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Le plan de sécurité du Brésil pour le Mondial-2014 est ample et minutieux: les scénarios prévus vont de la bagarre de supporters à l'attaque terroriste, mais ce sont les manifestations qui préoccupent le plus les autorités.
"Nous avons défini 15 domaines d'intervention depuis un an et demi, et avons élaboré des protocoles d'action pour chacun des cas, tous soumis à de multiples essais (...). Nous sommes prêts, même si en termes de sécurité, on ne peut jamais relâcher son attention", a expliqué à l'AFP le secrétaire du gouvernement chargé des grands événements, Andrei Rodrigues.
Quelque 157.000 militaires et policiers seront déployés dans les douze villes hôtes de la compétition (12 juin-13 juillet). Environ 20.000 vigiles privés (1.800 par match) officieront dans les stades. En outre, 120 policiers de 40 pays collaboreront avec les autorités brésiliennes dans le secteur du renseignement.
Le coût total de ce dispositif est estimé à 860 millions de dollars (630 millions d'euros).
- Manifestations moindres -
Plusieurs manifestations ont été convoquées pour le Mondial par des militants qui espèrent reproduire la vaste fronde sociale qui avait secoué le pays en pleine Coupe des Confédérations en juin 2013.
Des centaines de milliers de personnes étaient descendues dans les rues pour réclamer de meilleurs services publics, critiquer la corruption et la facture faramineuse du Mondial.
"Nous avons le sentiment qu'elles seront de moins grande dimension", a avancé le ministre de la Justice, José Eduardo Cardozo, la semaine dernière.
La police militaire (PM), responsable de l'ordre public et de la gestion des manifestations, s'est préparée, y compris avec l'appui de la police fédérale des Etats-Unis (FBI) et des CRS français.
Les policiers militaires se sont dotés d'un uniforme perfectionné, une carapace à la "Robocop". A Rio, la police montée a même renouvelé son stock de fers à cheval.
- Escortes renforcées -
Personne ne touchera à un cheveu des sélections, avait promis la présidente Dilma Rousseff fin avril. Mais ces derniers jours, le bus de l'équipe du Brésil a tout de même été cerné par des enseignants en grève, qui y ont collé des autocollants, et l'ont bloqué momentanément à l'aéroport de Rio.
Le gouvernement a alors immédiatement pris la décision d'envoyer l'armée en renfort pour protéger les centres d'entraînements, hôtels et déplacements des sélections, qui débarquent au compte-goutte depuis la semaine dernière au Brésil.
- Terrorisme improbable -
La possibilité d'une attaque terroriste au Brésil est jugée très faible. Mais le gouvernement a ajusté ses protocoles de prévention et de combat. L'armée dispose d'équipes de défense chimique, radiologique et nucléaire, ainsi que d'un centre de sécurité cybernétique.
A Manaus (nord), les autorités travaillent sur un "niveau de grande alerte" en matière de terrorisme car la capitale amazonienne accueillera des matches des Etats-Unis, de l'Angleterre et de l'Italie.
"La présence de ces sélections nous oblige à redoubler d'attention", selon le secrétaire adjoint à la sécurité aux grands événements, Dan Câmara.
Les militaires et la police fédérale surveillent également l'espace aérien et les longues frontières (16.000 kilomètres) partagées avec neuf pays et la Guyane française.
- Renforts aux pacifications -
Des narcotrafiquants ont essayé ces derniers mois de récupérer les territoires qu'ils ont perdus à partir de 2008 à l'occasion des opérations de "pacifications" dans des dizaines de favelas de Rio. Ils ont attaqué plusieurs postes de police implantés dans ces zones déshéritées et tué six agents.
La police, de son côté, est souvent accusée de brutalité, voire de torture et d'assassinats. En avril, un jeune danseur est mort d'un coup de feu qu'on présume tiré par un policier dans une favela de Copacabana, le quartier le plus touristique de Rio. Son décès avait déclenché une violente émeute.
Beaucoup de ces favelas jouxtent des quartiers huppés et d'importantes voies d'accès à la ville. La police a décidé d'ajouter 450 personnels de patrouilles dans ces "communautés" occupées. Dans l'immense Complexe de la Maré, ensemble de favelas proche de l'aéroport international, quelque 2.700 militaires assurent l'ordre jusqu'au 31 juillet.
- Tablettes interdites -
Instruments de musique, feux d'artifice, armes, drapeaux sur hampe ou grandes pancartes: la liste des objets interdits dans les stades du Mondial est longue, et inclut les ordinateurs et les tablettes électroniques.
Même la "caxirola", cet instrument de percussion pourtant promu par le gouvernement lui-même comme équivalent brésilien de la vuvuzela sud-africaine, a été retoquée par la Fifa après que des supporters en avaient lancé sur le terrain lors de matches tests l'année dernière.