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Michel Platini joueur ne cessait de dire que dans le foot le plus important c'est le contrôle; pour Didier Deschamps sélectionneur aussi le contrôle est primordial, celui du ballon, certes, mais surtout celui qu'il exerce sur l'environnement de l'équipe de France au Mondial.
Si le groupe "vit bien", selon l'expression employée communément par les joueurs, il le doit, outre aux résultats actuels, largement au sélectionneur qui l'a constitué le 13 mai dernier. Celui-ci a évidemment tiré les enseignements du barrage retour contre l'Ukraine, mais également ceux de la déroute à l'aller à Kiev et de deux années passées à la tête des Bleus.
A ce titre sa décision forte a été d'écarter l'élément perturbateur Samir Nasri, au talent évident mais au caractère potentiellement néfaste au collectif, sans que personne n'y trouve à redire quoi que ce soit.
Le sélectionneur n'a pas d'état d'âme dès qu'il s'agit d'insuffler le bon état d'esprit et de le préserver.
Pour le président de la Fédération française de football, Noël Le Graët, "il est à la fois proche des joueurs, dur quand il convient de l'être, mais régulier". Le management à la mode Deschamps est avant tout une question de dosage.
Ainsi, sur la question potentiellement sensible pour l'image des Bleus de l'utilisation des réseaux sociaux juste avant et pendant la Coupe du monde, il a joué la carte de la responsabilisation, en autorisant ses joueurs à s'exprimer par cette voie, avec pour règle "de faire attention au contenu". Au final, les nombreux selfies témoignant de la bonne humeur ambiante dans le groupe augmentent son capital sympathie auprès du public.
Deschamps a forcément un avis, mais il n'est pas toujours définitif. Mathieu Valbuena en est la preuve, lui qui a longtemps bataillé du temps de l'Olympique de Marseille pour "rentrer dans ses petits papiers". Au final, le meneur de poche a même su convaincre le patron de lui donner les clés du jeu des Bleus.
- Autorité naturelle -
Si le Marseillais constate que DD "arrive à mobiliser, à concerner tout le monde, à tirer de chaque joueur le meilleur", Olivier Giroud en donne la raison: "On a beaucoup de respect pour sa carrière, pour ce qu'il a accompli en tant que joueur et entraîneur, ça lui donne une grande crédibilité et une grande légitimité à nos yeux."
L'autorité naturelle du sélectionneur lui permet cette emprise sur son groupe sans que celui-ci s'en trouve étouffé. La moindre frustration est tuée dans l'oeuf, comme justement celle du Gunner, déçu de n'avoir pas débuté contre le Honduras, mais qui est revenu plus fort contre la Suisse avec un but et une passe pour sa première titularisation.
La maîtrise tactique de Deschamps remporte de fait l'adhésion de tous, même celle de la presse avec laquelle il maîtrise également les débats.
Au traditionnel jeu du chat et de la souris que se livrent généralement un sélectionneur et les journalistes à propos de la composition d'équipe du lendemain, DD a montré qu'il contrôlait la situation dans ce Mondial.
Sa façon de brouiller les pistes lors des deux séances d'entraînement précédant le match contre la Suisse (5-2) lui a permis de titulariser Sissoko à la place de Pogba sans que personne n'ait pu anticiper cette décision. Affront supplémentaire, Sissoko savait depuis la veille qu'il jouerait et rien n'a filtré.
Si son contrôle semble de tous les instants, une faille peut toutefois apparaître comme lorsque le médecin des Bleus Franck Le Gall a lancé la polémique des seringues avec son confrère du Bayern Munich après le forfait de Franck Ribéry. Dès lors, à sujet brûlant, communication fermée.
Si, de l'intérieur, Mathieu Debuchy se félicite d'avoir en Deschamps "le sélectionneur idéal, car on peut échanger beaucoup avec lui", de l'extérieur la presse s'interroge jusqu'à quel point son contrôle agit.
"Mais je ne suis pas là avec un joystick (manette de jeu) pour télécommander" les joueurs, s'agaçait-il récemment, alors qu'il lui était demandé si les manifestations de joie collective après les buts de son équipe résultaient de consignes de sa part.