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La lanceuse de marteau Alexandra Tavernier, médaillée de bronze mondiale à 21 ans avec un premier essai à 74,02 m, jeudi à Pékin, était "super contente" mais aussi un peu déçue d'avoir raté le record de France (74,66 m).
Q: Vous êtes sur le podium et pourtant pas totalement satisfaite. Pourquoi ?
R: "Je suis super contente de mon premier jet. J'aime faire des gros coups dans les premiers lancers. Mais ça m'a coûté beaucoup physiquement. Je pensais battre le record de France, mais il me manquait énormément de jus. Je ne crache pas sur la médaille. Je fais 74 m, c'est ma troisième performance. Et je suis contente surtout de l'avoir fait aux Mondiaux deux fois, dont une en finale. Et 76 m (la Chinoise Zhang Wenxiu, deuxième avec 76,33 m), ce n'est pas encore à ma portée".
Q: Y-a-t-il d'autres explications ?
R: "C'est mon premier grand championnat. Il a fallu que j'apprenne ce que c'est la pression. Zurich (sixième), c'était le Championnat d'Europe. Les Mondiaux, c'est autre chose. J'ai vraiment essayé de travailler techniquement et il ne me manquait pas grand-chose, surtout sur le troisième essai mordu. Mais les filles étaient toutes entamées, la chaleur était étouffante. Il va falloir comprendre pourquoi j'ai eu une perte d'énergie après le premier jet. Il y a des facteurs qui jouent. Je suis restée trop longtemps sur le terrain hier (mercredi lors des qualifications, ndlr), arrivée à sept heures et rentrée à une heure de l'après-midi. Je n'arrive pas encore à gérer le temps".
Q: Comment vous sentez-vous après cette médaille ?
R: "Je ne réalise pas. (Elle s'asseoit) Tout s'enchaîne, je n'ai même pas eu le temps de profiter. Je me suis presque fait agresser pour monter sur le podium, alors que ça devrait être un moment de plaisir. Je vais digérer ça avec mes parents, en petit comité, avec Gilles (Dupray, le responsable des lancers, détenteur du record de France, ndlr), Walter (Ciofani, son entraîneur resté en France, ndlr)".
Q: Cette médaille, vous y croyiez ?
R: "Avec Walter, ça faisait bien longtemps qu'on y pensait. Je me place parmi les leaders pour arriver à Rio, à seulement 21 ans, ce qui n'est pas anodin. J'espère que ça donner des idées aux petites jeunes qui arrivent derrière moi. Je veux que le marteau français évolue, qu'il soit mis plus en avant."
Q: Manuela Montebrun, qui reste la recordwoman nationale, vous a-t-elle inspirée ?
R: "J'avais un poster d'elle derrière ma porte. C'était, je crois, une photo de Paris-2003 (médaille de bronze mondiale pour la Lavalloise, ndlr). J'espère en être digne, car c'est quand même une institution. C'est la première lanceuse de marteau (française) qui a fait une médaille en grand championnat. J'espère que j'aurai quelques médailles. J'avais dit que je n'attendrais pas dix ans".
Q: Le marteau est-il le parent pauvre de l'athlétisme ?
R: "C'est quand même une discipline belle à voir, ça fait des ressentis, des frissons. Je suis aidée un peu par la +Fédé+. Mais les lancers ce n'est pas quelque chose qui est mis en avant par la +Fédé+. J'espère que cette médaille va me permettre au moins de retomber sur mes pieds en fin de mois."
Q: Comment êtes-vous tombée marteau de la discipline ?
R: "Le déclic? J'ai remplacé quelqu'un aux interclubs à 15 ans. Je faisais du 50 m haie. Mon père a fait du poids toute sa vie, ma mère pareil. Ils ont voulu me faire faire de la gym, de la la danse. Ca a duré 15 jours. Mon frère cadet Hugo (15 ans) lance aussi le marteau, il est 6e des France de sa catégorie de jeunes mais sans record de France ".
Propos recueillis en conférence de presse