Happy Birthday : |
"Quand je fais un discours, il faut toujours qu'il la ramène", avait dit le manager Oliver Bierhoff: sur le terrain, Thomas Müller "l'a ramenée" dès les débuts de l'équipe d'Allemagne dans le Mondial-2014, lundi, avec un triplé contre le Portugal (4-0).
Et trois qui font huit: avec un penalty et deux buts de renard, l'attaquant du Bayern Munich a "ramené" aussi au Brésil son efficacité mondialiste, lui le meilleur buteur de la dernière édition en Afrique du Sud (5 réalisations).
"J'ai marqué trois buts, ça n'arrive pas tous les jours, mais c'est vrai que dans les Coupes du monde, ça se passe pas trop mal pour moi jusqu'à présent", a-t-il réagi en rigolant.
C'est un drôle, mais pas un rigolo. Au Mondial-2010, il s'était fait un prénom sous l'écrasante homonymie du mythique "Bomber", son compatriote Gerd Müller.
Au sélectionneur argentin, le non moins mythique Diego Maradona, qui l'avait pris quelques mois plus tôt pour un... ramasseur de balle, il avait montré qui il était, avec un but en quarts de finale (4-0) contre l'équipe sud-américaine.
"Il n'a pas de muscles, mais aujourd'hui il a été très fort", a dû reconnaître Maradona sur la chaîne vénézuélienne Telesur après le match de lundi.
A 24 ans seulement et avec la perspective réaliste de pouvoir disputer encore au moins deux Coupes du monde, Müller compte déjà huit buts en sept matches! A ce rythme, le retraité brésilien Ronaldo, détenteur du record de buts dans la compétition (15), doit-il le craindre davantage encore que le vétéran Miroslav Klose (14), resté sur le banc contre le Portugal?
"On reste calme, c'était le premier match, modère Müller. On est là pour devenir champions du monde, pas pour des records. Les trucs individuels, ils viennent ou pas, on verra, je suis très relax avec ça, comme toujours". Grand sourire.
- Il éclipse CR7 -
Voilà Müller, ce boute-en-train dégingandé, décontracté, à mettre son grain de sel ici et son ballon là, dans les filets. Le monde entier attendait la superstar Cristiano Ronaldo, Ballon d'Or 2013 gominé et bodybuildé? C'est Thomas Müller qui s'est "ramené", grand dadais au look post-ado.
Son physique est aussi sec (1,86 m, 74 kg) que sa personnalité joviale, prompte à arrondir les angles d'une équipe et les chiffres d'une partie, lui qui a atteint lundi les 20 buts en 50 sélections lors du 100e match de la Nationalmannschaft en Coupe du monde.
"Quand je fais un discours, il faut toujours qu'il la ramène, mais ça le rend aussi sympathique, avait exactement dit Bierhoff, la semaine dernière. Il a une bonne mentalité, de l'ambition, et ça convient bien à notre philosophie".
"Il est très extraverti, avait enchaîné le sélectionneur adjoint Hansi Flick. Il donne tout jusqu'à la dernière seconde, et c'est un joueur sur lequel on peut compter. Il est très consciencieux, mûr, et s'identifie avec les objectifs".
- 'Peu orthodoxe' -
Car ce gai luron, bardé de titres depuis ses débuts en 2008-2009 au Bayern avec notamment le triplé Ligue des champions-Championnat-Coupe d'Allemagne en 2013, et qui vient de prolonger jusqu'en 2019, est d'abord un joueur précieux, par sa polyvalence, sa générosité et surtout son sens du but. Un joueur différent.
Joachim Löw lui a ainsi tressé une louange assez singulière. "C'est un joueur peu orthodoxe, je ne sais pas moi-même en tant qu'entraîneur les déplacements qu'il fait", ce qui le "rend très difficile à marquer" pour les adversaires, s'est félicité le sélectionneur.
Il a choisi le Bavarois en "faux 9" pour son efficacité et ce côté imprévisible, qui a dû agacer le défenseur central Pepe, exclu après une altercation avec lui peu après la demi-heure de jeu.
"C'est un gars insouciant, cool. Il dit avant le tournoi qu'il aimerait bien être de nouveau meilleur buteur d'une Coupe du monde et met tout de suite trois buts. Il est aussi décontracté que consciencieux et il propage sa bonne humeur. Un tel gars nous fait du bien", a résumé pour l'agence SID (filiale de l'AFP) le président de la Fédération allemande, Wolfgang Niersbach.
Un président qui n'attend rien moins que ce gars "la ramène". La quatrième étoile, un quatrième titre mondial pour l'Allemagne.