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Depuis sa nomination en août 2011, le sélectionneur argentin Alejandro Sabella a pris plusieurs mesures à forte portée symbolique qui expliquent en grande partie le parcours de l'Albiceleste jusqu'à la finale du Mondial-2014, dimanche contre l'Allemagne.
Selon son agent Eugenio Lopez, le technicien, qui aura 60 ans en novembre, compte quitter son poste après la Coupe du monde. "Je suis certain qu'Alejandro ne continuera pas avec l'équipe. Il a rêvé de cela (la finale) toute sa vie, il a travaillé et s'est efforcé d'y parvenir. Il a donné tout ce qu'il a pour l'Argentine", a-t-il déclaré vendredi à la radio Delta FM.
. Les pleins pouvoirs à Messi
Cinquième sélectionneur argentin depuis 2004 et le départ de Marcelo Bielsa, Sabella n'a pas tardé avant d'imprimer sa marque sur sa nouvelle équipe. La première décision majeure de son mandat a été de confier le capitanat à Lionel Messi. La passation de pouvoirs entre l'ancien titulaire du brassard Javier Mascherano et la star argentine a été scellée lors d'une réunion organisée à Barcelone en 2011, quelques semaines après l'intronisation du sélectionneur. Le but de Sabella était clair: placer "Leo" dans les meilleures conditions et bâtir enfin une formation entièrement dévouée à son service, à l'image de ce qu'avait réussi Carlos Bilardo avec Diego Maradona en 1986. La filiation entre Sabella et Bilardo est manifeste, ce dernier, directeur des sélections au sein de la Fédération argentine, ayant joué un rôle central dans la promotion de celui qu'il avait dirigé à l'Estudiantes La Plata en 1982. Le résultat ne s'est en tout cas pas fait attendre et l'Argentine a enfin pu compter sur un Messi tel que l'Europe a l'habitude de l'admirer sous le maillot du Barça. "La Pulga" a ainsi inscrit 10 buts en 14 matches qualificatifs pour envoyer son équipe nationale au Brésil.
. Une campagne qualificative sans faute
Le billet pour le Brésil a été acquis sans trop de soucis et Sabella y a gagné en crédibilité et en légitimité après avoir longtemps été dans l'ombre de Daniel Passarella dont il a été l'adjoint en sélection entre 1994 et 1998 avant de l'accompagner en Uruguay, à Parme, à Monterrey, aux Corinthians et à River Plate. Avec 9 victoires, 5 nuls et 2 défaites, l'Argentine a survolé la zone Amsud devant la Colombie et le sélectionneur a commencé à échafauder ses plans en vue du Mondial, osant se passer notamment des services du populaire Carlos Tevez.
. Tévez écarté
Sabella a tranché dans le vif en écartant l'Apache de sa liste des 23. La sentence était attendue, l'attaquant de la Juventus Turin n'ayant jamais été convoqué par le sélectionneur. La campagne intense menée sur les réseaux sociaux pour le retour de Tevez (30 ans, 64 sélections), ses 19 buts avec la Juventus Turin et son titre de champion d'Italie dès sa première saison en Serie A n'ont pas fait changer d'avis Sabella, qui a préféré tout miser sur ses "Quatre Fantastiques", Messi, Agüero, Higuain, Di Maria. Personne n'ose aujourd'hui lui en vouloir.
. Sauvé par le Messi
Les trois premières années sans accrocs de Sabella n'ont pas empêché des débuts plus que poussifs en Coupe du monde. Sans inspiration, fébrile en défense, l'Albiceleste est sortie du premier tour uniquement grâce au talent de l'incomparable Messi, auteur de 4 buts. Le N.10 s'est même permis une petite critique sur la tactique de son sélectionneur, semant quelque peu l'embarras. Qui sait ce qu'aurait été le destin de l'Argentine sans l'inspiration géniale de son capitaine contre l'Iran dans les arrêts de jeu (1-0)? Les deux buts encaissés face au Nigeria (3-2), conjugués à la blessure de Kun Agüero et à l'inefficacité de Higuain n'ont fait qu'ajouter au doute avant un changement radical dès le début des rencontres à élimination directe.
. La métamorphose
Tout a changé dès les 8e de finale. Sabella a opéré des changements, homéopathiques à première vue mais qui ont fonctionné à merveille. En défense, Fernandez a cédé la place au vétéran Demichelis (33 ans). Le duo formé avec Garay en charnière centrale n'a toujours pas encaissé le moindre but depuis 3 matches. Au milieu, Biglia, champion du monde des moins de 20 ans avec Messi en 2005, a avantageusement remplacé un Fernando Gago à bout de souffle. L'influence de "Leo" a sans doute été cruciale dans la promotion de Biglia alors qu'"El Jefecito" Javier Mascherano est toujours aussi rayonnant dans l'entre-jeu. L'Argentine a retrouvé ses vertus légendaires, cette combativité et cette hargne qui ont de tout temps fait partie de l'ADN de son football. Malgré le coup de mou de Messi en demi-finales face au Pays-Bas (0-0 a.p., 4-2 t.a.b.), la force collective de l'Albiceleste, incarnée par le gardien Sergio Romero, héros de la séance des tirs au but mais doublure à Monaco la saison dernière, a soudainement refait surface. C'est aussi cela la patte Sabella.