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Tout ça pour ça: aucun des trois Français -une première aux Mondiaux d'athlétisme- de la finale du 110 m haies n'est monté sur le podium, vendredi soir à Pékin, où la Néerlandaise Dafne Schippers a réécrit l'histoire du 200 m en 21 sec 63.
S'ils avaient insisté la veille sur la force d'équipe, toute relative dans une course individuelle, les trois Tricolores ont bien dû constater leurs limites actuelles.
Pourtant, Pascal Martinot-Lagarde, quatrième en 13 sec 17, ne regrettait rien, comme dans la chanson. "J'ai tout donné, j'ai pris les risques qu'il fallait. J'ai fait le bûcheron, j'ai cassé de la barrière. Ayant tout essayé, je n'ai aucun regret. Et même si je ne m'écrase pas sur la sixième haie, je ne fais pas le podium (13.04 pour l'Américain Aries Merritt)", a commenté +PML+.
Le moins coté du trio, Dimitri Bascou, a pris la cinquième place dans le même centième que +PML+. "Ça reste un peu en travers de la gorge. Je me suis appliqué, mais il manquait un peu de relâchement. C'est une expérience", a souligné le Francilien.
Revenant de deux saisons difficiles sur le plan physique, Garfield Darien a terminé huitième et dernier (13.34).
- La perfection de Shubenkov -
C'est le +loup+ sibérien Sergey Shubenkov qui, au bout de sa perfection technique -aucune haie tombée-, est descendue pour la première fois sous les 13 secondes (12.98), devenant le premier Européen champion du monde depuis Ladji Doucouré, celui qui a inspiré la génération actuelle des Français, en 2005 à Helsinki.
"Je ne me souviens de rien à propos de la course. J'ai entendu le starter, j'ai ouvert les yeux et c'était fini", a remarqué Shubenkov, qui a offert son premier or à la Russie.
En établissant un nouveau record continental -l'ancien (21.71) appartenait à Marita Koch et Heike Drechsler, les Walkiries de l'ex-RDA-, Dafne Schippers, la blonde à la queue de cheval, a aussi signé le quatrième chrono de tous les temps.
Depuis Marion Jones (21.62), en 1998, aucune sprinteuse n'avait été aussi rapide. L'Américaine était ensuite tombée pour dopage (affaire Balco).
Bien sûr, Florence Griffith-Joyner (21.56 en séries puis 21.34, record du monde en finale), qui avait éc?uré la concurrence aux Jeux de Séoul en 1988, n'a jamais été contrôlée positive. Mais de fortes rumeurs de dopage ont entouré ses performances et son décès soudain à 38 ans, dans son sommeil, n'ont fait qu'ajouter des soupçons.
Déjà deuxième du 100 m (10.81, record national), Schippers, 23 ans, est le prototype de l'athlète résistant à la vitesse, capable de terminer très fort.
Ce travail de fond, elle l'avait déjà entamée quand elle était une des meilleures heptathlètes du monde, avant que son entraîneur Bart Bennema ne la pousse vers le sprint pur.
L'essai probant lui avait valu deux titres européens (100/200 m) l'an dernier à Zurich.
- Comparaisons flatteuses -
Avant même ses succès en Suisse, la jeune femme acceptait les comparaisons flatteuses avec son illustre compatriote Fanny Blankers-Koen, reine des Jeux de Londres 1948 en sprint (quatre médailles).
Schippers et la Jamaïcaine Elaine Thompson, également 23 ans, qui a réalisé 21 sec 66, sont le présent et le futur du demi-tour de piste.
A la longueur, l'Américaine Tianna Bartoletta, dix après Helsinki sous son nom de jeune fille (Madison), a été à nouveau sacrée grâce à un dernier essai à 7,14 m (+1,2 m/s).
La Britannique Shara Proctor (7,07 m) et la Serbe Ivana Spanovic (7,01 m), médailles d'argent et de bronze, ont pourtant chacune établi des records nationaux.
C'est la première fois depuis les Mondiaux-1991 à Tokyo que trois sauteuses passent les 7 mètres dans le même concours.
Sur 100 m haies, la surprise est venue de la déroute des Américaines, le titre revenant à la Jamaïcaine Danielle Williams.