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L'Allemand Thomas Müller postule aux titres de champion du monde, Ballon et Soulier d'Or, dimanche face à Lionel Messi après avoir éclipsé Cristiano Ronaldo: l'air de rien, ce drôle de buteur peut s'inscrire dans la grande histoire de la Coupe du monde.
UN BUTEUR...
Question buteurs, il y a bien sûr les superstars Messi et Neymar, 4 buts chacun. Mais devant, à cinq unités, se tient "Miller", comme l'appellent les Brésiliens: trois buts contre le Portugal (4-0), renvoyant Cristiano Ronaldo à ses tubes de gomina; un but d'une belle frappe enroulée contre les États-Unis (1-0) et l'ouverture du score en demi-finale contre le Brésil, à la réception d'un corner, prélude au "Mineirazo" (7-1).
S'il marquait encore une fois, au Maracana, l'attaquant au léger accent bavarois (55 sélections, 22 buts) rejoindrait James Rodriguez en tête du classement des buteurs mais obtiendrait le Soulier d'Or, en raison de l'avantage qu'il a en passes décisives par rapport au Colombien (3 contre 2).
Il serait alors le premier joueur à recevoir deux fois ce trophée, après 2010 (5 buts mais plus de "passes déç" que Villa, Sneijder et Forlan). D'où son exclamation en début de tournoi: "J'ai pris le Soulier d'Or il y a quatre ans, qu'est-ce que je ferais d'un deuxième? Il y a un titre bien plus important que je n'ai pas encore".
"Quand je marque, ça m'aide sur les deux tableaux, même si l'un des deux est plus important", a répété vendredi le joueur qui a prolongé jusqu'en 2019 avec le Bayern Munich juste avant la compétition. Bref, priorité à la médaille d'or.
A plus long terme, avec déjà 10 buts en Coupes du monde, il peut aussi détrôner son coéquipier Klose, devenu lors du "Mineirazo" le meilleur buteur de la compétition (16 réalisation). En sont persuadés Ronaldo, le "Fenômeno" dépossédé de ce record, ainsi que son sélectionneur Joachim Löw et le légendaire buteur allemand Gerd Müller. Car l'air de rien, Thomas M. n'a que 24 ans!
ATYPIQUE...
Dante, le défenseur central brésilien du Bayern, "nous le connaissons parfaitement, nous connaissons ses forces et faiblesses, mais lui connaît les nôtres... sauf pour Thomas Müller, nous-mêmes on ne sait jamais à quoi s'en tenir avec lui", avait spontanément lâché Schweinsteiger dimanche en riant.
Müller, qu'il soit titularisé en "faux 9" ou sur une aile, c'est la surprise permanente, un joueur "imprévisible, peu orthodoxe", selon Joachim Löw, fasciné parce qu'il ne sait pas lui-même "en tant qu'entraîneur les déplacements qu'il fait", ce qui rend son attaquant "très difficile à marquer" pour les adversaires.
Ce garçon dégingandé et sec (1,86 m, 74 kg) n'est pas un monstre technique, ni physique, excepté dans l'endurance (3e au nombre de kilomètres parcourus derrière les Néerlandais Sneijder et Robben, qui ont disputé une prolongation de plus). "Il n'a pas de muscles, mais aujourd'hui il a été très fort", avait dû reconnaître, après son triplé, Diego Maradona. Lequel, il y a quelques années, avait pris le jeune homme pour un... ramasseur de balle !
Atypique aussi son attitude sur le terrain: dans cette Nationalmannschaft aux allures de machine où tout est sous contrôle, le N°13 (clin d'oeil au "Bomber" Gerd) est le seul à piquer régulièrement des colères, à chaque décision arbitrale qu'il estime injuste, ou à entrer dans des altercations (par exemple avec le Portugais Pepe, exclu). Mine de rien, Thomas M. est un hargneux.
... ET RIGOLO
Cet homme marié très tôt et à la biographie vierge de tout scandale régale sans cesse ses coéquipiers et les journalistes de traits d'humour, de propos décalés. "Quand j'appelle à la maison, je leur dis qu'on va mettre plein gaz pour qu'ils aient encore de bonnes parties de barbecue à célébrer en cette bonne saison", lance-t-il par exemple.
Comme par hasard, il est celui qu'on remarque sur la photo prise dans le vestiaire après Allemagne-Portugal: les joueurs entourent la chancelière Angela Merkel; lui est demi-accroupi, torse nu, mains jointes vers le bas, une serviette pour pagne et une mine d'ahuri.
Il twitte peu, mais a publié deux photos de lui avec l'arcade sourcilière droite recousue, au premier tour, comme fier de "ressembler un peu à un boxeur :-)".
Un rien l'amuse. Mais avec la Coupe du monde, c'est du sérieux.