Happy Birthday : |
Le quart de finale du Mondial contre l'Allemagne, vendredi au Maracana de Rio de Janeiro, va offrir au sélectionneur Didier Deschamps une passe d'armes tactique de haut vol contre son homologue Joachim Löw, tout aussi féru que lui de l'exercice.
Mardi en conférence de presse, au lendemain de la victoire en 8e de finale contre le Nigeria (2-0), le sélectionneur des Bleus a été très peu disert lorsqu'on lui demandait d'évoquer le style de jeu de la Nationalmannschaft, prétextant qu'il n'avait pas encore vu tous ses matches dans le tournoi. Comme si DD ne connaissait pas les dangers et les failles allemandes...
Son quasi-silence a clairement marqué un basculement dans sa façon de communiquer, d'appréhender publiquement un adversaire dans cette Coupe du monde. Jusque-là, en presque trois semaines de compétition, il n'avait pas hésité à s'épancher sur le Honduras, la Suisse, l'Equateur et même le Nigeria avant le 8e de finale où la pression reposait plus sur les épaules de la France favorite.
Il avait aussi donné des indices sur ses choix tactiques à ceux qui savaient lire entre les lignes et qui avaient encore en tête les enseignements de certains matches de préparation.
Face à cette Allemagne qui disputera son 17e quart de finale en 18 participations et aura les faveurs des pronostics, ce n'est pas parce que les Bleus, désormais outsiders, semblent libérés du poids de l'objectif initial des quarts de finale que Deschamps allait prendre à la légère ce rendez-vous. Bien au contraire.
Deux raisons à cela: à ce stade du Mondial, chaque détail compte, surtout ceux qu'on révèle. Ensuite se dresse face à DD, un technicien en la personne de Löw aussi adepte du tableau noir que lui et qui inspire plus de méfiance, sans les offenser, que Luis Fernando Suarez (Honduras), Ottmar Hitzfeld (Suisse), Reinaldo Rueda (Equateur) et Stephen Keshi (Nigeria).
Une méfiance qui trouve sa source dans la roublardise du sélectionneur allemand qui n'hésite pas à varier de façon imprévisible ses schémas, mû par la chance de posséder des joueurs polyvalents, de très haut niveau et pour la plupart multi-titrés au Bayern Munich.
- Partie d'échec et de poker -
L'adversaire est donc de taille. Aussi, Deschamps, qui est un des rares techniciens à concéder parfois faire ses choix tactiques ou ses compositions d'équipes en prenant en compte le profil de l'adversaire, se passera bien cette fois d'apporter de l'eau au moulin de Löw, en décelant tel ou tel aspect du jeu allemand sous peine de se faire surprendre.
Pour cette passionnante partie d'échec à distance qui s'annonce, l'ancien joueur et capitaine des Bleus, le seul encore en lice pour espérer soulever le trophée suprême en tant qu'entraîneur depuis l'élimination des Etats-Unis (par la Belgique 2-1 a.p.) de Jürgen Klinsmann, a ainsi enclenché le verrou. Rien ne doit filtrer de ses intentions.
Pour lui, au fond, le match a d'une certaine façon déjà commencé. Comme Löw, Deschamps ne s'est jusqu'à présent pas reposé sur une seule animation. Si son 4-3-3 reste la base depuis sa restauration lors de l'exploit homérique du 19 novembre contre l'Ukraine en barrage retour (3-0), les différents joueurs qui l'ont composé au fil des match ont montré qu'il y avait de la variété dans le jeu.
A ce titre, s'agissant du secteur offensif français, la partie d'échec pourrait laisser place à une partie de poker, avec une grande part de bluff.
Griezmann plus habile techniquement, part favori pour compléter le trio d'attaquants avec Benzema et Valbuena. Mais rien pour l'heure n'indique que Giroud, décevant contre le Nigeria, n'ait pas sa chance dans l'optique de perturber la tour de contrôle Mertesacker, avec son impact physique et son jeu de tête.
Tout comme rien n'interdit Deschamps de surprendre en lançant Rémy, dont la pointe de vitesse et la capacité à prendre la profondeur peuvent être des armes face au haut positionnement de la défense allemande et la tendance qu'a Neuer de déserter ses cages.
La bataille tactique bat déjà son plein.