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"Il faut faire valoir le poids du maillot", a lancé le milieu brésilien Fernandinho. Si l'expression signifie que la tradition doit l'emporter, elle interpelle aussi sur l'énorme pression exercée sur la Seleçao avant son quart de finale à Fortaleza (22h) face à une Colombie libérée avec un James Rodriguez marchant sur l'eau.
Contre le Chili, le Brésil a perdu ses moyens, paralysé par la peur, et il n'a dû sa qualification qu'à un tir échouant sur la transversale à la dernière minute, puis un poteau sortant au dernier penalty.
Les 200 millions de Brésiliens qui veulent voir leur équipe éliminer la Colombie touchent du bois pour que leurs joueurs se réveillent enfin et jouent au niveau attendu.
Luiz Felipe Scolari doit faire face à trois chantiers en quelques jours: guérir les joueurs de leur peur, retrouver une animation offensive digne de ce nom et... bloquer James Rodriguez.
Le coach a fait appel en urgence à une psychologue, Regina Brandao, chargée de redonner confiance à une équipe dont le capitaine Thiago Silva a fondu en larmes avant même la séance de penalties contre Chili.
"Felipao", qui pense que tout est lié, espère qu'avec la confiance le jeu reviendra; mais il a reconnu en petit comité ce que tout le monde crie haut et fort depuis le début du Mondial: le Brésil n'a pas de fond de jeu et s'en remet uniquement à Neymar, auteur de 4 buts jusque-là. Le ballon n'arrive jamais à l'avant-centre Fred, donnant l'impression que le Brésil joue à 10.
- Jogo bonito colombien -
Privé d'une des rares satisfactions du Mondial, son régulateur Luiz Gustavo, suspendu, Scolari devrait redonner sa chance à Paulinho, médiocre lors des trois premiers matchs mais au comportement de patron, même s'il n'a pas joué, avant la séance de tirs aux buts contre le Chili.
L'idée de Scolari est simple: retrouver la circulation du ballon vers l'avant de Hulk et Oscar, qui pour le moment jouent souvent vers l'arrière.
Dernier chantier, il faut stopper James "Bond" Rodriguez et la Colombie. Car, depuis le début du Mondial, l'équipe qui pratique le +Jogo bonito+ (beau jeu), c'est l'autre pays du café, la Colombie ! Pas le Brésil.
Les Cafeteros, qui jouent aussi en jaune, sont la seule équipe des huit quart-de-finalistes à être arrivée là en dégageant une impression de facilité déconcertante.
- 'Pas là pour le spectacle' -
La Colombie s'attaque toutefois à un gros morceau avec le pays hôte. Le sélectionneur argentin de la Colombie, José Pékerman, sait qu'il faut se méfier. La rencontre doit lui rappeler quelques souvenirs: il s'était fait sortir aux penalties avec l'Argentine en 2006, par l'Allemagne en Allemagne, en quart de finale...
Mais avec un James Rodriguez étincelant, tout est possible. Car le meilleur buteur du tournoi (5) est aussi un passeur et il est soutenu par un Cuadrado ouvrant des brèches et libérant de l'espace pour le maître à jouer. Radamel Falcao paraît déjà de l'histoire ancienne...
James, prononcé +Ramess+, contre Neymar, c'est d'ailleurs le match dans le match. Un duel entre deux gamins de 22 ans qui cristallisent sur leurs personnes les espoirs de leur pays respectif. "Nous tombons sur un rival très dur, une équipe du Brésil qui possède de grands joueurs. Mais eux aussi doivent penser que nous avons de grands joueurs", a souligné James Rodriguez.
Neymar lui renvoie la politesse: "C'est un excellent joueur, un crack malgré son jeune âge (...) Avec tout mon respect, j'espère que son cycle va se terminer ici et que le Brésil va continuer sa route".
Et le jeune prodige brésilien se moque bien de la manière, du jogo bonito et tout le reste: "On n'est pas là pour le spectacle. C'est la dernière chose que nous essayons de faire. On est là pour courir, jusqu'au bout de nos forces, et sortir vainqueurs". En mouillant un maillot qui pèse lourd.