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L'Argentine, éliminée par l'Australie (29-15) dimanche en demi-finale, est convaincue que les progrès passent obligatoirement par un rugby très ambitieux, quitte à "sacrifier" sur l'autel du jeu une qualification pour la finale de la Coupe du monde.
Une mêlée forte, avec une technique particulière (appelée Bajadita), quelques caractères trempés et un buteur de dimension mondiale (Porta, Quesada, Felipe Contepomi)... Longtemps, les Pumas se sont appuyés sur ce triptyque pour survivre au milieu des meilleures nations. Jusqu'à atteindre le podium de la Coupe du monde 2007 en France.
Cette troisième place, qui a permis aux Pumas d'intégrer le Four Nations, la compétition internationale de l'hémisphère sud, en 2012, a incité les Argentins à se lancer vers un rugby total, basé sur le mouvement. Un projet défendu ardemment par l'entraîneur Daniel Hourcade, en poste justement depuis 2012.
"J'ai toujours porté cette idée d'un jeu d'attaque et je me battrai à mort pour elle. Dans les années 90, quand j'étais à Tucuman, on me disait que si je voulais faire autre chose que des mêlées et des mauls il fallait que j'aille à Rosario (ndlr: équipe connue pour son rugby de mouvement). L'équipe avait besoin d'autre chose parce qu'elle n'avait pas d'argument offensif", a raconté Daniel Hourcade pendant le Mondial.
Et l'entraîneur ne s'arrête pas aux discours. Il a transformé les Pumas, qui mettent du mouvement dans leur jeu. Peu importe l'adversaire et le contexte, le "plan de jeu" est toujours porté vers l'attaque tous azimuts. Quitte à s'exposer aux contres, comme dimanche en demi-finale de la Coupe du monde, où une interception du deuxième ligne Australien Simmons et une erreur de débutant de l'ailier Santiago Cordero ont précipité deux essais des Wallabies dans les dix premières minutes, et scellé le match.
- "Je préfère mourir debout" -
Pas question de se renier. Autant mourir avec ses idées. "Si nous devions refaire le match, nous l'aborderions de la même façon, a souligné Hourcade dès le coup de sifflet final. Nous sommes en apprentissage et nous avons pris cette voie-là. C'est le bon chemin. C'est ce que l'on veut pour le rugby argentin."
Et visiblement, les joueurs sont convaincus du bien fondé de la méthode. Juan Martin "El mago" Hernandez répète qu'il "s'amuse beaucoup". Le N.8 Leonardo Senatore résume le sentiment général: "Ce rugby d'attaque me plait, avec sa part de risque et avec ce qu'il apporte. Je préfère mourir debout que vivre à genoux. Cela nous plaît en tant qu'équipe, avec toujours certaines précautions, mais c'est cela qui nous plaît à tous".
Les joueurs semblent liés par un pacte fort, autour de ce jeu à haut risque et d'un attachement très fort au maillot. Ainsi, le troisième ligne Juan Martin Fernandez Lobbe, 34 ans, l'un des survivants de l'aventure de 2007, semble très ému lorsqu?il évoque la fin de son aventure avec l'équipe nationale.
Engagé à Toulon, il ne rejoindra pas l'équipe franchisée montée en Argentine pour participer au Super-18, le championnat des provinces de l'hémisphère sud. Condition indispensable pour prétendre jouer avec les Pumas.
"Le maillot va me manquer et cela va me procurer une drôle de sensation, a-t-il lâché. Cela va être difficile de jouer au rugby sans avoir l'objectif d'enfiler le maillot des Pumas". Et la philosophie qui va avec.