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L'Allemagne, toute attachée à sa bonne tenue tactique qui avait détricoté le Portugal (4-0), en a oublié de jouer et est apparue corsetée samedi face au Ghana (2-2), dessinant en creux un criant manque de créativité.
Les confréries des statisticiens et des superstitieux diront que la malédiction persiste, puisqu'après son dernier titre au Mondial-1990, la Nationalmannschaft n'a remporté qu'un seul deuxième match de Coupe du monde lors des six éditions suivantes (en 2006).
Sauf que le match de Manaus a proposé une réalité moins surnaturelle et plus prosaïque: l'Allemagne, parce qu'elle arborait le scalp de Cristiano Ronaldo, s'est cru immunisée et surpuissante, comme si l'effort devenait superflu. Grosse tête et petit coeur ?
"En première période, on voulait être discipliné et compact, a reconnu le sélectionneur Joachim Löw. On savait qu'il ne serait pas possible de courir 90 minutes par cette chaleur. Donc la première période a été plutôt tactique".
"Et puis en seconde période, on a tout à coup vu une accélération terrible. C'a été une succession de coups des deux côtés et tout le monde a eu sa chance de gagner", a ajouté le technicien.
- Mollesse -
Pas tout à fait: les Allemands, avec plus de possession (59%), ont eu beaucoup moins de situations offensives et de tirs (11 contre 20).
"On est déçu parce qu'on a montré de belles choses et qu'on a rivalisé avec les Allemands, a d'ailleurs noté l'attaquant ghanéen Andre Ayew. On est déçu surtout de prendre ce deuxième but sur coup de pied arrêté, encore. Ca nous a mis bien la rage. Ils ont eu beaucoup de réussite sur les deux buts, je trouve".
Il faut dire aussi que l'emballement était dû aux Ghanéens, à partir du but d'André Ayew pour le 2-1, vers l'heure de jeu. Les joueurs de Löw ont clairement subi la tournure donnée à la rencontre par les Black Stars, bien plus généreux, bien plus allants.
L'équipe de James Kwesi Appiah a secoué la partie qui ronronnait et les Allemands, bousculés, sont restés engoncés dans leur corset de mollesse, déstabilisés au point d'en perdre leurs repères. "Dans l'ensemble nous avons laissé trop d'espaces au Ghana, a regretté le milieu Kroos. Ce n'est pas notre jeu".
"Jogi" a regretté que son équipe n'ait "pas bien joué les contres", exercice dans lequel les adversaires se sont montrés bien plus tranchants, butant seulement sur un Neuer auquel les siens doivent une fière chandelle.
- 'Jambes lourdes' -
Özil a manqué singulièrement d'impact, et si Götze a ouvert la marque d'une reprise tête-genou, il a aussi, comme un symbole, tenté une demi-volée directement sur le gardien. Trop sage, donc. C'était, surtout, l'une des très rares velléités offensives de la Nationalmannschaft avant les dix dernières minutes du match, totalement folles.
Le manque d'inspiration dans le jeu allemand provient sans doute d'un milieu éteint, et lent dans les transmissions, à l'image d'un Lahm méconnaissable. Placer dans les couloirs deux arrières centraux de métier, Boateng et Höwedes, n'aide pas non plus à apporter le surnombre et prendre des risques offensifs.
Et puis, il y avait le facteur externe: le climat amazonien. "J'ai l'impression que la chaleur et la lourdeur nous ont finalement gênés, a estimé le manageur de la sélection, Oliver Bierhoff. Nous ne pouvions pas mettre l'adversaire sous pression comme nous aimons le faire. Quand on est raplapla, fatigué, quand les jambes sont lourdes, alors on fait des erreurs".
Löw avait balayé le facteur climatique lors du match contre le Portugal, affirmant que la délégation était justement arrivée au Brésil plusieurs jours avant son entrée en lice pour s'adapter, et qu'elle l'était.
Le sérieux a servi l'Allemagne contre le Portugal puis l'a desservie. Qu'en sera-t-il contre les Etats-Unis jeudi à Recife ?