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Le génie de Messi ne fait pas tout: l'Argentine a surtout su puiser dans ses vertus légendaires, le combat et la force collective, pour obtenir sa place en finale du Mondial-2014 contre l'Allemagne, dimanche au Maracana.
Jusqu'ici, le quadruple Ballon d'Or avait tenu à bout de bras sa sélection et lui seul semblait posséder la clé du succès d'un pays à qui tout trophée se refuse depuis 1993 (Copa America). La demi-finale face aux Pays-Bas (0-0 a.p., 4-2 t.a.b), mercredi, a totalement balayé ces certitudes.
"Leo", muselé par la science de Louis Van Gaal et certainement fatigué par les efforts fournis en un mois, a été transparent et ce sont les sans-grades qui se sont partagés les premiers rôles. Cette armée de l'ombre montée par Alejandro Sabella pour épauler sa star a fait bien plus que cela: elle a démontré une solidité que les premières rencontres du tournoi avaient largement mises en doute.
A force de voir le monde entier se focaliser sur Messi, ses lieutenants ont voulu prouver qu'ils avaient aussi leur mot à dire et que l'Albiceleste ne pouvait dépendre que d'un seul homme, fut-il le plus doué de tous, dans sa quête d'une troisième Coupe du monde.
Pour une fois, le nom du célèbre N.10 était absent des réactions d'après-match. Sabella a ainsi mis en avant des qualités qui ont toujours fait partie de l'ADN de tout footballeur argentin mais que les dribbles de Messi ont longtemps occultées.
Le sélectionneur l'a promis: comme en demi-finale, son équipe s'appuiera sur son "humilité, "le dur labeur", le "sérieux" et "l'application" pour défier l'Allemagne.
- Romero comme Goycochea -
En attendant de voir "La Pulga" rejoindre dans les annales l'idole Diego Maradona, l'Argentine s'est trouvée un nouvel héros, absolument improbable, en la personne de Sergio Romero.
Remplaçant à Monaco où il n'a disputé la saison dernière que neuf rencontres, toutes compétitions confondues, dont des parties de Coupe de France pas spécialement glamour contre Vannes ou les amateurs de Chasselay, le gardien s'est mué en sauveur en détournant les tirs au but de Ron Vlaar et de Wesley Sneijder lors de la séance fatidique.
L'Argentine a débuté sa campagne au Brésil en misant tout sur ses "Quatre Fantastiques" (Messi, Aguero, Di Maria, Higuain). Les super pouvoirs de ses vedettes se sont éteints au fil des matches et c'est grâce aux arrêts d'un obscur portier, doublure en Championnat de France, qu'elle se retrouve en finale.
L'histoire peut paraître cocasse mais elle a un air de déjà-vu pour l'Argentine. En 1990, Maradona et les siens s'étaient hissés en finale du Mondial après des exploits répétés de leur portier Sergio Goycochea dans le même exercice face à la Yougoslavie et l'Italie. Comme Romero , rien ne le prédestinait à occuper le devant de la scène puisqu'il avait commencé la compétition dans la peau d'un N.2 avant d'être promu après la blessure de Nery Pumpido.
Il y a 24 ans, l'Argentine ne s'était pas non plus spécialement distinguée dans le jeu mais pouvait compter sur sa cohésion d'ensemble et un bloc chargé de protéger "El Pibe de Oro".
L'analogie avec 1990 ne s'arrête pas là. Messi et ses partenaires vont se frotter au même adversaire, l'Allemagne, et tenteront de venger l'honneur bafoué de Maradona, vaincu sur un penalty très contesté (1-0) et dont les larmes au cours de la remise des prix sont entrées dans l'histoire.
Cette assurance à toute épreuve, l'Argentine la puise également dans le soutien impressionnant de sa colonie de supporteurs, arrivés en masse au Brésil. Les fans de l'Albiceleste n'ont pas manqué de chambrer leurs hôtes, humiliés par l'Allemagne la veille et encore sous le choc de cette monumentale déroute (7-1). Mais au-delà du folklore qu'engendre la rivalité entre les deux pays, la présence de cette armée ne peut que décupler la puissance mentale des joueurs.
Ils étaient environ 100.000 à s'être déplacés à Brasilia pour le quart de finale contre la Belgique (1-0) et ils ont noyé par leurs chants et leur nombre la traditionnelle marée orange, mercredi dans l'Arena de Sao Paulo. Plus que jamais, l'Argentine ne se résume pas à un seul homme.