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La police brésilienne a annoncé jeudi chercher activement à identifier un membre de la Fifa qu'elle soupçonne d'être le cerveau d'un considérable et juteux trafic de revente frauduleuse d'entrées pour les matches du Mondial.
Le trafic porte sur la revente de dizaines de milliers de billets en tribune VIP - 1000 par match pour un prix de base de 1000 euros- et était actif depuis les quatre derniers Mondiaux, ont expliqué les enquêteurs.
Onze personnes ont été jusqu'à présent interpellées, mardi à Rio et Sao Paulo, dans le cadre de "l'opération Jules Rimet", du nom de l?ancien président de la Fédération internationale de football et initiateur de la Coupe du monde en 1930.
Elles vont être poursuivies pour "blanchiment d'argent, association de malfaiteurs et revente au marché noir".
Parmi elles figure un ressortissant franco-algérien, Lamine Fofana, résidant à Dubaï, que les enquêteurs ont d'abord considéré comme le responsable de l'organisation.
"Mais après son arrestation, nous nous sommes rendu compte qu'il y avait quelqu'un au-dessus de lui, à la Fifa, avec un intermédiaire à Match Hospitality", prestataire de la Fifa, a déclaré jeudi le commissaire de police Fabio Barucke, lors d'une conférence de presse à Rio.
- Copacabana Palace -
"L'Algérien(...) a obtenu les billets par le biais de Match Hospitality, ce qui suggère la participation de la Fifa", a ajouté le policier.
Match Hospitality, prestataire officiel exclusif de la Fifa pour l'hébergement et les services réservés à des clientèles particulières, "fait à présent l'objet d'une enquête", a-t-il souligné.
Le commissaire a expliqué que l'enquête s'était d'abord déroulée dans le secret et sans contact avec la Fifa.
Mais à présent, "nous demandons l'aide de la Fifa pour identifier cette personne de la Fifa, un étranger qui est logé à l'hôtel Copacabana Palace", dans la zone touristique de Rio, a-t-il souligné.
"Nous voulons identifier depuis le dernier échelon du réseau, les revendeurs devant les stades, jusqu'à ceux qui sont au-dessus de Lamine Fofana, qui lui fournissaient les billets", a ajouté le policier pour qui la Fifa devrait "revoir son mode de distribution des billets".
De son côté, la Fifa a réagi prudemment. "Nous attendons d?avoir tous les éléments de cette enquête et ne pouvons pas faire de commentaire pour le moment", a déclaré jeudi matin sa chef de la communication Delia Fisher, lors de la conférence de presse quotidienne.
"Si la Fifa est effectivement impliquée, il faut enquêter", a déclaré jeudi à Sao Paulo l'ancien président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, qui avait décroché l'organisation du Mondial au Brésil.
"Il n'est pas normal qu'il existe un marché parallèle pour un événement de cette magnitude. Il y a des gens qui gagnent beaucoup d'argent avec cela. Nous ne pouvons pas le permettre", a-t-il dit lors d'une conférence de presse.
- L'aide de la Fifa -
Le commissaire chargé de l'enquête a souligné que la police fondait ses soupçons sur les déclarations faites en garde à vue par l'une des onze personnes interpellées, qui espère en contrepartie être libérée.
"Mais nous ne savons pas si son témoignage aura été suffisamment important pour parvenir à identifier" le membre de la Fifa recherché.
"Nous avons quelques éléments sur la personne et l'aide de la Fifa va être indispensable pour avoir son nom complet", a-t-il assuré.
Le commissaire Fabio Barucke a confirmé des informations de presse selon lesquelles le système frauduleux avait fonctionné "pendant les quatre derniers Mondiaux", soit depuis 2002. "Là où il y a Mondial, cette organisation se rend dans le pays hôte" a-t-il dit.
Le procureur brésilien Marcos Kac, qui supervise l'enquête, avait déclaré mercredi soir à l'AFP que l'organisation incriminée "facturait beaucoup d'argent pour chaque match".
"Elle vendait environ mille entrées par match avec un prix de base de 1000 euros pour chacune", avait-il précisé.
"Cela fonctionnait comme une bourse des valeurs", a expliqué jeudi le commissaire Barucke. "Le prix du billet était négocié à chaque match en fonction de la demande; ça aurait pu atteindre 30.000 reais (10.000 euros) en finale avec le Brésil".
Le trafic porte sur une catégorie de billets fournis à titre gracieux par la Fifa à ses sponsors, des fédérations et à la commission technique de la sélection brésilienne.
"Nous avons écouté 25.000 conversations téléphoniques et nous en avons encore 50.000 à analyser. Nous allons continuer à découvrir des choses", a ajouté le policier.
Après la fin du Mondial, le 13 juillet, les polices vont collaborer au niveau international pour arrêter d'autres personnes impliquées et qui auront quitté le Brésil, a-t-il souligné.
Pour le Mondial-2014, les billets arrivaient par avion dans les différents Etats où avaient lieu les matches au Brésil et une personne les recevait à l'aéroport pour la revente à la porte des stades.
"C'est à travers l'un de ces revendeurs que la police est arrivée à Lamine Fofana. Il y a aussi un Chinois à Sao Paulo que nous essayons d'identifier, a souligné le policier.