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La mégapole de Sao Paulo se prépare à un lundi chaotique, à trois jours d?accueillir le coup d'envoi du Mondial, avec la poursuite de la grève des employés du métro pourtant jugée illégale.
Cette grève risque fort de provoquer comme en fin de semaine dernière des embouteillages monstrueux et menace de perturber sérieusement la cérémonie du Mondial et le match d'ouverture Brésil-Croatie jeudi.
Les grévistes qui réclament un fort réajustement salarial en raison de la hausse du coût de la vie sont passés outre, dimanche, une décision du tribunal régional du travail qui a déclaré leur grève illégale et fixé une amende de 100.000 réais (environ 30.000 euros) par jour d'infraction. Ils ont voté en assemblée générale la reconduite de leur mouvement.
La grève affecte partiellement trois des cinq lignes du réseau. Mais cela avait suffi jeudi et vendredi pour plonger dans le chaos cette mégapole engorgée de 20 millions d'habitants, avec un pic de plus de 250 km de bouchons.
- "Lutte" -
Une manifestation est convoquée dès 07H00 du matin (10h00 GMT) à partir de la station de métro Santa Rosa par des mouvements sociaux "qui appuient notre grève et notre lutte", a déclaré dimanche soir à l'AFP un porte-parole du syndicat du métro, Tiago Pereira, qui compte 9.000 adhérents. "La grève va continuer, jusqu'à la victoire", a ajouté ce porte-parole. Et le temps que cela prendra dépend à présent du gouverneur. "C'est à lui de résoudre la situation".
Plusieurs organisations sociales de gauche, traditionnellement en pointe de manifestations qui ponctuent le quotidien des Brésiliens depuis la révolte sociale de juin 2013, comptent se joindre à la marche.
Parmi elles figurent le Mouvement des sans logis (MTST), émanation urbaine du Mouvement des sans terre. Cette organisation a récemment mobilisé quatre milliers de manifestants aux abords de l'Arena Corinthians, le stade à peine achevé théâtre du match d'ouverture, bloquant le trafic d'un des principaux axes de la ville.
Le syndicat des employés du métro de Sao Paulo, qu'empruntent chaque jour 4,5 millions d'usagers va déployer de piquets de grèves dans certaines stations du réseau, selon le site d'information G1.
Vendredi dernier la police avait dispersé des grévistes à coups de matraque et avec des gaz lacrymogènes.
Les grévistes doivent par ailleurs se réunir en assemblée générale à 13H00 (16h00 GMT). Ils ont revu peu à peu leurs exigences à la baisse. Mais ils réclament une augmentation d'au moins 12,2% tandis que le gouvernement de l'Etat de Sao Paulo ne veut pas aller au-delà de 9,5%.
- "Honte" -
Et ils exigent en outre à présent la garantie qu'aucun employé ne sera licencié à l'issue de la grève.
La grève du métro de Sao Paulo s'inscrit dans un contexte plus large de multiplication de grèves sectorielles à travers le pays depuis plusieurs semaines. Ces mouvement épars, de chauffeurs de bus, policiers ou vigiles des banques, ont pris le relais de la fronde sociale historique de juin 2013 qui avait ébranlé le géant émergeant d'Amérique latine.
En pleine Coupe des confédérations de football, les Brésiliens étaient massivement descendus dans les rues pour dénoncer les 11 milliards de dollars dépensés pour le Mondial et exiger des investissements massifs dans les transports, la santé ou l'éducation.
Les manifestations ont perdu leur souffle au fur et à mesure qu'elles dégénéraient en affrontements violents avec la police et en saccages par des activistes anarchistes des Black Bloc.
Cependant, la grogne persiste: 54% des Brésiliens pensent que le Mondial leur apportera plus de préjudices que d'avantages, selon un sondage Datafolha publié dimanche. Mais 65% auraient "honte" si le Mondial était perturbé par des manifestations.
Malgré tout, les rues, les bars et fenêtres se parent de plus en plus de vert et jaune, les couleurs de la Seleçao, dont 68% des Brésiliens sont convaincus qu'elle remportera sa sixième Coupe du monde, le 13 juillet dans son temple du Maracana.
Avant le coup d'envoi du Mondial jeudi, les sélections continuer d'affluer au Brésil. Outre les équipes du Costa Rica, des Etats-Unis, de l'Argentine et de l'Uruguay, les Français sont attendus lundi soir à Sao Paulo. Ils rejoindront sans s'attarder leur camp de base de Ribeirao Preto, à 320 km de là.