. La moto officielle est peut-être un peu plus agile et stable, mais c'est plus une question de réglages". La +Yam+ 2016 était bien née, elle s'est bonifiée avec l'âge et ne réserve plus de surprises, permettant à ceux qui la manient de s'adapter rapidement à toutes les conditions, quand sa petite soeur est encore imprévisible.