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Le "Général" a fendu l'armure: les yeux d'Ottmar Hitzfeld se sont embués à la fin du 8e de finale de son équipe de Suisse contre l'Argentine (0-1 a.p.) dans le Mondial-2014, coïncidant avec celle d'une riche carrière.
L'entraîneur allemand de 65 ans, qui va devenir commentateur à la télévision, avait annoncé sa décision en octobre dernier, et sera remplacé par Vladimir Petkovic, dont le contrat entrait en vigueur le... 1er juillet 2014. De l'horlogerie suisse.
Comme un hommage du football à cet entraîneur qui aura marqué le tournant du siècle, Hitzfeld prend sa retraite dans la foulée d'une fin de match épique. "Dans ces trois dernières minutes, nous avons encore vécu ce qui peut se passer dans une vie d'entraîneur", a-t-il lâché après s'être ressaisi de l'émotion qui l'avait étreint.
Un moment rare de la part de cet homme surnommé le "Général" pour sa posture presque martiale. Un moment survenu, aussi, le jour où il a appris la mort de son frère aîné, d'une maladie.
Or, on se tromperait sur cet austère qui se marre, selon Michel Pont, son adjoint: "C'est viscéralement un perfectionniste, il a envie de maîtriser tout ce qu'il peut, et donc, il se maîtrise aussi, ce qui lui donne un côté austère de l'extérieur, alors qu'il est chaleureux et plein d'empathie".
- Palmarès -
Il est en tout cas entré dans le Gotha des entraîneurs, avec sept Championnats d'Allemagne et trois doublés Coupe-Championnat. Mais surtout deux Ligues des champions (1997 et 2001): il fait partie des cinq techniciens couronnés dans l'épreuve-reine avec deux clubs différents, en compagnie d'Ernst Happel, José Mourinho, Jupp Heynckes et Carlo Ancelotti.
C'est à Dortmund (1991-1997) que Hitzfeld gagne ses galons de général de haut niveau, avec la conquête de l'unique C1 du Borussia en apothéose. Confirmation ensuite du profil de père-la-victoire au Bayern Munich, en deux temps (1998-2004 et 2007-2008). Fin psychologue, "M. Hitzfeld" y joue un rôle capital dans l'adaptation de Franck Ribéry.
Les larmes l'avaient déjà assailli à son départ définitif du Bayern en 2008. La "meilleure qualité de vie" expliquait son choix de connaître sa première expérience à la tête d'une équipe nationale.
Et celle-ci ne pouvait être que la Suisse, le pays d'adoption de "Gottmar", son surnom jouant sur le mot "Gott" (Dieu), lui qui est né à Lörrach, dans le sud de l'Allemagne, près de la frontière helvète.
Joueur, hormis un passage à Stuttgart, il avait fait l'essentiel de sa carrière (1971-1983) dans la Confédération, à Bâle, Lugano et Lucerne. Ce buteur décroche quelques titres mais aucune cape en sélection A. Et c'est naturellement dans ce pays qu'il débute sur le banc et enrichit son palmarès (Zoug, Aarau, Grasshopper).
- Bilan -
Fin 1997, il décline le poste de sélectionneur de la "Nati", "c'est encore trop tôt pour que je rentre en Suisse". Le 1er juillet 2008, le moment est venu.
A l'heure du bilan ?
Côté positif: outre des victoires de prestige en amical contre l'Allemagne et le Brésil, il y eut celle, retentissante, contre l'Espagne (1-0) championne d'Europe et bientôt du monde dans le tournoi sud-africain de 2010. La Suisse fut la première équipe européenne qualifiée pour la Coupe du monde 2014, et pour la première fois de son histoire en tant que tête de série, du haut d'un excellent 6e rang au classement Fifa, sous l'impulsion d'une jeune génération menée par Shaqiri.
Côté négatif: le Mondial-2010 s'est achevé en eau de boudin avec une élimination dès le premier tour, suivie d'une absence de l'Euro-2012. Et la qualification pour la Coupe du monde actuelle est à relativiser par la faiblesse du groupe (Islande, Slovénie, Norvège, Albanie et Chypre).
L'objectif officiel y est atteint, les 8e de finale, mais pas le "rêve" qu'il avait évoqué d'"écrire l'histoire" en envoyant la "Nati" en quarts 60 ans après, ce qui aurait été une première suisse dans la formule actuelle du tournoi.
Le règne de "Gottmar" en Suisse avait commencé par une humiliante défaite face au Luxembourg (2-1). Il s'achève au pays du "futebol" sur une passe décisive de Messi. Auf Wiedersehen, Herr Hitzfeld.